L’Algérie est en négociation avancées avec la Mauritanie pour la signature d’un accord de pêche en haute mer, prochainement. Selon le ministre de la Pêche et des Productions halieutiques, Ahmed Bidani, le dossier de la pêche océanique avec la Mauritanie est toujours à l’ordre du jour, précisant que des pêcheurs algériens opèrent déjà là-bas dans les eaux mauritaniennes.
Par Akrem R.
Cependant, le ministre a soulevé le problème des droits d’accès quelque peu excessifs par rapport à nos opérateurs. Dans une déclaration à la radio nationale « Chaîne III», Ahmed Bidani a, en effet, annoncé que des négociations sont en cours avec la partie mauritanienne afin de trouver un compris sur cette question, tout en permettant aux pêcheurs algériens d’aller à la pêche en haute mer en Mauritanie.
«Nous sommes en train de négocier avec nos voisins, les Mauritaniens, pour au moins trouver une solution de comment peut-on faire baisser les droits d’accès et permettre aux opérateurs d’y aller», souligne-t-il, notant que «nous avons déjà des opérateurs qui sont prêts à aller pêcher en Mauritanie».
Le ministre s’est montré optimiste quant à la signature d’un accord avec ce pays voisin dans les prochains mois, et, ainsi, avoir des opérateurs nationaux qui vont aller «nous ramener du poisson de Mauritanie afin de le commercialiser au niveau national», assurant que les négociations avancent très bien.
«Nous avons déjà invité des Mauritaniens qui ont participé au dernier Salon international de la pêche et l’aquaculture, le SIPA, et j’ai eu une occasion aussi de rencontrer le ministre mauritanien de l’époque. J’espère que dans les prochains jours, il y aura vraiment un issue à ce problème», dira-t-il.
En clair de grands espoirs sont fondés sur la signature de cet accord qui va ouvrir de nouveaux horizons aux pêcheurs algériens, leur permettant d’aller à la conquête de parts de production en dehors de nos eaux.
En effet, l’Etat a mis tous les moyens nécessaires pour le développement de la pêche dans la haute mer afin d’augmenter la production nationale, tout en répondant à la demande sur le marché local qui accuse un énorme déficit, en la matière. Surtout que les produits halieutiques, dont la sardine, sont hors de portée des ménages !
Actuellement la production nationale n’excède pas les 100 000 tonnes de poisson. Ce chiffre est loin d’être suffisant pour répondre à la demande du marché, en constante augmentation, surtout qu’il n’a pas évolué depuis plus de 30 ans, alors que le nombre de la population algérienne a presque doublé et+ idem pour la flotte de pêche.
Suite à cela, le gouvernement a mis en place, dans le cadre de son plan d’action, une nouvelle stratégie pour l’augmentation de la production nationale à 200 000 tonnes d’ici 2030, en développant les différentes filières, notamment l’aquaculture et la pêche en haute mer.
Cap sur la construction navale
En effet, selon le ministre Bidani, l’Algérie vise la grande pêche et en particulier la pêche dans des pays voisins tels quel Mauritanie ou d’autres comme le Sénégal. Ceci nécessite de gros moyens, en particulier, des navires de 30 et 40 mètres.
La question est prise en charge par le gouvernement qui a décidé d’une batterie de mesures pour le développement d’une industrie locale de la construction navale.
D’ailleurs, les premiers navires de 30 mètres sont déjà fabriqués, contribuant ainsi au renforcement de la flotte maritime de pêche. Le ministre Ahmed Bidani a assuré que les projets de construction navale avancent bien, rappelant que ceux-ci sont parmi les engagements du président de la République.
C’est une action prioritaire dans le cadre du plan du gouvernement et du secteur, note le ministre, rappelant qu’une quinzaine d’assiettes foncières au niveau des ports de pêche ont été attribuées par la commission interministérielle durant les deux dernières années.
Sur les 15 assiettes attribuées, il y a pratiquement neuf assiettes ou neuf investissements qui sont réalisés, affirme-t-il, précisant que pour la première fois, «nous avons enregistré plusieurs navires de plus de 30 mètres qui sont réalisés localement avec des compétences nationales. Nous avons déjà trois thoniers qui ont été livrés. Nous avons 11 thoniers, déjà, qui sont en cours de réalisation ce qui va va renforcer cette flotte».
Outre la production locale de navires, le ministre a rappelé l’instruction du président de la République concernant l’importation des navires moins de 5 ans et des grands navires.
« On vise les navires plus de 40 mètres qu’on n’a pratiquement pas la possibilité, pour le moment, à de produire au niveau local. Donc, on va essayer aussi d’importer les grands navires de plus de 40 mètres qui seront destinés pratiquement, à la grande pêche, la pêche au large. Ce qui va renforcer la la disponibilité des produits sur le marché national», précise-t-il.
Concernant l’opération d’importation de navires, Bidani assure que le processus est lancé, dont déjà quelques dossiers ont été déposés.
«Nous avons mis toutes les facilités possibles pour vraiment avoir des investissements, des opérateurs qui ramènent de grands navires», souligne-t-il.
Un projet d’engraissement de thon
Sur un autre registre, le ministre a fait état d’un projet d’engraissement de thon au niveau national.
«Nous travaillons actuellement pour effectivement lancer un projet d’engraissement de thon au niveau national. Et ça va nous permettre aussi de rajouter et d’optimiser notre quota parce que nous avons la possibilité d’aller jusqu’à 1800 tonnes de plus avec l’engraissement de thon», affirme-t-il, annonçant l’achèvement de la phase d’étude de ce projet.
Des équipements ont déjà été ramenés par l’opérateur privé et qui seront installés au large de Tlemcen. Il a rappelé que c’est un investissement très lourd, donc, «on essaye d’accompagner cet opérateur pour au moins avancer. C’est un peu difficile techniquement, même sur le plan financier, on essaye vraiment de réussir cet investissement».
Il faut rappeler que concernant la production de thon, l’Algérie à un quota de 2046 en 2024, qui est quand même important par rapport à certaines années où on n’était même pas à 400 tonnes.
« Ça nous a permis, au moins l’année précédente, d’enregistrer l’exportation de pratiquement 27 millions de dollars, ce qui est très important», affirme-til, précisant également que son département accorde un intérêt particulier à l’augmentation des exportations des produits halieutiques.
«On enregistre pratiquement une exportation de 35 millions de dollars. Mais nous exportons aussi d’autres espèces, on va dire nobles, telles que des espèces très demandées par l’Union Européenne. Et dernièrement, nous travaillons aussi à l’exportation de produits de l’aquaculture, d’eau douce, la carpe, par exemple. On est en train d’exporter des dizaines de tonnes vers le Sénégal, le Burkina Faso, la carpe étant produit, qui n’est pas vraiment appréciée des Algériens. C’est un produit de pêche au niveau des lacs et des barrages, mais qui génère des devises», conclut-il.
A. R.







