Considéré comme étant un produit de large consommation, le prix des œufs est hors porté des ménages, dépassant tous les seuils. Une hausse sans précédent, depuis octobre 2021.
Par Akrem R
Actuellement, un plateau d’œuf est cédé à 420 DA gros, tandis que son prix sur le marché de vente au détail est entre 17 à 18 DA l’unité ! La situation risque de s’aggraver davantage dans les mois à venir, si la tutelle ne prend pas des mesures appropriées afin d’y remédier.
D’ailleurs, il y a possibilité que le plateau d’œufs atteigne les 600 DA ou encore plus, selon les prévisions de l’expert agricole et ancien Pdg du Complexe Avicole de Batna, en l’occurrence, Laala Boukhalfa.
La raison principale de cette hausse est due, tout simplement, à la «bureaucratie» et l’ «incurie» des responsables en charge de cette branche de la filière avicole. En effet, à cause de la mauvaise gestion et planification, le consommateur a été privé de cette protéine animale, hier encore, «viande du pauvre», puisque un plateau d’œufs est l’équivalant de 1,2 KG de viande.
Les faibles revenus se «rabattaient», par le passé, sur les œufs pour compenser la hausse des prix de la viande rouge et blanche, avec une moyenne de consommation de 120 œuf/an/habitant.
Notre interlocuteur fait savoir, par ailleurs, que pour répondre à la demande du marché local, le nombre de reproductrices ponte, devrait être de 400 000 sujets.Ceci permettrait de répondre aux besoins du marché national, avec un prix oscillant entre 240 à 300 DA, au maximum. Toutefois, et suite à la crise qu’a connue cette branche, il y a eu un ralentissement dans la mise en place du cheptel, chutant à moins de 130 000 sujets. Ce nombre, explique-t-il, n’est pas en mesure de répondre à la demande nécessaire en matière d’œufs. «Ce n’est pas un problème de pénurie ou de spéculation. Mais, cette situation est liée directement au nombre de cheptel mis en place», explique-t-il, en laissant entendre que cette hausse ira crescendo jusqu’à fin 2023, «si rien n’est fait dans le court terme». Laala Boukhalfa a noté, également, que la branche œuf de consommation est dépendante à 100 % à l’importation du poussin, contrairement à la branche chair, dont le poussin est produit en local.
Les dérogations d’importation bloquées
Toutefois, l’intervenant a déploré le blocage des dérogations d’importations par le ministère de l’Agriculture, et ce, en dépit de la situation difficile du marché. «Un des sept éleveurs activant dans le domaine de reproductrices ponte, a demandé une dérogation d’importation depuis plusieurs jours sans avoir une réponse. « Ils sont bloqués pourquoi ? Parce que celui qui donne les dérogations ignore la cause principale de la hausse des prix de l’œuf de consommation. En principe c’est le ministère de l’Agriculture qui devrait inciter les éleveurs à importer. Il y a quelqu’un qui m’a appelé de Batna pour intervenir auprès du ministère pour le déblocage de sa dérogation d’importation, m’affirmant qu’il a déposé la demande, via une plate-forme numérique, sans toutefois recevoir une réponse, malgré la situation catastrophique dans laquelle se trouve le marché !», précise-t-il. En outre, l’intervenant a précisé que la filière ponte est plus facile à gérer par rapport à la filière chair, affirmant que le cycle de production est toutefois long. «Le poussin a besoin de 18 semaines pour commencer la repro-ponte et 21 jours pour l’incubation de l’œuf à couver, pour donner ensuite des poussins mâles (couleur blanche) et femelles, couleur rouge). Après 20 semaines d’élevage, la poule deviendra pondeuse», explique-t-il. Quant aux poussins mâles, ils doivent être incinérés, puisque ils ne sont pas rentables pour l’aviculteur. «Il faut attendre 4 mois pour donner 2 kg de chair !», explique-t-il, déplorant, au passage, que certaines personnes profitent de la situation pour les vendre aux petits aviculteurs à des prix exorbitants, avec des résultats catastrophiques, dont des pertes énormes. En somme, cette situation illustre la réalité peu reluisante de la filière avicole, en particulier. Certainement, la pandémie de la Covid-19 a eu son impact, mais les véritables rasions résident dans la mauvaise gestion et l’absence de planification. «Il est plus qu’impératif de revoir nos modes de gestion et d’organisation pour en finir avec ces problématiques ayant un impact direct sur le consommateur», conclut-il.
A. R.