Produits du terroir et agroalimentaire : Un potentiel en quête de valorisation

Produits du terroir et agroalimentaire : Un potentiel en quête de valorisation

Avec les nouvelles orientations dans la politique économique algérienne, tendue vers de plus en plus de diversification et d’augmentation de la productivité, le segment de l’agroalimentaire tend à capter de plus en plus l’intérêt des investisseurs. Ce segment, qui se positionne au deuxième rang de l’industrie nationale après l’Énergie, emploie à ce jour quelque 10 % de la population active, soit 700 000 travailleurs. Il représente la moitié de produit intérieur brut (PIB) hors hydrocarbures.

Par Amar Naït Messaoud

La stratégie des des pouvoirs publics est actuellement dirigée dans le sens de réduire les importations des matières premières utilisées par les unités industries de transformation agroalimentaire.

Car, il faut souligner que les produits transformés des céréales (pâtes alimentaires, par exemple), du lait (yaourts, fromages,..), et du sucre sont issues de produis d’importation.

Néanmoins, de grandes potentialités existent en Algérie pour renverser la tendance et créer une jonction étroite entre l’agriculture et l’industrie. L’on sait que la production agroalimentaire représente un maillon important de la chaîne assurant la sécurité alimentaire.

Au vu du potentiel existant en produits agricoles en Algérie, de plus en plus diversifiés au cours de ces dernières années, les industries agroalimentaires sont appelées à connaître de nouveaux bons, aussi bien en quantité qu’en qualité.

Le ministre de l’Industrie et de la Production pharmaceutique a déclaré en avril dernier, que l’investissement dans les industries de transformation alimentaire seront « soutenus au regard de leur importance pour l’économie du pays ».

Dans cet objectif, il fera part de la « nécessaire de créer un institut pour le développement des semences et de réfléchir à la possibilité d’édifier une usine pour la production de purée instantanée de pomme de terre ».

Rappelons que l’importation des pommes de terre en flocons pour la préparation de la purée instantanée coûte annuellement plus de 60 millions d’euros.

Il en est de même pour un grand nombre de produits qui peuvent être fabriqués localement, en établissant complémentarité et synergie entre les secteurs de l’agriculture et celui de l’industrie, en plus de l’intervention d’autres services en amont et en aval (conservation dans les chambres froides, emballage, réseau de commercialisation, stratégie développée pour la renforcer la politique d’exportation).

LES CONDITIONS DE L’INTÉGRATION

La politique agricole se fixe comme priorités l’augmentation de la production des matières stratégiques de large consommation (céréales, lait, produits oléagineux) , l’accroissement des rendements et la diminution de la dépendance vis-à-vis des importations.

Cela suppose, par conséquent, un fort potentiel de développement et de croissance en particulier dans le domaine de l’élevage, des grandes cultures et de l’ensemble des industries agroalimentaires.

Ces dernières, comme on vient de le voir, s’articulent étroitement autour de l’intégration directe des produits agricoles « bruts » dans la chaînede transformation et de valorisation de ces produits, autrement dit l’armature industrielle conçue pour cet objectif.

Outre des insuffisances qui avaient grevé le secteur agricole jusqu’au début des années 2000 (retard de technicité, déficit d’adaptation aux changements climatiques, problématique du foncier et de l’instabilité des statuts, retard dans l’extension des périmètres irriguées, insuffisance de la maîtrise des ressources génétiques [semences]), l’agriculture algérienne fait à peine ses premiers pas dans l’intégration dans la sphère industrielle pour développer le segment de l’agroalimentaire.

Si l’agroalimentaire était confiné, jusqu’aux années quatre-vingt-dix du siècle dernier, majoritairement dans les modes de conservation pour les productions en excès qui ne pouvaient pas être consommées immédiatement, à travers le monde, le segment de la transformation a pris, au cours de ces dernières décennies, une ampleur inouïe au point où, à la faveur des biotechnologies, des et des créations nouvelles et des débouchés inédits sont enregistrés régulièrement dans ce domaine.

Mieux encore, les modes en perpétuelle évolution de la gastronomie et du mode de consommation en général ont fini par imposer des modes de transformations spécifiques qui correspondent aux exigences du mode moderne caractérisé par un rythme de vie plus accéléré et des contraintes de travail qui laissent peu de place au régime alimentaire rustique d’antan.

Le régime alimentaire lui-même, bousculé par des conditions de santé plus délicates (régime désodé, sans gluten, sans sucre,…), a donné naissance à des productions agroindustrielles, qui sont à mi-chemin de la parapharmacie et du marché des produits alimentaires.

NOUVEAU CRÉNEAU : FRUITS DES BOIS ET PRODUITS DES SOUS-BOIS

Après des soutiens considérables apportés, depuis la fin des années 1990, au secteur de l’agriculture, à travers une multitude de fonds spécifiques, la production agricole a connu, dans certains créneaux, une production excédentaire.

Ce phénomène a été surtout enregistré au niveau de certaines catégories de fruits, notamment l’abricot à Djelfa et Batna. La courte longévité de certains fruits (abricot, cerise, poires, prune, figue,…) impose de leur trouver immédiatement une voie d’exportation en tant que produit frais- solution qui tarde à se dessiner-, ou bien, de les destiner à un processus de conservation transformation qui lui conférera d’autres qualités alimentaires, gustatives et gastronomiques.

La machine tarde à s’emballer pour la valorisation du produit national par l’injection d’une valeur ajoutée que les procédés industriels ont déjà pris en charge dans les pays producteur de technologie.

De timides tentatives sont aujourd’hui faites par certains industriels, qu’il ya lieu de conforter et d’encourager. En plus des produits « classiques » où des filières sont déjà constituées ou en voie de l’être, l’autre challenge qui attend l’agriculture algérienne est l’exploitation des produits du terroir, spécifiques à des régions, existant en quantités modestes, mais qu’il faudra prendre en charge sur le plan de l’extension et de l’amélioration de la qualité.

Les fruits des bois et les plantes des sous-bois (arbousiers, pignons de pin, mûres, azéroles, châtaignes, glands de chêne, plantes médicinales et aromatiques,…) constituent un grand potentiel qui attend d’être recensé et inventorié, puis proposé à un processus d’exploitation/transformation selon des techniques et des protocoles auxquels devrait se joindre la recherche universitaire.

Sur cette de base de jonction entre, d’une part, les produits agricoles et les produits forestiers non ligneux et, d’autre part, les installations et équipements industriels d’extraction/transformation, peuvent se créer des centaines, voire des milliers de micro-entreprises dirigées par des jeunes.

Dans ce contexte, il faut souligner que la nomenclature des actions et créneaux éligibles au soutien bancaire, devrait être révisée en profondeur, en incluant les nouvelles activités « dénichées » dans la nouvelle agriculture et dans le secteur de l’agroalimentaire. Cela relève principalement des prérogatives de l’Agence nationale d’appui et de développement de l’entrepreneuriat (Anade), qui remplace l’ancienne Ansej.

A. N. M.

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