Près de 7000 entreprises créées chaque année par des femmes : Les femmes comme agents du changement 

L’économie nationale ne cesse d’enregistrer chaque année, dans ses différentes branches et filières, l’arrivée de l’élément féminin aux postes de responsabilité supérieure et intermédiaire, après que l’enseignement universitaire eût confirmé une tendance perceptible depuis plusieurs années de la croissance du nombre d’étudiantes, faisant que, sur le million et demi des étudiants inscrits 2023/2024, plus de la moitié sont des filles. La tendance est déjà visible dans les résultats du baccalauréat, ouvrant les portes de l’Université. Dans certaines filières, comme les mathématiques, le taux de réussite des filles a été proche de 80 % à l’examen de 2023. 

Par Amar Naït Messaoud

Incontestablement, la forte présence féminine à l’Université s’est matérialisée par l’afflux de plus en plus grandissant des femmes vers le monde du travail. Dans la fonction publique- principalement la Santé et l’Éducation nationale-, la femme occupe une place de choix.

Même, dans des administration techniques où, naguère, les postes de travail étaient occupés presque exclusivement par les hommes, comme la Protection civile, ls Sûreté nationale, l’administration des forêts, la Douane-, la présence féminine commence à s’imposer, y compris dans des postes de responsabilité.

L’intégration des universitaires de statut pré-emploi- plus de 400 000-, entamée à partir de 2020, a touché un grand nombre de femmes qui percevaient jusqu’alors des salaires allant de 800 000 à 16 000 dinars.

Mais, ce qui attire l’attention depuis quelques temps, et qui « fait poids » dans le tableau de bord de l’emploi dans notre pays, c’est bien l’arrivée sur le terrain de l’entreprise de plusieurs centaines de femmes, dont certaines se sont investies dans la micro-entreprise et les start-up, y compris dans le créneau du numérique et de la cybernétique, tant convoité aujourd’hui par les jeunes et pour lequel le pouvoirs publics ont mis en place des dispositifs d’encadrement et de soutien. 

On se souvient du premier prix de la 3ème édition du Challenge annuel de la femme entrepreneure, décerné, le 8 mars dernier, à Mme Amina Djebbar, pour un projet en E-commerce, basé su l’application de vente en seconde main d’articles de mode. Au cours de ce Challenge, 3 projets sur les 9 projets féminins récompensés relèvent du domaine du numérique. 

L’AMBITION DE L’«AUTONOMISATION» ÉCONOMIQUE DES FEMMES

Le nombre de femmes détentrices de registre de commerce est, jusqu’au premier trimestre de l’année en cours, de 192 568, dont 32 761 l’ont obtenu au cours des cinq dernières années, selon un bilan publié par l’Aps en mars dernier. Il est vrai que le taux de femmes ayant un registre de commerce, 8 % du total (qui est de 2 308 181), peut paraître faible, mais la tendance est ascendante, avec une moyenne de près 7 000 entreprises commerciales crées par les femmes chaque année.

Sur le nombre total de femmes inscrites au registre de commerce, 175 556 le sont en qualité de personnes physiques et 17 012 en tant que gérantes d’entreprises (personnes morales). 

Avec des taux très différenciés, les activités pratiquées par les femmes embrassent la quasi-totalité des branches et filières, où l’on retrouve même la distribution de gros et l’exportation.

Contrairement aux idées reçues, faisant que, traditionnellement, la femme est portée sur les métiers d’artisanat, sur tout l’éventail des ces activités, la production artisanale ne représente que 0,14 %, soit 270 unités.

Cela montre, si besoin est, la nouvelle tendance des ambitions de la femme active dans notre pays, encouragée il est vrai, par l’accès à l’enseignement et à la formation. 

Malgré des avancées considérables réalisées dans ce domaine, le débat sur ce que les institutions internationales versées dans les questions de développement, et particulièrement du développement humain, appellent la « composante genre », continue à nourrir les cénacles universitaires, les cercles politiques, les composantes de la société civile et les médias.

« L’un des aspects pour lequel le rôle des politiques publiques est déterminant dans la cohésion de la société est celui de l’équité des chances et dans lequel la composante « genre »  est une priorité qui est de plus en plus abordée dans les programmes de développement socioéconomique dans le monde », écrit, le 13 mai dernier, dans le magazine du Conseil national économique, social et environnemental (CNESE),  Mme Chahrazed Saadi, présidente de l’Association des femmes algériennes cheffes d’entreprises, SEVE.

Cette dernière est l’aboutissement d’un regroupement crée en 1993 sur la base d’entreprises privées et publiques. Au sein du CNESE, Mme Saadi occupe le poste de Présidente de la commission permanente « capital-humain, compétences et transformation numérique ». 

Cet organisme public, le Cnese, que le gouvernement consulte sur les plans socioéconomique et environnemental, est présidé, depuis décembre dernier, par une femme, en l’occurrence, madame Rabéa Kharfi, à qui son expérience de la gestion des dossiers techniques lui ont conféré des compétences remarquables dans les domaines de l’économie, de l’environnement, de l’aménagement du territoire et de la gestion urbaine. 

RÉSULTATS À EFFETS CUMULATIFS 

Dans sa contribution, Mme Saadi insiste sur le renforcement du rôle des femmes, dans toute dynamique de développement, par la création d’un environnement propice à l’ « autonomisation économique » des femmes, en leur offrant des « opportunités équitables », mais aussi en réduisant les « obstacles structurels » qui entravent leur participation pleine et entière à la vie économique.

Cela passe par l’adoption de mesures de protection contre toutes les formes de discrimination liée au genre, avec la prise en compte des spécificités de situations de vulnérabilité (femmes rurales, femmes migrantes, femmes handicapées,…).  

En plus des entreprises au sens d’investissements d’un certain niveau, les femmes se sont aussi engagées dans des micro-entreprises soutenues par les crédits destinés aux jeunes.

Au cours de ces dernières années, dans des zones rurales les plus enclavées, de jeunes femmes, parfois en situation de vulnérabilité (divorcées, handicapées moteur,…),  ont pris leur destin en main à travers les microcrédits de l’Anade (Agence nationale d’appui et de développement de l’entrepreneuriat, ex-Ansej) pour fonder des unités de couture, de fabrication de gâteaux, de produits du terroir,…etc.

A titre d’illustration, du bilan établi jusqu’en 2022 pour l’ensemble des microcrédits mobilisés par l’Agence nationale de gestion du microcrédit (ANGEM) en direction des femmes, il ressort que 32 % ont bénéficié aux femmes des hameaux et villages ruraux. Il faut noter que 64 % de tous les microcrédits mis en place par cet organisme sont destinés aux femmes. 

Les résultats sont évolutifs et sont aussi appelés à avoir un effet cumulatif, aussi bien dans l’amélioration des revenus de revenus que dans la création, par ricochet, de nouveaux emplois (directs et indirects).

Des contraintes d’approvisionnement en matière première ou en produits semi-finis grèvent épisodiquement le processus de production. Des problèmes de commercialisation sont aussi signalés un peu partout, d’autant plus que les espaces pour ce segment ne sont pas toujours disponibles.

Néanmoins, l’engagement de la femme sur la scène économique est une réalité tangible qu’il faudra consolider et sécuriser. 

La présidente de l’Association des femmes algériennes cheffes d’entreprises, souligne, dans ce sens : « Le renforcement du rôle des femmes dans le développement socioéconomique nécessite une action délibérée et coordonnée des pouvoirs publics à tous les niveaux. En adoptant des politiques publiques inclusives qui prônent l’équité des chances et qui reconnaissent les femmes comme agents du changement ». 

A. N. M.

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