La maîtrise du temps est le défi principal du siècle, en ce XXIe siècle, engageant la sécurité nationale de tous pays, car toute inadaptation à ces mutations isolerait encore plus n’importe quelle nation. Il y a unanimité, tant des experts que des plus hautes autorités du pays, que le système de communication, via le système d’information à tous les niveaux en Algérie, a besoin d’un renouveau devant s’insérer au sein d’une planification stratégique, et non en privilégiant les actions conjoncturelles, sous la pression des événements, conduisant à des actions incohérentes et à des discours en déphasage par rapport aux réalités, tant internes que mondiales, sans compter les risques de corruption et d’un divorce avec une population «parabolée».
Par Pr. Abderrahmane Mebtoul
1.- Avec la révolution du nouveau système d’information, contrairement au passé, la jeunesse notamment est connectée, mais avec trop d’informations et le grand problème est leur crédibilité et leur sélection opératoire. La nouvelle révolution mondiale du numérique a un impact sur le comportement des citoyens, sur la gestion des institutions et des entreprises et d’une manière générale sur la gouvernance et sur notre nouveau mode de vie.
Politiques, entrepreneurs, citoyens, nous vivons tous aujourd’hui dans une société de la communication électronique, plurielle et immédiate qui nous contraint à prendre des décisions en temps réel.
La naissance des Ntic est due, notamment, à la convergence de l’informatique, des télécommunications et de l’audiovisuel. Le développement d’Internet à haut débit, la démocratisation de l’ordinateur et des nouvelles technologies découlent d’une baisse des tarifs proposés par les fournisseurs d’accès et d’une demande de plus en plus présente de la clientèle.
Le boom des blogs et des messageries électroniques donne aux Ntic une place de plus en plus vaste dans notre société. Cette interaction de l’électronique et de l’informatique explique que les applications des Ntic puissent répondre aux besoins aussi bien des entreprises et de l’Etat que des ménages et des individus. Désormais soumises aux mêmes lois du marché que n’importe quelle autre activité de production marchande, les Ntic constituent, en outre, un secteur où la concurrence se joue directement à l’échelle mondiale.
La globalisation des entreprises, des marchés et des circuits de la finance n’a pas seulement impliqué un remodelage des structures économiques et des flux d’échange, elle a aussi conduit à la professionnalisation de la communication et de l’information, ainsi qu’à une intégration de plus en plus poussée des phases de la conception, de la création et de la consommation des produits, parallèlement à la fusion de sphères d’activités jadis séparées, voire opposées.
Plus qu’une ouverture vers le grand public les TIC révolutionnent l’organisation interne de l’entreprise, les logiciels de gestion appelés les ERP (Entreprise Ressource Planning) gèrent différentes tâches comme les stocks ou la trésorerie, le travail collaboratif est simplifié grâce à l’utilisation de l’Intranet et de la messagerie, le système «wireless» ou «sans fil» maintient un lien permanent avec des collaborateurs en déplacement tout comme la vidéoconférence, tout cela génère un meilleur partage ainsi qu’une meilleure circulation de l’information interne.
Ainsi, le monde est devenu une grande maison de verre. L’infrastructure de l’Internet se répand aujourd’hui autour du monde pour créer un large réseau mondial et ce grâce à l’informatique qui permet aujourd’hui de numériser les informations et de gérer de nouveaux systèmes.
Sur le plan macroéconomique, les nouveaux processus mis en place grâce aux TIC ont des conséquences sur l’analyse de la valeur des produits et services, que l’on effectue davantage sur le cycle de vie, lequel a tendance à se raccourcir et influe sur les gains de productivité et la croissance liée à l’introduction des TIC.
Les TIC influencent également la recherche scientifique et technique et permettent indirectement de réaliser de nouvelles découvertes qui ont à nouveau un effet macroéconomique.
2.- L’intelligence économique et sa gestion stratégique sont devenues pour une nation et l’entreprise d’une manière particulière, l’un des moteurs essentiels de sa performance globale et de sécurité. L’intelligence économique intègre deux dimensions supplémentaires par rapport à la veille: la prise de décision et la connaissance de l’information.
Le modèle d’intelligence économique recouvre trois concepts. Nous avons d’abord les données qui sont des nombres, des mots, des événements existants en dehors d’un cadre conceptuel de référence.
