La sécurité alimentaire du pays est l’une des priorités du gouvernement. En dépit des avancées enregistrées dans le secteur agricole qui contribue à 12,4% du PIB national, avec une production globale avoisinant les 25 milliards de dollars en 2020, l’alimentation des Algériens demeure largement dépendante de l’étranger.
Akrem R.
En effet, un budget de rien moins que 10 milliards de dollars est consacré annuellement pour l’importation des céréales, poudre en lait, huiles, sucre et autres intrants nécessaires à l’industrie de transformation. C’est un montant faramineux et qui pèse lourdement sur la balance des paiements de l’Etat. La balance commerciale de l’Algérie s’en trouve, ainsi, toujours déficitaire. En 2020, le déficit était de 9,86 milliards de dollars, selon les chiffres officiels des services de Douanes.
Le groupe des biens alimentaires vient en deuxième position dans la structure des importations réalisées durant les onze mois de l’année 2020, avec une part de près d’un quart de la valeur globale. Les produits céréales, laits et produits de la laiterie, sucres et sucreries et les résidus et déchets des industries alimentaires affichent des parts respectives de 33,78%, 19,59%, 9,77% et de 4, 75%. À l’intérieur de ce groupe, les hausses enregistrées au cours des onze mois de l’années 2020, ont concerné le lait et les produits de la laiterie avec 24,05%, les fruits comestibles 12, 10%, les sucres et sucreries 9,98%, les céréales 2,65% et les tabacs d’un taux de 0,6%. Le premier ministre, Abdelaziz Djerad a fait savoir, hier, à Alger, lors de son intervention à l’ouverture d’un forum sur l’investissement dans l’agriculture et agroalimentaire, que le gouvernement est conscient des enjeux et défis de la sécurité alimentaire. Il a expliqué qu’un programme a été élaboré à cet effet, dans le but de moderniser l’agriculture et atteindre un certain nombre d’objectifs urgents, notamment, la rationalisation des dépenses publiques et la réduction de la facture d’importation. M. Djerad a rappelé, dans ce cadre, que le Président de la République avait donné un ensemble d’instructions pour exploiter les capacités nationales sur la voie de la réalisation de la sécurité alimentaire.
Cela passe par la création d’un bureau pour le développement de l’agriculture industrielle dans les régions du Sud et, ainsi, relier les espaces agricoles et les projets d’investissement liés à l’énergie électrique et à l’eau.
Ainsi, le premier ministre a saisi cette occasion pour lancer un appel aux agriculteurs et opérateurs économiques à se lancer dans ce domaine porteur et stratégique pour l’Etat. Ces derniers auront, dira-t-il d’emblée, l’accompagnement nécessaire et l’aide des pouvoirs publics pour le développement de l’Agriculture nationale.
L’Etat financera 90% de la valeur du projet agroalimentaire
Déjà dans le programme du gouvernement, il est prévu, ajoutera-t-il, l’augmentation de la superficie agricole de 20 000 ha et la réalisation de 13 projets de stockage d’une capacité de 158 000 m3 à travers les quatre coins du pays. Ces espaces permettront le stockage de la surproduction agricole.
S’agissant de l’industrie de transformation qui est le maillon faible du secteur agricole, l’Etat propose un financement allant jusqu’à 90% de la valeur du projet agroalimentaire, a annoncé le Premier ministre.
C’est une opportunité en or pour les opérateurs économiques afin d’investir dans ce créneau créateur de richesses, de la valeur ajoutée et de l’emploi. En effet, la nouvelle orientation du gouvernement, visant à la diversification de l’économie nationale et à la promotion des exportations hors hydrocarbures avec un objectif de 5 milliards de dollars en 2021, ne serait qu’une aubaine pour les investisseurs dans l’agroalimentaire. Ils ont devant eux, deux marchés importants, le premier local avec 45 millions de consommateurs et l’autre à l’international, notamment, en Afrique. « L’agriculture a besoin d’un investissement fort afin d’être l’axe de la relance économique du pays», a insisté Djerad.
Présent à cette rencontre, Abdelwahab Ziani, président de la CIPA, s’est montré confiant et optimiste pour le décollage de l’industrie agroalimentaire dans notre pays, notamment, avec cette volonté politique et la mise en place d’un guichet unique pour le traitement des dossiers d’investissement agricole. Ce dernier devra mettre un terme aux contraintes bureaucratiques et ouvrera la voie vers la production de masse et l’export, notamment avec la mise à la disposition des investisseurs d’un million d’hectares pour les cultures industrielles. « Nous sommes optimistes et nous allons appuyer l’Etat dans sa politique», a-t-il conclu.
A. R.