Le Professeur Mostepha Yahi est le recteur de l’université M’Hamed Bougara de Boumerdès. Modestement, mais avec rigueur et abnégation, il poursuit la mise à profit de son expérience dans le domaine de l’enseignement supérieur et de la recherche à promouvoir l’excellence académique et le développement technologique au sein de l’établissement universitaire de Boumerdes, et à renforcer les liens avec le tissu industriel pour contribuer au développement socio-économique de l’Algérie. Mais, c’est surtout le dynamisme événementiel dont son établissement fait preuve qui le distingue un peu des autres représentants des pôles académiques en Algérie. Il répond ici à quelques questions liées à ce dynamisme, ses motivations et ses enjeux.
Entretien réalisé par Zoheir Zaid
Eco Times : Est-ce possible de nous donner une plus ample présentation de l’histoire de l’université M’Hamed Bougara de Boumerdes
Pr.Mostepha Yahi : L’université M’Hamed Bougara de Boumerdès a été créée en 1998, suite à un décret exécutif numéro 98-189 signé le 2 juin de cette année-là, résultant de la fusion de six instituts nationaux établis entre les années 1960 et 1980.
Ces instituts sont : l’Institut National des Hydrocarbures (INH), l’Institut National de Génie Electrique et Électronique (INELEC), l’Institut National de Génie Mécanique (INGM), l’Institut National des Matériaux de Construction (INMC), l’Institut National des Industries Manufacturières (INIM) et l’Institut National des Industries Alimentaires (INIA).
Dès sa création, l’université ne se limite pas à reprendre les formations proposées par ces anciennes institutions, mais elle élargit également son offre en introduisant de nouvelles spécialités dans des secteurs tels que les Sciences et Technologies, les Sciences de la Nature et de la Vie, ainsi que les Sciences Économiques et de Gestion, les Sciences Commerciales, le Droit et les Langues et Littératures Étrangères.
Avec la mise en œuvre du système LMD à partir de l’année universitaire 2004/2005, l’université s’adapte de manière dynamique en offrant neuf domaines d’études, incluant ST, SM, Ml, SNV, LLE, SEGC, LLA, DSP et STAPS, chacun organisé autour d’au moins une spécialisation.
Ce système récent se distingue clairement de l’ancien et favorise l’établissement de formations de masters et de doctorats de troisième cycle, en lien direct avec les licences LMD.
Actuellement, l’université M’Hamed Bougara de Boumerdès (UMBB) est constituée de six facultés et de deux instituts : la Faculté des sciences (localisée sur le campus sud à Boumerdès), la Faculté de technologie (campus ouest), la Faculté des hydrocarbures et de la chimie (campus nord), la Faculté des sciences économiques, commerciales et des sciences de gestion (également sur le campus nord), ainsi que la Faculté de droit et la Faculté des lettres et des langues, toutes deux situées sur le campus de Boudouaou.
L’Institut de génie électrique et électronique (établi sur le campus centre) et l’Institut des sciences et techniques appliquées, avec une annexe dédiée à la médecine.
L’université de Boumerdes est très dynamique, probablement, celle qui organise beaucoup d’événements par rapport à ses homologues de l’algérois et même des autres wilayas. On aimerait bien avoir une rétrospective des activités de l’année universitaire 2023/2024 et celle du début de l’année 2024/2025 en sus des perspectives ?
L’année universitaire 2023/2024 se distingue par une activité académique et scientifique particulièrement intense. Plus de 150 événements ont été organisés, englobant des conférences internationales et nationales, des séminaires spécialisés et des journées scientifiques.
Parmi ces initiatives, le symposium international des hydrocarbures et de la chimie, le séminaire national sur les énergies renouvelables, ainsi que le colloque dédié à l’intelligence artificielle.
Celles-ci ont attiré un large éventail de participants, renforçant ainsi notre position de leader dans ces secteurs.
En prévision de l’année 2024/2025, nous allons maintenir cette dynamique en centrant nos efforts sur des thématiques stratégiques telles que la transition énergétique, la durabilité environnementale et l’innovation technologique.
Nous prévoyons également de renforcer notre coopération internationale avec des institutions de renom et d’accroître les programmes destinés à améliorer l’employabilité de nos étudiants.
Quel est le secret de cette dynamique événementiel et quelle est la recette du choix des thématiques par les différentes facultés ?
Cette dynamique essentielle repose sur l’engagement collectif et renforcé de toute la communauté universitaire, englobant enseignants, Administration et étudiants, et s’appuie sur une vision stratégique claire et bien définie.
Les thématiques abordées sont soigneusement sélectionnées en fonction des priorités nationales, des enjeux mondiaux contemporains et des besoins exprimés par nos partenaires économiques et sociaux.
Une démarche participative inclusive, associant étroitement étudiants, enseignants et experts, garantit une pertinence et une excellence indéniable dans l’organisation des événements qui en découlent. Cela permet de s’assurer que chaque aspect ait un impact significatif sur la communauté et l’environnement académique.
Le véritable secret de cette dynamique événementielle fascinante réside dans la capacité à créer une synergie entre les différents acteurs impliqués, que ce soit les étudiants, les enseignants, les professionnels ou encore le grand public.
Ces événements sont souvent conçus pour répondre à des besoins spécifiques, pour encourager l’innovation, ou encore pour renforcer les interactions entre les différentes disciplines.
Quant à la recette du choix des thématiques par les facultés, plusieurs éléments entrent en jeu.
Tout d’abord, il est essentiel d’analyser les tendances actuelles, que ce soit en matière de recherche, d’innovation technologique ou de problématiques sociétales.
Les facultés tiennent également compte des intérêts des étudiants et des objectifs pédagogiques.
Ensuite, la collaboration interdisciplinaire joue un rôle clé ; des thématiques qui croisent plusieurs domaines peuvent susciter un plus grand intérêt et enrichir les échanges.
Enfin, la pertinence des sujets par rapport à des enjeux contemporains aide à capter l’attention des participants et à favoriser leur engagement.
En somme, une dynamique événementielle réussie repose sur une bonne compréhension des attentes des parties prenantes, une veille active sur les tendances en cours et une approche collaborative et interdisciplinaire dans le choix des thèmes.
Avez-vous eu un retour positif, en termes de partenariat université/tissu industriel, à l’issue de ce boom d’activités académiques ? Des exemples concrets en la matière?
Effectivement, nous avons enregistré des retours très encourageants et positifs en matière de partenariats entre les universités et le tissu industriel. Ce développement a favorisé une collaboration plus étroite, facilitant le transfert de technologie et l’innovation.
Parmi les exemples concrets, nous pouvons citer :
Projets de recherche conjoints : Plusieurs universités ont établi des PNR projets nationaux de recherches collaboratifs avec des entreprises locales pour développer des technologies innovantes, par exemple dans le domaine des énergies renouvelables et la santé.
Stages et formations : De nombreuses institutions ont renforcé leurs programmes de stages, permettant aux étudiants d’acquérir une expérience pratique en entreprise tout en apportant des solutions concrètes aux défis rencontrés par les industries partenaires.
Incubateurs – pépinières d’entreprises : Certaines universités ont lancé des initiatives d’incubation pour soutenir les start-ups issues de la recherche académique, facilitant ainsi la création d’entreprises innovantes et le développement de nouveaux produits.
Ces initiatives montrent que la synergie entre le monde académique et l’industrie peut aboutir à des résultats bénéfiques pour les deux parties, suscitant l’innovation et favorisant l’employabilité des diplômés.
Z. Z.