(1ère partie)
Le gouvernement présentera le 03 octobre 2022 la politique générale dont l’objectif est de dresser un bilan sans complaisance et de définir avec réalisme, loin des utopies néfastes et des logiques rentières, les axes afin de relancer l’investissement tant à travers le code d’investissement en n‘oubliant pas la dynamisation de la bourse d’Alger, conditions essentielles pour asseoir l’Algérie au niveau international, et atténuer les tensions sociales au niveau interne, existant un lien dialectique entre sécurité et développement . Dans ce cadre se pose cette question : le nouveau code d’investissement, mettra-t-il fin au terrorisme bureaucratique en libérant les énergies créatrices? Car depuis de longues décennies, combien de codes d’investissements, de réunions, de commissions ont eu lieu pour relancer le tissu économique? Et en ce mois de fin septembre 2022, 98% des recettes en devises, y compris les dérivés inclus dans la rubrique hors hydrocarbures, proviennent toujours de Sonatrach, ce qui prouve que le blocage est d’ordre systémique.
Par Abderrahmane Mebtoul
1.- Pour dynamiser l’investissement national et étranger, c’est tout l’écosystème éco-social du pays qu’il faudrait revoir, les deux piliers du développement du XXIème siècle étant la bonne gouvernance et la valorisation du savoir C’est l’entreprise libérée des entraves bureaucratiques et un Etat régulateur qui peuvent créer une économie productive à forte valeur ajoutée, devant cerner les causes du blocage car si les investissements algériens ne trouvent pas intérêt à aller vers la production nationale, vers la création de l’emploi, faut-il s’étonner, ou encore moins, s’attendre à ce que les investisseurs étrangers, qu’il y ait la règle du 49/51% ou même l’inverse, fassent preuve de plus d’engagement ? L’attrait de l’investissement à forte valeur ajoutée ne saurait résulter de lois, mais d’une réelle volonté politique allant vers de profondes réformes, une stabilité du cadre juridique et monétaire permettant la visibilité, et les pays qui attirent le plus les IDE n’ont pas de codes d’investissement, mais une bonne gouvernance. Mon expérience et mes contacts internationaux aux plus hauts niveaux montrent : que le temps est terminé, des relations personnalisées entre chefs d’État ou de ministres à ministres dans les relations internationales où dominent désormais les réseaux décentralisés ; que dans la pratique des affaires n’existent pas de sentiments, mais uniquement des intérêts, et que tout investisseur est attiré par le profit, qu’il soit américain, chinois, russe, turc ou européen. Il appartient ainsi à l’État régulateur, dont le rôle stratégique en économie de marché s’apparente à celui d’un chef d’orchestre, de concilier les coûts privés et les coûts sociaux. C’est par la méconnaissance des nouvelles règles qui régissent le commerce international que s’expliquent les nombreux litiges internationaux, avec des pertes se chiffrant en dizaines de millions de dollars. C’est que depuis des décennies , nous avons assisté à bon nombre de codes d’investissement et des changements de l’écosystème des entreprises publiques avec un impact mitigé, montrant clairement la dominance de la démarche administrative et bureaucratique au détriment de la démarche opérationnelle économique, ces changements périodiques d’organisation démobilisent les cadres du secteur économique public, et même les investisseurs locaux et étrangers avec le renforcement de la dynamique rentière, et cela bloque tout transfert de technologique et managérial. La règle des 49/51% instaurée en 2009, dont j’avais demandé l’abrogation (voir Mebtoul- Paris Africapresse et USA American Herald Tribune www.google 2009/) a eu un impact mitigé,le nouveau code d’investissement a pris en compte ce blocage ce qui est positif.. L’essentiel, ce ne sont donc pas les lois, mais de s’attaquer au fonctionnement du système afin de déterminer les blocages qui freinent l’épanouissement des entreprises créatrices de richesses, qu’elles soient publiques, privées locales ou internationales. L’investissement hors hydrocarbures en Algérie, porteur de croissance et créateur d’emplois, est victime de nombreux freins dont les principaux restent l’omniprésence du terrorisme bureaucratique qui représente à lui seul plus de 50% des freins à l’investissement. Enjeu politique majeur s’impose la réforme du système financier, pour attirer l’investisseur afin de sortir de la léthargie et de la marginalisation le secteur privé, puisque les banques publiques, qui continuent à accaparer 90% des crédits octroyés, ont carrément été saignées par les entreprises publiques du fait d’un assainissement qui, selon les données récentes (2021), a coûté au Trésor public du premier ministère ces trente dernières années environ 250 milliards de dollars, sans compter les réévaluations répétées durant les dix dernières années de plus de 65 milliards de dollars, entraînant des recapitalisations répétées des banques malades de leurs clients. Enfin comme frein à l’investissement porteur, l’absence d’un marché foncier où la majorité des wilayas livrent des terrains à des prix exorbitants, souvent sans utilités, routes, téléphone, électricité/gaz, assainissements etc… et l’inadaptation du marché du travail renvoyant à la réforme du système socio-éducatif et de la formation professionnelle, si l’on veut éviter des usines à fabriquer de futurs chômeurs. Comment ne pas rappeler que l’Algérie a engrangé plus de 1100 milliards de dollars en devises entre 2000 et 2021, avec une importation de biens et services, toujours en devises, de plus de 1050 ( le solde étant les réserves de change clôturé à 44 milliards de dollars au 31/12/2021), pour un taux de croissance dérisoire de 2-3% en moyenne, alors qu’il aurait dû se situer entre 9-10% durant cette période. Avec un excédent de la balance commerciale selon le premier ministre lors de la réunion walis/ gouvernement de 17 milliards de dollars fin 2022, le document significatif étant la balance de paiement donc devant tenir compte de l’inflation mondiale des produits importés –biens d’équipement et biens finaux et de la sortie de devises des services donnerait un montant légèrement supérieur à 50 milliards de réserves de change fin 2022. L’Algérie doit profiter de cette hausse passagère, le FMI prévoyant une crise économique mondiale en 2023, au cas où les tensions géostratégiques persistent, ce qui aurait un impact sur le prix des hydrocarbures.
Le taux d’emploi étant fonction du taux de croissance et des structures des taux de productivité, le faible taux de croissance approchant la croissance démographique risque accroître le chômage en rappelant que la majorité des entreprises publiques et privées dont les PMI/PME en 2021, représentant plus de 95% du tissu économique peu concurrentiels, fonctionnent en sous capacités, le taux d’intégration ne dépasse pas 15%. Alors qu’il faut , un taux de croissance sur plusieurs années de 8/9% pour absorber le flux additionnel annuel de 350 000/400 000 emplois qui s’ajoute au taux de chômage actuel. La cohésion sociale nécessaire est assurée actuellement par des subventions généralisées sans ciblage , où selon les prévisions pour 2022, les subventions implicites, constituées, notamment de subventions aux produits énergétiques et des subventions de nature fiscale, représentent environ 80% du total des subventions, étant prévu 1 942 milliards de dinars, 19,7% du budget de l’État en 2022. C’est là un dossier très complexe, mais sans maîtrise du système d’information et la quantification de la sphère informelle, la réforme risque d’avoir des effets pervers. Ce qui m’amène à traiter de l’urgence de la dynamisation de la bourse d’Alger pour impulser l’investissement.
A. M.