L’activité portuaire en Algérie connaît une nouvelle dynamique. En effet, grâce aux efforts et investissements consentis par l’État durant ces dernières années, avec le lancement d’importants projets de modernisation et de rénovation, les ports algériens sont devenus des plateformes logistiques modernes. Ils sont au cœur de la stratégie de développement économique national.
Par Akrem R.
Cette transformation se traduit, notamment, par la hausse du volume de marchandises traitées aux niveaux des ports. Selon les chiffres présentés hier par le Pdg du Groupe des Services Portuaires « Serport», plus de 130 millions de tonnes de marchandises ont été traitées en 2024, soit, une augmentation de 3 % par rapport à l’année 2023, où 126 millions de tonnes avaient été enregistrées.
Concernant les marchandises hors hydrocarbures, le volume a atteint 65 millions de tonnes en 2024, contre 60 millions de tonnes en 2023, soit une augmentation de 8 %.
Pour ce qui est des exportations hors hydrocarbures, « nous avons enregistré environ 18 millions de tonnes, durant la même période », a détaillé Mohamed Karim Eddine Harkati lors de son passage sur les ondes de la radio nationale « Chaîne I».
C’est la même dynamique positive pour les conteneurs, assure-t-il, indiquant que plus de 1,8 million d’unités ont été traitées, soit une hausse de plus de 15 % par rapport à 2023, où le volume était de 1,5 million de conteneurs.
«Nous constatons que cette dynamique s’est poursuivie au premier trimestre de 2025. Le volume global des marchandises traitées dans les ports a dépassé les 31 millions de tonnes», souligne le Pdg de Serport.
Concernant les conteneurs, « nous avons enregistré un bond qualitatif de plus de 12 %, avec 483 983 conteneurs traités durant le premier trimestre 2025, contre 429 000 pour la même période en 2024 — soit une augmentation de plus de 12 % », ajoute-il.
Ce qui est réjouissant, ce sont ces indicateurs positifs constants, qui traduisent clairement le maintien de cette dynamique. Sur ce volume, 65 millions de tonnes concernaient des marchandises hors hydrocarbures, dont 18 millions de tonnes destinées à l’exportation.
En terme clair, les ports algériens «sont sur la bonne voie pour jouer un rôle central sur la carte du transport maritime international», dira-t-il.
L’intervenant a assuré que les efforts de modernisation se poursuivront en 2025 et au-delà, avec une volonté ferme d’accompagner la montée en puissance des exportations algériennes et d’assurer un service à la hauteur des standards internationaux.
« Je tiens à dire que ces résultats étaient, à vrai dire, attendus. Ils sont le fruit de la mise en œuvre de la stratégie adoptée par les plus hautes autorités du pays, sous la supervision du Président de la République, pour initier des réformes dans divers domaines et secteurs. Ce sont donc les résultats, les fruits que nous récoltons aujourd’hui », affirme-t-il, rappelant qu’ à titre d’exemple, que “les exportations hors hydrocarbures ont connu un saut qualitatif. En 2023, nous avons enregistré plus de 5 milliards de dollars, alors qu’elles ne dépassaient que quelques millions de dollars les années précédentes. Nous avons même atteint 7 milliards de dollars. C’est donc une dynamique qui se poursuit”.
Cela inclut, entre autres, le recours à la numérisation dans ce domaine, notamment dans le secteur des transports. Le secteur des transports, dans le cadre de la concrétisation de la vision stratégique et des orientations des plus hautes autorités du pays, vise à accélérer l’utilisation de la numérisation dans tous les secteurs, pour en faire un outil au service du développement de l’économie nationale.
Le groupe Serport, sous la tutelle du ministère des Transports, rappelle-t-il, a mis en place et développé la plateforme numérique communautaire portuaire. Cette plateforme représente un système logistique numérique national, conçu avec une compétence 100 % algérienne, sur la base d’un modèle pratique et simple.
“Ces résultats sont le fruit de cette vision dynamique, concrétisée grâce à l’adoption de la numérisation dans le secteur portuaire”, a souligné également Harkati, précisant que l’objectif principal de la plateforme numérique est de mieux organiser le flux d’informations, de suivre plus efficacement la circulation et le traitement des marchandises, de réduire les pénalités de retard (les sursurestaries) et les coûts logistiques.
“C’est un point sensible, et c’est une priorité pour nous. Nous œuvronst toujours à réduire ces pénalités. Cela permet également de limiter les fuites de devises et de préserver le Trésor public”, ajoute le Pdg de Serport.
Il s’agit aussi de respecter les réglementations et accords internationaux ratifiés par l’Algérie, et d’améliorer la communication entre tous les intervenants concernés, dans le but de contribuer efficacement au développement économique, notamment en coopération avec les services des Douanes algériennes, à travers l’interconnexion entre les deux plateformes : l’APCS et le système des Douanes (CES).
Il est à rappeler que le rapport 2024 de la Banque mondiale a salué cette avancée comme «un tournant dans la compétitivité commerciale de l’Algérie».
Désormais, après avoir franchi ce cap et obtenu ces résultats positifs, le défi reste de maintenir le rythme. Harkati a par ailleurs détaillé un ambitieux plan d’investissement porté par le ministère des Transports.
Il s’agit notamment la modernisation des infrastructures. En effet, le groupe a consacré une enveloppe de 29 milliards de dinars pour l’acquisition d’équipements modernes, comprenant des portiques, des engins de manutention et des scanners, afin de renforcer les capacités de traitement dans les ports.
S’agissant des travaux d’extension stratégique de ports majeurs, le premier responsable de Serport a cité les travaux en cours au port de DjenDjen (jijel).
Ce dernier est en voie de devenir un hub africain avec une capacité de 2 millions de conteneurs. Quant à celui d’Annaba, des travaux sont en cours pour la création d’un quai de 1600 m pour accueillir des navires de plus de 80 000 tonnes.
Il y a également Un autre projet au niveau du port d’Arzew pour l’ extension de la capacité de 4 millions de tonnes pour appuyer les exportations hors hydrocarbures.
Un projet de centre de maintenance navale est aussi en chantier à Arzew pour réduire la dépendance aux chantiers étrangers et préserver les ré- serves en devises.
Un fonctionnement 24h/24 pour six ports algériens
Dans le cadre de la réforme initiée par le Président Tebboune, six ports majeurs, dont celui d’Alger, fonctionnent désormais en continu (24h/24). Cette mesure vise à accélérer les flux commerciaux; réduire les coûts d’attente des navires et améliorer les prestations pour les exportateurs, notamment hors hydrocarbures.
Une cellule de suivi a été mise en place pour évaluer l’efficacité de cette réforme,dira-t-il. Malgré quelques lacunes en ressources humaines et logistique, les premiers résultats sont jugés « très positifs ».
Dans un autre registre, M. Herkat a affirmé que tous les moyens logistiques et techniques ont été mobilisés pour assurer le succès de l’opération d’importation des moutons de l’Aïd, lancée samedi dernier. À cet effet, des couloirs verts ont été aménagés dans les ports, et une flotte de camions a été mobilisée pour le transport des ovins vers les zones de quarantaine, en coordination avec les Douanes et le groupe «Logitrans».
Il a précisé que le port d’Alger a accueilli jusqu’à présent deux navires, tandis qu’un troisième est attendu d’ici la fin de la semaine, dans le cadre de l’importation d’un million de têtes de moutons via neuf ports.
A. R.
