Avec le lancement des travaux préparatoires du mégaprojet minier de phosphate dans la région de Bled El Hadba (extrême sud de Tébessa) et la réalisation d’un complexe de transformation et de production de fertilisants azotés et phosphatés à Oued Keberit, dans la wilaya de Souk Ahras, l’Algérie se prépare à devenir l’un des acteurs majeurs dans le domaine de l’industrie des engrais.
Par Akrem R.
En effet, plusieurs fertilisants nécessaires au développement et à l’augmentation de la production agricole, notamment dans les filières stratégiques, seront désormais produits en Algérie à partir de 2027.
Le gouvernement a, dans son plan d’action, fixé l’objectif de mettre en valeur un million d’hectares de terre dans le sud.
Cela exige, selon des experts, la mobilisation de moyens importants, en particulier des fertilisants.
C’est dans ce cadre que s’inscrit le lancement du projet d’exploitation de phosphate et de sa transformation à l’Est du pays.
Ce projet est d’ailleurs considéré comme un levier majeur pour l’autosuffisance de l’Algérie en matière de production de fertilisants agricoles, d’autant plus que les besoins en engrais ne cessent de croître, tant au niveau national qu’international, tout en assurant des milliers d’emplois pour les jeunes de la région.
«Les deux chantiers de ce projet d’envergure constituent des leviers essentiels et une pierre angulaire pour l’autosuffisance de l’Algérie en matière de produits fertilisants agricoles nécessaires pour booster l’agriculture et garantir la sécurité alimentaire», a souligné Nadia Benyoussef, directrice centrale au Groupe Sonatrach.
Selon ses explications, après l’opération d’exploitation et d’enrichissement, ce phosphate enrichi subira des opérations de transformation chimique au niveau du site de Oued Keberit pour produire ces engrais phosphatés.
De plus, «il y aura aussi la transformation du gaz naturel pour produire un produit intermédiaire, l’ammoniac, et après transformation, la production d’urée».
Ce sont des produits et des fertilisants nécessaires pour dynamiser l’agriculture et garantir la sécurité alimentaire, tout en assurant la satisfaction des besoins en matière d’agriculture.
L’exploitation du phosphate intégré consiste, selon l’intervenante, «en l’extraction du phosphate brut à raison de 10,5 millions de tonnes par an au niveau du site de Bled El Hadba, où s’effectue son enrichissement, afin d’augmenter sa teneur en P2O5 et de réduire l’oxyde de magnésium, notamment».
4 millions T d’engrais phosphatés par an
Concernant les engrais phosphatés, elle a affirmé que «nous aurons une production d’engrais phosphatés de l’ordre de 4 millions de tonnes par an, avec également une production de 1,14 million de tonnes par an d’urée. Ce sont des produits finis très valorisants et fortement demandés dans le domaine de l’agriculture».
Dans son allocution, à l’occasion du coup d’envoi des travaux préparatifs pour la réalisation du projet du complexe de transformation et de production de fertilisants azotés et phosphatés à Oued Keberit, le ministre de l’Énergie et des Mines a souligné que l’Algérie figure parmi les 10 premiers pays au monde en termes de réserves géologiques de phosphate, estimées à plus de 3 milliards de tonnes à l’Est du pays, dont 1,2 milliard de tonnes au gisement de Bled El Hadba (Tébessa).
La concrétisation de ce projet intégré représente une valeur ajoutée pour l’économie nationale d’une part, et contribuera d’autre part à consolider la sécurité alimentaire nationale.
Des milliers d’emplois à la clé
Outre le renforcement de la sécurité alimentaire qu’offre la richesse induite par ce mégaprojet, les deux réserves minières contribueront à la création de milliers d’emplois pour les jeunes de la région en particulier.
En effet, la directrice centrale du Groupe Sonatrach a précisé, dans une déclaration à la radio, que «la réalisation et l’exploitation des deux réserves permettront le recrutement de dizaines de milliers de travailleurs».
Pas moins de 12 000 postes d’emploi directs seront créés pour la réalisation des sites et 6 000 emplois dans la transformation, en plus des 24 000 emplois indirects dans des activités annexes, telles que la logistique et le fret, autour de ces deux sites exploitables qui produiront 841 millions de tonnes de phosphate depuis un gisement estimé à 1,4 milliard de tonnes.
«Ce potentiel place l’Algérie parmi les 10 premiers pays possédant les plus grandes réserves mondiales en phosphate», a-t-elle précisé, ajoutant que «cette richesse naturelle constitue la matière première pour la production des engrais phosphatés et azotés en Algérie, dont la demande ne cesse d’augmenter, à l’instar de la demande internationale».
Concernant l’aspect technique, la chaîne de production est, selon Mme Benyoussef, scindée en deux parties essentielles : l’amont et l’aval.
En ce qui concerne la partie amont du complexe d’Oued Keberit, l’ouverture de la mine permettra l’extraction du phosphate brut à raison de 10,5 millions de tonnes par an, avec des travaux qui dureront entre 12 et 18 mois.
Quant à la partie avale du projet, c’est-à-dire la transformation du phosphate brut, elle consistera en une transformation chimique pour produire des engrais phosphatés, ainsi que la transformation du gaz naturel en engrais azotés.
«Les études préliminaires et les tests d’enrichissement ont déjà commencé, ainsi que les études permettant de déterminer les besoins pour la construction d’un quai menant au port d’Annaba, dédié à l’exportation des produits finis», a-t-elle ajouté.
Sonatrach, locomotive de ce projet
Il convient de préciser que la réalisation des deux sites est assurée par la société spécialisée dans les mines, Sonarem, tandis que Sonatrach est chargée de l’aspect transformation et production.
La même responsable a affirmé que la partie avale sera entièrement gérée par Sonatrach, qui possède toutes les compétences et le savoir-faire nécessaires pour mener à bien ce projet dans les délais impartis. Selon la même responsable, Sonatrach sera réellement la locomotive du projet.
En effet, l’exploitation de cette mine permettra de développer un tissu industriel, de créer des emplois et de générer des recettes en devises, en plus de celles liées aux hydrocarbures.
Ainsi, ce projet représente une forte valeur ajoutée, tant sur le plan économique que social, car il sera implanté sur trois sites situés dans les wilayas de l’Est, à savoir Tébessa, Souk Ahras et Annaba.
Mme Benyoussef a souligné que l’effort repose sur une expertise algérienne qualifiée à 100%, avec un coût, jusqu’à présent non exhaustif, estimé à 1,5 milliard de dollars.
Quant à l’aspect études, il sera défini à la fin de la réalisation. Ce projet s’étend sur trois sites différents, rappelle-t-on : Bled El Hadba pour le phosphate brut, Oued El Keberit, où sera implantée l’usine de transformation, et la voie ferrée menant au port d’Annaba, destiné à l’exportation des produits finis.
A. R.