Ensuite nous avons l’information qui est l’accumulation de données, traitées et transformées qui deviennent des informations, validées et confrontées, qui commencent à avoir un sens.
Enfin, nous avons la connaissance qui est l’ensemble d’informations interprétées qui permet de prendre des décisions. Les passages par ces trois concepts se font de la manière suivante. Je veux avoir de bonnes informations au bon moment. Une fois les objectifs globaux en matière d’information arrêtés, et les missions de recherche, collecte, tri et stockage validées, il faut analyser l’information, exploiter les résultats de manière à faire ressortir les aspects aidant à la prise de décision.
Pour faire de l’intelligence économique un véritable avantage concurrentiel, il est indispensable de l’intégrer aux fonctions de l’administration et de l’entreprise. L’approche du processus permet une meilleure coordination des étapes pour profiter au maximum du gisement informationnel en vue d’actions efficaces sur l’administration ou l’entreprise ou son environnement du fait d’interactions complexes.
D’une manière générale par la maîtrise des nouvelles technologies, une nation ou une entreprise sera meilleure que ses concurrents si elle possède, avant les autres, les bonnes informations au bon moment, qu’il s’agisse de connaissance des marchés, d’informations juridiques, technologiques, normatives ou autres.
D’où l’appui pour l’accès aux volumes importants d’informations sur le commerce international détenu par les départements et agences ministériels, les Services de renseignement et de contre-espionnage qui doivent s’adapter aux nouvelles réalités mondiales, mettant en place un service d’information économique au profit des entreprises engagées dans un contexte de concurrence internationale au niveau du commerce extérieur, un pays devant avoir un service de renseignement solide maîtrisant les nouvelles technologies.
Aussi, sans une planification stratégique, un pays agit comme un aveugle tant dans les domaines politique, militaire, et économique. Il existe un théorème dit des 20/80% en management stratégique : 80% d’actions mal ciblées que l’on voile par de l’activisme et des discours incohérents, ont un impact de 20% sur la société ; 20% d’actions bien ciblées ont un impact de 80% et devant tenir compte du facteur temps combinant les paramètres et les variables pour atteindre l’optimum global. Ce qui est paramètres à court terme peut devenir variable à moyen terme, et ce qui est secteur stratégique aujourd’hui peut ne pas le devenir demain.
Dans ce contexte, évitant de faux discours auxquels plus personne n’y croit, l’institution du commerce extérieur n’agissant qu’à l’aval, pour facilitation, les exportations relèvent d’entreprises compétitives, ne devant pas mettre la charrue avant les bœufs, et non de mesures administratives, le secteur industriel représentant en 2024 moins de 5% du PIB dont selon les données du registre du commerce plus de 90% d’entreprises algériennes sont unipersonnelles et de petites SARL souvent à gestion familiale donc nécessitant des investissements dans le cadre des avantages comparatifs mondiaux (voir l’expérience de la Chine). D’où l’importance de la nécessaire adaptation tant de notre diplomatie économique bureaucratisée que de nos institutions stratégiques.
En Algérie, le manque de cohérence est favorisé par un système de prix incohérent où l’on additionne les prix administrés et les prix du marché ne permet pas de cerner la sincérité des comptes et peut donner lieu à de la mauvaise gestion, voire de la corruption.
Si l’information de base est biaisée, cela donne des résultats au niveau global qui ne reflètent pas la réalité. Il faut donc uniformiser les méthodes d’enquêtes qu’elles soient exhaustives ou par sondage.
Or, des erreurs de politique économique peuvent se chiffrer à des pertes de plusieurs dizaines de milliards de dollars pour le pays. Or, la majorité des ministères, des wilayas, des services collectifs et des entreprises publiques et privées est gérée selon les méthodes des années 1970-1980, peu initiées aux techniques de rationalisation des choix budgétaires.
En conclusion, celui qui détient la bonne information détient le pouvoir dit l’adage.
Le monde est à l’aube d’une quatrième révolution économique et technologique, fondée sur deux fondamentaux du développement du XXIème siècle, la bonne gouvernance et l’économie de la connaissance, avec comme trajectoire la transition numérique et la transition énergétique.
Que vive l’Algérie éternelle !
A. M.







