La relance économique tant annoncée, semble marquer le pas. C’est du moins l’avis unanime de beaucoup d’experts économistes algériens qui jugent la situation globale du pays instable. Avec des IDE en baisse et des investissements au compte-goutte, l’activité économique tourne au ralenti, et dans certains secteurs, des entreprises sont en faillite. De plus, avec un climat des affaires des plus incertains, des hommes d’affaires algériens ou étrangers se plaignent de l’insécurité juridique, accentuée par la prédominance du marché informel.
Par Réda Hadi
Mahfoud Kaoubi, expert économiste, est de ceux qui affirment que l’état de nos entreprises est désastreux, et qu’ «il faut revenir au financement par le budget de l’investissement pour sauver les entreprises lourdement endettées». Invité par nos confrères de la radio, l’expert souligne qu’«il faut revoir la copie de la relance car au-delà des annonces et au-delà des manifestations d’intérêt matérialisées par des PV et des recommandations des commissions, la réalité est là».
Tout comme lui, Nabil Djemaa, expert financier agréé, alerte sur la faiblesse des investissements et du manque d’un cadre juridique adéquat, apte à encourager et surtout à protéger les investissements : «Sans investissements conséquents il ne peut y avoir de relance et d’autant, une activité économique» souligne-t-il, tout en faisant remarquer «que l’Etat joue à un certain moment un rôle dans la propagation du marché informel et du démembrement d’entreprises alors performantes…»
Le recul des activités économiques est affirmé et Mahfoud Kaoubi constate que faute d’investissement, le «niveau d’activités de certaines est très faible, ce qui se traduit par des licenciements ou un gel des recrutements, et au final nous avons une croissance qui est pratiquement dans un état statique après un recul très sensible en 2020, avec un taux de – 6,5%, sous l’effet des problèmes d’approvisionnement manifestes».
Ainsi donc, l’investissement reste au cœur du problème, ce qui fait dire à Nabil Djemaa, que «le manque ou le peu d’investissement nuit aux activités et se traduit par des pertes d’emplois. Mais au fond, pourquoi investir en somme, et payer des impôts ? L’informel vous tend les bras. Et les lacunes juridiques en la matière n’aident en rien une quelconque relance», affirme t-il
Si certains font observer que l’Algérie entame un virage essentiel, elle devra absolument le réussir. Un constat partagé par M. Kaoubi pour qui «il faut donc revoir cette copie, parce qu’on s’attendait à ce que le gouvernement soit plus agressif via des mesures plus audacieuses et concrètes», regrettant que la «chose n’ait pas été faite». «Nous voilà face à des problèmes que vivent aussi bien les entreprises que les individus », constate, encore une fois, l’économiste Kaoubi.
Nabil Djemaa abonde en ce sens et souligne que «l’audace paie. Il faut avoir le courage de ses ambitions et les quelques meurettes annoncées, n’aideront en rien la relance. Il faut une politique résolument audacieuse, engagée et surtout courageuse» Mais, pour lui, il ne faut rien stigmatiser et les choses peuvent changer pour «peu qu’on le veuille», tout en précisant, que «l’informel met au défi l’Etat. Faites un tour chez les grossistes et vous comprendrez le fond du problème. Tant que l’informel n’a pas été éradiqué, rien ne sera possible », conclu-t-il ;
Notre capacité donc de s’en sortir ne dépend que de solutions politiques fortes face à un phénomène qui ne cesse de croitre, tant sa capacité de résilience est forte
R. H.