L’Algérie semble avoir tourné une page décisive dans la gestion de la crise du logement. « Nous avons une demande, mais la crise n’existe plus», a affirmé hier Hakim Bay, directeur général de l’urbanisme au ministère de l’Habitat, sur les ondes de la radio nationale «Chaîne III», au lendemain du lancement d’une vaste opération de distribution de logements, tous types confondus, à l’occasion du 63e anniversaire de l’indépendance.
Par Akrem R.
Avec une contribution estimée à 12 % du PIB, le secteur de l’habitat s’impose désormais comme un levier stratégique du développement économique national, alliant politique sociale et dynamisation de l’investissement. Une orientation assumée par les pouvoirs publics qui misent sur un urbanisme moderne, durable et inclusif.
Moussa Abada, directeur général de l’Agence nationale de l’urbanisme, a souligné, pour sa part sur la «Chaîne I» que cette dynamique vise à bâtir les « villes de demain », conciliant performance économique, justice sociale et respect de l’identité nationale.
L’ère des pôles urbains intelligents
Une des grandes nouveautés annoncées par M. Bay concerne la création de 16 nouveaux pôles urbains intelligents, planifiés dans une approche de développement durable.
S’étendant sur plus de 8 000 hectares, ces projets intègrent dès la phase de conception logements, équipements, pistes cyclables, espaces verts, choix des espèces végétales, et surtout une gouvernance anticipée.
«Nous ne construisons pas seulement des habitations, mais des lieux de vie pensés pour l’humain», a-t-il assuré, en précisant que l’objectif est de créer des pôles urbains intelligents, fondés sur une bonne gouvernance.
L’intervenant a souligné que les études menées ont pris en compte tous les aspects nécessaires au bien-être des futurs habitants.
«Nous avons réalisé des études approfondies qui intègrent l’ensemble des activités prévues dans ces pôles. Nous sommes même allés jusqu’au choix des essences d’arbres à planter et à l’intégration de pistes cyclables», a précisé le directeur général de l’urbanisme.
Autre donnée structurante : la priorité donnée aux matériaux locaux a permis une montée en puissance de la production nationale de ciment, qui atteint désormais 42 millions de tonnes par an, pour une consommation intérieure de 22 millions. Ce surplus alimente désormais les exportations, générant ainsi des recettes en devises.
Un nouveau cadre juridique pour un urbanisme moderne
Le ministère de l’Habitat travaille actuellement sur l’amendement de la loi sur l’urbanisme, avec pour objectif de réduire les délais de réalisation, améliorer la qualité de vie et assurer une meilleure équité territoriale. Cette révision ambitionne d’instaurer plus de cohérence et de durabilité dans les politiques urbaines face à une demande croissante.
En outre, l’un des succès les plus significatifs de cette stratégie est la réduction drastique des délais de construction : «Certains projets sont aujourd’hui finalisés en moins d’un an, contre sept à dix ans auparavant», a indiqué M. Abada. Cette performance repose sur un suivi rigoureux des chantiers et l’implication de plus de 18 000 entreprises nationales, classées du 1er au 9e groupe.
Le ministère adopte désormais une approche intégrée : les pôles urbains comprennent logements, écoles, centres de santé, infrastructures de transport, pistes cyclables, structures de loisirs, mais aussi hôtels, centres commerciaux et zones de services. Ces ensembles sont conçus comme des pôles d’investissement capables d’attirer les capitaux et de créer des emplois.
Par ailleurs, l’État a élargi les compétences du Centre technique de contrôle (CTC), qui supervise désormais 55 points de contrôle, incluant la qualité des matériaux comme les enduits ou le plâtre. L’objectif : garantir la durabilité des constructions.
Concernant la répartition des logements, la transparence et l’équité restent des priorités : « Les attributions se font via des commissions locales, selon des critères sociaux rigoureux », a précisé M. Abada.
L’État maintient une offre diversifiée : logements sociaux, participatifs, promotionnels, ou encore AADL en location-vente, répondant ainsi aux besoins variés des citoyens.
Au-delà de l’urgence sociale, le logement devient un pilier stratégique de la transformation économique de l’Algérie. Il reflète un changement de paradigme, où la politique de l’habitat n’est plus une simple réponse à la demande, mais un moteur de croissance, d’emploi et de cohésion territoriale.
A. R.