Avec une consommation moyenne de plus de 110kg/habitant/an, la pomme de terre est le légume le plus consommé en Algérie. Néanmoins, avec une production moyenne de 50 millions de quintaux/an, l’Algérie est aussi dans le top 20 des pays producteurs de ce tubercule au monde, selon les données de la FAO (Organisation des nations unies pour l’agriculture et l’alimentation), ce qui permet à la filière pomme de terre de parvenir à couvrir l’intégralité des besoins exprimés sur le marché local.
Avec une superficie totale cultivée annuellement de près de 200.000 hectares, les rendements sont en nette amélioration ces dernières années, atteignant, voire dépassant, les 350 quintaux/ha au niveau de certains périmètres dédiés à cette culture.
Cependant, en dépit des progrès significatifs enregistrés au niveau de la production, particulièrement dans le sud du pays, à l’instar de la wilaya d’El Oued qui parvient, à elle seule, à produire entre 10 et 12 millions de quintaux/an sur une superficie de moins de 40.000 hectares, la filière pomme de terre enregistre encore des vulnérabilités, notamment au niveau de la régulation des récoltes. En effet, il n’y a pas une saison où le marché n’enregistre pas des ruptures de plusieurs semaines au niveau de la chaîne d’approvisionnement et des flambées des prix durant les périodes de soudure entre les récoltes de saison, arrière-saison et primeur.
C’est le cas par exemple durant les mois d’octobre à décembre de l’année dernière où le prix du féculent a atteint tout simplement les 150 DA/kg. Il y a aussi des périodes de surproduction où les prix sur le marché connaissent un effondrement spectaculaire, passant parfois sous la barre des 20 DA/kg, mettant en péril la trésorerie des agriculteurs.
A ce titre, tel qu’évalués par l’ITMC (Institut technique des cultures maraichères et industrielles), les coûts de production de la pomme de terre varient entre 800.000 et 1,2 million de dinars par hectares, en tenant compte de toutes les dépenses engagées par l’agriculteur.
Une filière à industrialiser
Ces perturbations persistent en raison du système de stockage et de régulation de la production mis en place depuis plusieurs années déjà qui semble perdre de son efficacité. C’est pourquoi, le directeur général de l’ITMC, M. Toufik Kestali, recommande par exemple le développement de la branche transformation de la pomme de terre pour absorber les surplus de production. Il est nécessaire aussi d’orienter les efforts vers le renforcement et l’adaptation des infrastructures de stockage (chambres froides), seul moyen pour prévenir toute rupture sur le marché.
Le choix des variétés à cultiver, des semences et surtout des engrais organiques au lieu de l’utilisation abusive d’engrais chimiques est aussi une étape importante dans le processus cultural, comme le suggère le spécialiste agronome Farouk Slimani.
Enfin, avec les potentialités dont elle jouit et les succès réalisés en termes de rendements, la filière pomme de terre est prédisposée à s’orienter vers l’exportation.
M. Naïli