La massification des diplômés pose un problème à l’insertion. Souvent, les diplômés n’occupent pas d’emplois en adéquation avec leurs diplômes et poursuivent des formations complémentaires, afin de maximiser leur employabilité. La longévité du chômage, notamment chez les hommes est dû principalement à leur insatisfaction en matière de salaire et de la nature de l’emploi occupé.
Par Akrem R
A cet effet, l’université devrait jouer un rôle primordial en termes d’orientation et d’insertion professionnelle de ses lauréats, car en plus de sa vocation initiale de formation et de recherche scientifique s’ajoute la préparation des travailleurs qualifiés dotés de savoirs, de compétences, et de savoir-faire, pour répondant aux exigences du monde de travail en perpétuel changement, a indiqué Dr Bellatreche Youcef, de l’Université d’ Alger 3.
En effet, la préparation des étudiants universitaires au marché du travail, par leurs universités, nécessiterait la mise en œuvre d’un système d’orientation professionnelle, de suivi des diplômés et d’insertion. «C’est un travail colossal et une organisation nouvelle que les structures ‘’classiques’’ de l’université ne peuvent accomplir aujourd’hui, pour des raisons évidentes», a fait savoir Dr Bellatreche dans une publication publiée au dernier numéro de Cread sous le thème: «L’insertion des diplômés de l’enseignement supérieur sur le marché du travail: Quel rôle joue l’université en matière d’employabilité?».
L’enseignant chercheur a indiqué que l’université réalise une mission principale qui est l’exploitation, c’est-à-dire, la formation et la recherche. Cependant, pour une meilleure efficacité elle doit avoir une nouvelle mission, celle de la préparation des diplômés au marché du travail, en explorant et en mettant les moyens humains et financiers. Autrement dit, la formation universitaire telle qu’elle est aujourd’hui ne peut suffire elle seule, à rendre les jeunes diplômés facilement employables.
Selon une enquête réalisée par ce chercheur, un tiers (1/3) des diplômés ont effectué une formation complémentaire après l’obtention du diplôme dont 70% préfèrent des formations de longues durées (PGS, formations professionnelles). Ceci explique que la formation universitaire est insuffisante pour répondre aux besoins du marché.
Il serait donc nécessaire d’adapter la formation universitaire à la demande actuelle des entreprises et renfoncer le rôle des dispositifs universitaires de placement et d’insertion des futurs lauréats, recommande-t-il.
Inadéquation des diplômes, un véritable obstacle
Le problème d’inadéquation et important car un diplômé sur deux occupe un emploi hors domaine d’études (spécialité différente, qualification moindre, aucun diplôme) et près de 52% occupent un poste de travail qui ne correspond pas à leur diplôme dont: 20,7% travaillent dans une spécialité différente, 12,6% occupent un emploi exigeant une qualification moindre et 12,6% occupent un emploi sans aucune qualification.
Il a été démontré par l’étude que 22% des diplômés ont refusé un emploi en raison de l’inadéquation ou la surqualification du diplôme par rapport à l’emploi proposé. Parmi ses refus d’emplois pour inadéquation 50 % proviennes des femmes. Tandis que, 60 % d’hommes ont refusé un emploi en raison d’un salaire inapproprié contre 37% de femmes.
De plus, 46% de femmes refusent un emploi à cause de l’éloignement du lieu du travail. On peut dire que l’inadéquation des diplômes représente un véritable obstacle à l’insertion des diplômés de l’enseignement supérieur, mais ce n’est pas la seule raison de refus d’emplois, car la rémunération et la distance du lieu du travail par rapport au domicile constituent des éléments importants à l’acceptation d’un emploi.
Il est clair que le choix de certains diplômés repose sur l’existence des bonnes conditions qu’offre l’emploi, notamment en termes d’adéquation du diplôme, du salaire et du trajet parcourue.
En termes de recrutement, 43% des sortants déclarent avoir décroché leur premier emploi par l’aide de la famille ou des amis. Par contre, seulement 1% ont été inséré grâce à l’université, en raison de l’absence des structures d’orientation professionnelle et d’aide d’insertion comme la Maison de l’Entrepreneuriat (ME), le Centre des carrières (CDC) et le Club de recherche d’emploi (CRE) avant 2018.
Aucune préparation au monde du travail
Selon cette enquête, près de 62% des sortants déclarent qu’il n’y a quasiment aucune préparation au monde du travail par l’université ni de relation entre l’apprentissage théorique et la pratique dans le monde professionnelle. Cependant, 48% confirment que les contenus pédagogiques ne sont pas à jour avec les exigences des emplois actuels contrairement au 9% qui pensent que les contenus sont à jour.
Il ressort de ces statistiques qu’il y’a un manque important au niveau de l’université sur le plan de préparation des étudiants au monde de travail, cela peut être expliqué par le fait que l’université ne disposait pas jusqu’à l’année 2019 des structures d’orientations professionnelles telles que le CDC, la ME, le CRE, le Bureau de Liaison Entreprises Université (BLEU) …).
En somme, l’université doit, d’abord, accorder une importance capitale à l’ouverture et au rapprochement du monde de l’entreprise, adapter, ensuite, sa formation et ses recherches aux besoins du marché du travail, notamment par le renforcement des stages pratiques tout au long du cursus universitaire.
A. R.