En attendant l’organisation d’une conférence nationale sur l’agriculture prochainement, l’Union nationale des paysans algériens (UNPA) a déjà formulé ses propositions pour «révolutionner» l’Agriculture algérienne
Le nouveau SG de cette organisation, Abdellatif Dilmi qui vient de succéder à Mohamed Alioui, a plaidé pour l’ouverture d’un dialogue direct et franc avec la tutelle pour une prise réelle et efficace des doléances des paysans. S’exprimant hier, dans une déclaration à la presse nationale, Dilmi a préconisé d’aller vers un modèle de production «planifié». En clair, les ministères de l’Agriculture et du Commerce sont appelés à effectuer des études pour connaitre, avec exactitude, les besoins de notre marché afin d’en finir avec le problème des perturbations dans la production nationale.
Par Akrem R.
Pour illustrer ses propos, le SG de l’UNPA a cité l’exemple de la tomate. « L’année dernière, les agriculteurs n’ont pas trouvé de débouchés à la production de tomates et les prix étaient au plus bas niveau (4 DA )! Cette situation a découragé les producteurs, qui ont réduit leurs investissements. Résultat : la tomate est cédé à 200 DA/kg !», a-t-il résumé. En effet, beaucoup de filières connaissent le même problème et la production excédentaire ne trouve pas de place ni sur le marché ni dans le stockage. La superficie nationale en chambres froides et en silos de stockage pour les céréales, est insuffisante. Le manque d’unités de transformation agricole a rendu la mission plus «ardue» pour les producteurs. Ils sont contraints de diminuer, tout simplement, leurs investissements.
Des potentialités existent, mais ….
Pour l’intervenant, le rôle de l’Etat est de planifier et de garantir la commercialisation de la production, en garantissant un prix raisonnable pour le fellah. « Nous avons tous les atouts et potentialités (terre fertile et eau souterraine) pour relever le défi de la production. L’Etat doit accorder l’aide et l’accompagnement nécessaires aux jeunes agriculteurs, notamment, en matière de crédits, sécurité sociale, assurances sur la production et une stabilité en matière du foncier agricole», a-t-il souligné. Les paysans se disent, en effet, prêts à relever le défi de la production, notamment, dans les filières stratégiques, à l’instar de celle du lait et des céréales. Pour la filière lait, dont l’Algérien consomme plus de 150 litres/habitant, dépassant de loin la moyenne mondiale qui est de 75 litres /h, « l’Algérie est appelée au préalable à augmenter les superficies réservées aux aliments, la mobilisation des eaux souterraines et la construction d’unités de transformation dans les Hauts Plateaux et le grand Sud», détaille le SG de l’UNPA. A cela, s’ajoute, la nécessité de revoir le tarif du lait. Le prix actuel de 40 DA le litre n’est pas rentable, indique-t-il, en annonçant une rencontre avec le gouvernement afin de statuer sur cette question essentielle au développement de la filière lait en Algérie. S’agissant de la filière des céréales, l’intervenant s’est également montré optimiste, en tablant sur l’amélioration de la production pour atteindre les 66 quintaux/ha. « Nous demandons l’élargissement des terres agricoles, à travers la réhabilitation d’un autre million d’hectares, notamment dans les Hauts Plateaux et le Sud, et, également, l’ouverture de l’investissement, la mécanisation du secteur et l’engagement d’un programme de formation pour les jeunes agriculteurs», conclut-il.
L’Agriculture est l’un des secteurs sur lequel l’Algérie peut miser pour réduire sa dépendance alimentaire. Actuellement, plus de 10 milliards de dollars sont déboursés, annuellement, pour satisfaire aux besoins alimentaires des Algériens !
Cette facture risque d’être plus «salée» durant les années à venir, notamment, à cause de la croissance démographique, avec près d’un million de nouvelles naissances annuellement. Les défis sont alors grands, et le gouvernement est appelé à prendre en charge les préoccupations majeures de ce secteur névralgique.
Des experts en agriculture et même les paysans, estiment inadmissible un pays continent comme l’Algérie, qui n’arrive toujours pas à assurer l’alimentation de sa population. Tout le monde, y compris le premier responsable du pays, en l’occurrence, le président Tebboune, s’accordent pour une refonte globale du secteur.
D’ailleurs, il (le chef de l’Etat) a même ordonné de procéder à une révision globale de la politique agricole dans notre pays en s’éloignant, au maximum, des décisions administratives n’ayant réglé en rien la situation du secteur.
A. R.