L’Algérie portera la superficie des périmètres irriguées à trois millions d’hectares « dans les quelques années qui viennent », a déclaré avant-hier le ministre de l’Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, Youcef Cherfa, au cours de sa visite de travail dans la wilaya de Mila. Ainsi, pour faire face aux changements climatiques, qui se manifestent avec acuité depuis quelques années par un grand déficit pluviométrique et une répartition déséquilibrée des pluies au cours de l’année agricole, notre pays fera passer la superficie irriguée de 2,1 hectares actuellement à 3 millions d’hectares, « comme prévu dans le programme du président de la République, Abdelmadid Tebboune », rappellera le ministre, qui appelle à « des périmètres irrigués de manière réfléchie », c’est-à-dire soumis à des études d’opportunité, de la dimension technique et de la rentabilité.
Par Amar Naït Messaoud
Le ministre révélera, par la suite, que son département ministériel «s’efforce de raccorder un certain nombre de périmètres à des stations d’épuration des eaux usées qui peuvent être réutilisées pour irriguer les cultures céréalières et les arbres fruitiers».
C’est là un thème récurrent dans la gestion et l’exploitation de la ressource hydrique. Le président de la République y est revenu plusieurs fois, déplorant que le taux d’épuration des eaux usées en Algérie ne dépasse pas 15 % du total des eaux rejetées dans le réseau d’assainissement ou, parfois, directement dans la nature.
L’on sait que le sujet de l’agriculture conduite en irrigué réapparaît au sein de l’administration, du corps technique et des médias à chaque fois que le ciel commence à faire preuve de parcimonie en matière de précipitations, comme c’est le cas depuis quelques années.
Si, dans certaines régions, les pluies et la neige qui sont tombées au début de l’hiver ont contribué au relèvement du niveau de quelques barrages hydrauliques et du niveau piézométrique de certaines nappes souterraines, elles ne contribuent qu’à de faibles proportions à la croissance des végétaux, du fait des basses températures enregistrées en ce moment-là.
Autrement dit, les agriculteurs algériens attendent ces jours-ci avec impatience une éventuelle générosité du ciel qui mettrait fin au stress des cultures emblavées, à commencer par les céréales, qui sont irriguées, dans leur écrasante majorité, par les seules précipitations.
Visiblement, la conduite des différentes cultures souffre des aléas climatiques, lesquels, principalement depuis quelques années, ont affecté la répartition calendaire des précipitations.
De façon presque cyclique, la période de reprise végétative et de croissance des plantes, correspondant à l’intervalle mars-mai, se voit privée de précipitations. Ce qui impacte négativement les rendements agricoles.
Le pari de 2,1 millions d’ha de superficies irriguées tenu
Avec l’effort de mobilisation des eaux de surface, à travers la construction de plusieurs barrages, il est attendu que la politique agricole suive cette avancée et profite de manière intelligente des disponibilités
hydriques. Mais, jusqu’à pré- sent, la superficie des périmètres irrigués existants ne dépasse guère 2,1 millions d’hectares à l’échelle du pays, correspondant à quelque 25 % de la surface agricole utile du pays. Depuis plus d’une dizaine d’années, on évoque l’ambition d’étendre cette superficie à son maximum, selon les possibilités du pays, à savoir l’atteinte d’au moins le seuil de 2 millions d’hectares en 2020.
Le pari a été tenu, puisque ce seuil est aujourd’hui dépassé. Néanmoins, les défis relatifs à la sécurité alimentaire, à l’ombre de conflits géostratégiques, de volatilité des prix du pétrole et d’éventuelles pandémies, à l’image du COVID 19, se sont tellement multipliés que les ambitions de l’Algérie se trouvent naturellement rehaussées.
L’exploitation des terres sahariennes pour les cultures stratégiques (céréales, légumes secs, oléagineux et plantes fourragères), y compris en partenariat avec les opérateurs étrangers (Qatar, Italie,…) est un autre atout à greffer aux efforts accomplis dans les plaines agricoles du nord.
Ces efforts restent à parachever avec l’extension des périmètres irriguées de façon, non seulement à éviter le stress hydrique aux cultures, mais aussi et surtout pour augmenter la productivité à l’hectare, et ce, en combinaison avec le renforcement des autres facteurs de production (respect de l’itinéraire cultural, soins prophylactiques, fertilisation,..).
Au sujet des cultures stratégiques assurant la sécurité alimentaire du pays, le ministre de l’Agriculture a insisté sur «l’importance d’étendre leurs superficies et de les inclure dans le cycle agricole des céréales», d’autant, a-t-il ajouté, que l’État «a déployé d’importants efforts pour raccorder les exploitations agricoles à l’électricité et leur fournir l’eau d’irrigation afin de développer la production agricole dans les différentes filières ».
A. N. M.