Les préparatifs pour l’élaboration du projet de loi de finances (PLF) 2026, ainsi que pour la période 2027-2028, ont déjà débuté. D’ailleurs, les ordonnateurs du budget de l’État sont appelés à présenter les besoins de chaque département ministériel avant le 15 juin 2025, au plus tard, a indiqué le ministre des Finances, Abdelkrim Bouzred, dans une note adressée aux ordonnateurs du budget de l’État, en date du 4 juin 2025.
Par Akrem R.
En effet, les projets de demandes budgétaires «doivent être accompagnés d’un exposé détaillé sur les priorités et les objectifs, et transmis via la plateforme numérique de la Revue des Dépenses Publiques (RPP) dédiée, en coordination avec les services du ministère des Finances (Direction Générale du Budget), avant le 15 juin 2025, au plus tard», précise le même document.
Alors que les discussions budgétaires seront entamées à partir du 22 juin 2025, le ministère des Finances a toutefois fixé les grands axes et les orientations stratégiques prioritaires pour le PLF 2026.
En effet, cette directive constitue un référentiel stratégique visant à encadrer l’élaboration budgétaire selon une logique de hiérarchisation des priorités, d’optimisation de l’allocation des ressources et de cohérence avec les engagements de la politique nationale de développement.
L’élaboration du budget de l’État pour l’année 2026 doit, en effet, prendre en considération le contexte actuel, marqué par des défis économiques complexes, résultant de tensions géopolitiques et de changements climatiques. «Tout cela exige de nous plus de rigueur dans l’élaboration des politiques publiques. Il impose également une adaptation rapide de notre économie nationale face aux mutations financières mondiales, tout en répondant continuellement aux besoins sociaux grandissants», lit-on dans cette note d’encadrement.
Dans cette circulaire, le ministre des Finances met en évidence la nécessité de renforcer la soutenabilité budgétaire, de contenir les déséquilibres macroéconomiques et de mobiliser plus efficacement les ressources internes, dans un contexte de revenus extérieurs incertains.
Ainsi, il est essentiel de poursuivre l’effort d’assainissement de la programmation budgétaire, en privilégiant les projets ayant une finalité économique ou sociale claire, et en adoptant une approche basée sur les résultats, axée sur l’efficacité et l’impact des programmes.
Par ailleurs, la préparation du budget devra intégrer les priorités du gouvernement, notamment à travers une sélection rigoureuse des projets selon leur caractère stratégique et leur cohérence avec les orientations de la politique nationale ; l’exploitation des résultats des évaluations budgétaires déjà réalisées et la rationalisation des dépenses publiques. Le plafond des dépenses pour la période 2025-2027 est estimé à 17 400 milliards de DA, conformément aux prévisions de la loi de finances 2025.
Toutefois, au vu des contraintes budgétaires croissantes, «il est nécessaire de redoubler d’efforts pour améliorer les recettes à travers l’élargissement de l’assiette fiscale et le développement des secteurs hors hydrocarbures».
Ainsi, ajoute-t-elle, il est impératif de poursuivre les efforts de maîtrise des équilibres budgétaires afin de contenir les effets de la dette publique et de renforcer la résilience de l’économie nationale face aux chocs extérieurs, dans un cadre de croissance inclusive et soutenue à moyen terme.
Axes prioritaires de la programmation budgétaire 2026
La lettre d’orientation souligne également la priorité accordée aux dépenses à forte valeur ajoutée économique et sociale, en conformité avec les stratégies sectorielles et territoriales nationales.
En d’autres termes, le PLF 2026 doit impérativement s’inscrire dans l’optique de diversification de l’économie nationale, tout en poursuivant les efforts de réduction de la dépendance à la rente pétrolière. Le ministère a affirmé que les allocations budgétaires seront réservées aux programmes dont l’impact est avéré et conformes aux orientations du gouvernement.
« Il est essentiel que la loi de finances reflète les défis majeurs de l’État et traduise la volonté de renforcer le développement économique et social. Cela exige de prendre en compte les critères d’efficacité et les possibilités réelles de mobilisation des ressources. Dans cette optique, une démarche rigoureuse a été retenue pour orienter les propositions budgétaires pour l’année 2026 », précise la même note.
Le ministère des Finances a structuré ses instructions autour de quatre axes majeurs de priorisation.
En premier lieu, l’accent est mis sur la stimulation de la croissance économique et la diversification des sources de revenus.
« Appui aux secteurs productifs, notamment à travers la relance de l’investissement local ; finalisation des grands projets structurants, tels que : la route transsaharienne et la ligne ferroviaire minière de l’Ouest (Tindouf-Béchar-Ghar Djebilet), la ligne minière de l’Est (Tébessa-Annaba), le réseau de transport ferroviaire moderne vers le Sud, etc. ; relance des projets agricoles structurants dans le Sud et mise en œuvre du programme de modernisation de la capitale à l’horizon 2030 ».
Quand au deuxième axe, il est placé sous le signe résilience alimentaire et hydrique face au changement climatique. Ce dernier concerne le renforcement du stock stratégique dans le Sud par la construction de silos et de systèmes de stockage ; le soutien à la remise en état des équipements agricoles ; la mise en place de nouvelles stations de dessalement d’eau de mer ; la réalisation de projets de transfert d’eau du Sud ; des programmes pour la réutilisation des eaux usées à des fins agricoles et industrielles (notamment dans la région du Nord) ; des projets d’alimentation en eau potable via des forages profonds dans le Sud ; ainsi que la réhabilitation et l’extension du barrage vert.
En outre le troisième axe «Services publics et cadre de vie», il porte sur l’amélioration des services publics et du cadre de vie, dont la priorité sera accordée à l’extension des logements sociaux et ruraux, notamment via le financement du programme « AADL » ; l’amélioration de l’accès à l’éducation, à la santé et aux infrastructures de base ; la sécurisation des frontières et le renforcement des dispositifs de sécurité nationale.
Par ailleurs, le quatrième axe «rationalisation des dépenses et efficacité de la gouvernance», a mis l’accent sur l’instauration d’un contrôle accru des dépenses par objectifs et résultats ; l’évaluation de l’efficacité des politiques publiques ; la numérisation des procédures administratives et la modernisation de la chaîne budgétaire. En somme, à travers cette directive, le ministère des Finances engage une approche budgétaire rigoureuse, axée sur l’impact, la responsabilité et l’efficience.
Le PLF 2026 devra répondre à un double impératif : consolider la croissance dans un contexte économique incertain et renforcer les mécanismes de gouvernance publique pour une meilleure répartition et utilisation des ressources.
A. R.