Les opportunités d’embauche deviennent de plus en plus rares et l’Agence nationale de l’emploi (ANEM), n’arrive pas à faire face aux flux des arrivants sur le marché du travail. Elle pècherait, selon nombre d’observateurs et d’experts, par des méthodes et outils de travail «archaïques».
Par Akrem R.
Le chômage en Algérie est un réel problème à prendre au sérieux par le gouvernement. En dépit des efforts consentis par l’Etat, multipliant les dispositifs d’aides et d’insertion des jeunes dans le marché d’emploi, le taux de chômage a atteint un pic historique, notamment, ces trois dernières années, marquées par la double crise sanito-financière.
L’Université algérienne, à elle seule, verse plus de 300 000 nouveaux diplômés annuellement. En effet, selon les chiffres officiels, le taux de chômage était de l’ordre de 11,4% en 2019 avec un stock de 1 433 000 demandeurs d’emploi à l’Agence nationale de l’emploi ! Ainsi, cette dernière, censée être le lien, « wassit», entre les recruteurs et demandeurs d’emploi, n’a réussi à capter que 285 000 postes d’emploi en 2021, a relevé, hier, le DG de l’ANEM, Abdelkader Jaber, dans une déclaration à une chaine de télévision, en faisant savoir que, seulement, 230 000 placements ont été effectués à ce jour.
Ceci dit, il n’empeche que pas moins de 55 000 emplois restent toujours inoccupés pour diverses raisons, liées, notamment, aux types du contrat (courte durée), et aux conditions du travail, dont celle relative aux salaires. En outre, beaucoup de jeunes diplômés inscrits dans cette agence depuis des années, ne trouvent pas d’embauche ni n’ont été contactés par l’ANEM.
Certains, en effet, y sont inscrits depuis 2005 et toujours au chômage. Si les responsables de l’ANEM expliquent cette situation par l’inadéquation de la formation et le marché d’emploi, des observateurs estiment, quant à eux, que le fonctionnement de l’agence est «archaïque» et ce malgré les opérations de numérisations de ses services.
D’ailleurs, des chômeurs indiquent qu’«en Algérie, il y a certes une agence, mais pas d’emploi». Dans ce cadre, l’expert en économie Hamza Boughadi a appelé à la refonte, intégralement, de son système de fonctionnement et de sa méthode de travail, afin de garantir l’exploitation optimale de ses capacités. Notre interlocuteur a affirmé que des plateformes privées qui n’ont que 5% des moyens de l’ANEM, donnent des rendements meilleurs, avec plus de présence sur les réseaux sociaux et internet. En clair, l’ANEM manque d’agressivité sur le marché de l’emploi. Sur ce point, l’enseignant universitaire et expert en économie Ishak Kherchi, a fait savoir que les responsables d’agences ne partent pas à la recherche d’emplois auprès des entreprises. Il a également expliqué la hausse du chômage dans notre pays par l’inertie que vit notre économie. Les différentes activités sont pratiquement à l’arrêt, aggravé principalement par la Covid-19. Kherchi a préconisé de revaloriser les salaires et d’instaurer des allocations-chômage pour soutenir la consommation qui est un levier de croissance. « C’est à travers le retour de la consommation à un niveau soutenu, que l’appareil économique va se relancer en générant des emplois. Des pays de l’Europe recourent à cette méthode pour l’absorbation du chômage», a-t-il expliqué.
Ishak Kherchi, expert en économie : « L’entrepreneuriat exige un écosystème particulier »
La démarche du gouvernement pour lutter contre le chômage, à travers l’encouragement des jeunes à se lancer dans le monde de l’entrepreneuriat est louable. Toutefois, sa réussite exige la préparation d’un écosystème idoine. Pour l’enseignant universitaire, Ishak Kherchi, l’Etat doit préparer au préalable l’environnement nécessaire pour le développement des entreprises. Le dispositif ex-Ansej est le meilleur exemple de l’échec. D’ailleurs, le ministre délégué chargé de la Micor-entreprise, lui-même, a fait savoir que 75% des entreprises créées dans ce cadre ont échoué. Ceci montre, dira notre interlocuteur, que notre écosystème n’est pas idéal pour l’émergence d’un véritable tissu de PME/PMI.
en effet, et en dépit du changement de nom et d’objectifs de l’ANSEJ en ANADE, ce dernier reste insuffisant et ne répond pas aux normes. « Si des avancées ont été réalisées dans le domaine de la numérisation des opérations administratives, les délais entre l’inscription et le début d’exploitation du projet, dépassent les 6 mois. Il ya, également, le problème des fournisseurs du matériel. Cette opération prend plus de temps !», a-t-il dit.
A. R.
Abdelkader Jaber, DG de l’Anem: «Intégration de 250 000 jeunes de pré-emploi en 2022»
Le directeur général de l’Agence nationale de l’emploi (ANEM), Abdelkader Jaber a indiqué que 95 181 affiliés à l’ANEM sur les 346 088 ont été nommés dans des postes permanant, soit 27,5%. Il a affirmé que les 250 000 restants seront officialisés dans leurs postes au courant de 2022, dont 50% durant les premier trimestre. « L’Etat n’abandonnera pas l’intégration des contrats de pré-emploi » rassure M. Jaber, soulignant que l’allocation chômage touche actuellement environ 800 000 chômeurs, et l’allocation varie entre 8 000 dinars et 15 000 dinars.
Par ailleurs, M. Jaber a indiqué que l’agence s’apprête à créer un nouveau dispositif de suivi des catégories sans formation et difficiles à intégrer sur le marché du travail, soulignant qu’un accord a été signé avec la Sonatrach pour intégrer les candidatures.
A. R.