L’évolution conjoncturelle des prix sur le marché des produits avicoles au cours de ce troisième trimestre 2022, montre, une fois encore, une instabilité chronique forte, préjudiciable au fonctionnement des filières dans leur ensemble.
Par Akrem R.
En effet, les prix des produits avicoles (poulet de chair et œufs de consommation), ont enregistré des tendances à la hausse entre les mois de juillet et septembre. La note de conjoncture de l’OFAAL (produits et intrants avicoles) a relevé une hausse significative des prix des viandes blanches et des œufs de consommation durant le mois de septembre, un accroissement au niveau des élevages (poulaillers) de 70% pour le poulet et 14% pour les œufs de consommation et au niveau du détail, des hausses de plus de 39% pour les poulets de chair et 12 % pour les œufs de consommation.
Cette tendance haussière des prix est due, selon les rédacteurs de cette note de conjoncture, principalement, à une mauvaise structuration des filières avicoles aux différents stades et aussi aux fluctuations des prix des intrants alimentaires et biologiques.
Une situation qui a obligé un grand nombre de petits éleveurs qui activent dans un cadre familiale, et de manière informelle, à abandonner l’activité de l’élevage pour raison financière, ce qui a créé une baisse de l’offre de viande blanche sur le marché et une hausse sensible des prix.
Au niveau national, depuis plusieurs mois, les filières avicoles, à l’instar des autres filières agricoles subissent une hausse des prix, un marché très instable, attestant de la fragilité de ces filières qui restent dépendantes du marché international en intrants alimentaires et biologiques.
La crise russo-ukrainienne qui perdure, a eu un impact sur les exportations et une instabilité des prix des matières premières (céréales et oléagineux) sur les marché boursiers. Les cours des matières premières, (Maïs, Soja), ont enregistré une certaine instabilité sur les marchés boursiers durant ce troisième trimestre 2022. Les cours du maïs ont enregistré un recul sur les marchés boursiers sous l’effet de la parité eurodollar. Le marché reste, toutefois, encore perturbé face à l’escalade du conflit en Ukraine.
Au niveau national, les prix du maïs principalement importés enregistrent une certaine hétérogénéité durant ce trimestre, et ce, malgré l’exonération des taxes, des prix qui varient entre 50 000 et 55 000 DA la tonne selon les UAB.
Par contre, les tourteaux de soja, depuis plusieurs mois, ne sont plus importés mais produits localement à partir de la trituration de la graine de soja.
L’inconvénient majeur, ce sont les prix qui dépassent les 100 000 la tonne, ce qui reste assez élevé, et, soumis à une taxe, ce qui a beaucoup influencé le maintien à la hausse des prix des aliments finis fabriqués par les UAB privés. Une situation qui a eu un impact direct sur les petits éleveurs, les obligeant à abandonner l’activité de l’élevage de manière conjoncturelle.
S’agissant de l’organisation de la filière « chair», le même document estime que la situation reste encore inchangée, le secteur devant être réorganisé de l’amont à l’aval, à commencer par la régulation des importations des poussins reproducteurs, « chair», qui doit se faire sur la base d’un cahier des charges en tenant compte des besoins de la filière et de la production nationale en poussins repro-chair.
L’interprofession et la fédération avicole ont un rôle important à faire valoir, en collaboration avec les structures du ministère de l’Agriculture pour redynamiser ce secteur en sensibilisant les différents acteurs des différents segments à travailler en étroite collaboration, et en encourageant ceux de l’informel par des incitations afin d’intégrer le cadre légal dans des coopératives en vue d’éliminer les intermédiaires nuisibles.
A cet effet, ajoute la même source, les pouvoirs publics doivent prendre des mesures pour réorganiser et restructurer la filière, à travers l’activation de la numérisation et l’élaboration d’un fichier national pour maitriser toutes les données et le recensement global des avicultures.
La nécessité aussi de coordonner de manière efficace entre les opérateurs et les offices de régulation concernés (ONILEV et ONAB), les services agricoles, les chambres agricoles afin de garantir une disponibilité constante des produits et une stabilité des prix le long de l’année pour l’équilibre du marché.
Sur le plan commercialisation, l’absence de marchés spécialisés organisés et équipés pour la vente et la distribution des produits avicoles (viandes blanches et œufs de consommation) a beaucoup influé sur les fluctuations brutales des prix, où un grand nombre d’intermédiaires et spéculateurs se greffent et multiplient leurs marges durant les périodes de forte demande. Une situation qui a beaucoup lésé les éleveurs et les consommateurs.
Sur le plan de l’élevage, il faudra sensibiliser encore les éleveurs, recommandent les rédacteurs du document, sur la nécessité de bien maitriser les techniques de l’élevage pour un meilleur suivi et une amélioration des rendements, diminuer les taux de mortalité à moins de 8%, améliorer l’indice de consommation à (1,8) en moyenne et avoir un index de production supérieur à 300.
Une diminution de l’utilisation abusive des médicaments et surtout les antibiotiques comme facteurs de croissance dans l’aliment pour un gain de poids rapide. Les abattages clandestins de poulets au niveau des ceux non agréés qui constituent un danger réel et un signe inquiétant pour la santé des consommateurs.
A. R.