Le Plan d’action du gouvernement adopté jeudi dernier par l’Assemblée populaire nationale (APN) est qualifié d’ambitieux. A la première lecture des grands axes de ce Plan indique que le décollage économique de l’Algérie pourrait être pour bientôt. Mais les expériences précédentes et les différents programmes présentés par les différents gouvernements montrent que c’est au niveau de leur mise en œuvre que le bât blesse…
Par Akrem R.
C’est que, la réalité du terrain est tout autre chose. En effet, le gouvernement que conduit le Premier ministre, ministre des Finances, Aïmene Benabderhamane, aura devant lui une «dure» mission dans la concrétisation de ce plan de relance «perçu» par certains certains chefs d’entreprises comme étant l’ultime chance pour la diversification et la dynamisation de l’économie nationale. Les dysfonctionnements, la corruption et autres phénomènes bloquant toute initiative, sont à l’origine de ces distorsions : un climat des affaires défavorable pour l’investissement et la confiance. Actuellement, il ya un grand fossé entre les institutions de l’Etat et les citoyens.
D’ailleurs, même le Premier ministre a inscrit ce point dans le plan d’action du gouvernement. En somme, l’Exécutif est appelé à mettre les bouchées doubles, afin de réussir ce challenge, à savoir la mise en œuvre de son programme. La rigueur et une vision pragmatique, loin de tout calcul politique, sont également recommandées.
Dans ce cadre, le président du Centre arabe africain d’investissement (Caaid), Amine Boutalbi est catégorique : « Nous devons savoir, d’abord, d’où on va commencer, tout en fixant un échéancier. Si le plan de relance est exécuté sur le terrain, l’Algérie deviendra au bout d’un an la Singapour de l’Afrique». Indiquant que notre pays possède tous les atouts pour le décollage de son économie, Boutalbi, dans une déclaration à la radio « chaine I», a recommandé à l’Exécutif d’accorder une importance capitale à la notion du temps, en concrétisant réellement les engagements sur le terrain.
Respecter la notion du temps
Pour illustrer ces propos, l’intervenant a déploré que depuis mai dernier, le passage transfrontalier de Debdab avec le voisin de la Libye, ne soit pas encore opérationnel. « Depuis cette rencontre, le gouvernement s’est engagé pour la réouverture de ce passage stratégique pour les échanges commerciales algéro-libyennes. Quatre mois après, rien n’est fait», a-t-il déploré. Ceci résume un peu la situation qui prévaut dans plusieurs secteurs, économique, notamment. Beaucoup d’annonces ont été faites par des officiels sans être traduites sur le terrain et des dossiers, à l’instar de celui de l’automobile et du code des investissements, sont toujours en suspens.
Et d’ajouter : « La concrétisation de ce plan de relance doit se faire selon des priorités. L’agriculture et le textile sont les secteurs auxquels il faut donner le plus d’importances. Nous pouvons atteindre notre autosuffisance alimentaire grâce à l’agriculture algérienne. Il suffit juste de faire appel à nos compétences»
Un guichet unique pour l’investissement
S’agissant du code des investissements, Aïmene Benabderahmane a annoncé que ce dernier sera dévoilé dans les deux prochaines semaines. Le gouvernement est appelé à être à l’heure de son engagement, dira le président de Caaid, cette fois ci. Des étrangers et ambassades ont déjà pris note, ajoute-t-il. Passé ce délai, l’Algérie perdra encore de sa crédibilité.
Ainsi, Amine Boutalbi a qualifié le code des investissements de nerf de la relance économique du pays. C’est à travers un code souple, transparent et simplifié qu’on pourra être attractif et compétitif vis-à-vis des investissements direct étrangers (IDE) dont le pays a tellement besoin. Un guichet unique sera la meilleure solution, affirme-t-il, pour la gestion des projets d’investissements, en souffrance depuis plusieurs mois. Le président de CAAID a fait savoir que son centre a réussi à convaincre des investisseurs étrangers d’une capacité globale de 1 milliard de dollars, de venir en Algérie, mais les pratiques bureaucratiques et les lenteurs dans la prise de décisions ont cassé cette volonté et engouement. Une banque étrangère « Exabanque», en l’occurrence, a formulé une demande depuis maintenant deux ans pour s’installer dans notre pays, mais n’a pas reçu de réponse à ce jour, déplore-t-il, également.
Dans le domaine du commerce extérieur, notamment dans le cadre de la promotion des exportations hors hydrocarbures, Amine Boutalbi a suggéré au gouvernement la réalisation de deux zones de libres échanges dans le grand Sud, en les dotant des moyens et incitatations nécessaires pour devenir la porte de l’Afrique.
Réévaluation du pouvoir d’achat
Pour sa part, le président de la Confédération algérienne du patronat-citoyen (CAPC), Sami Agli a suggèré au gouvernement de prendre au sérieux le problème de la dégradation du pouvoir d’achat des Algériens. Indiquant que ce dernier a pris un sérieux coup durant ces dernières années, doit être «réévalué pour relancer la consommation et, par conséquent, la machine économique». M. Agli a expliqué qu’ «on ne peut pas relancer l’économie sans un pouvoir d’achat stable et fort». La double crise financiaro-sanitaire ayant frappé le pays de plein fouet, a eu un impact direct sur l’emploi et l’investissement. La situation est inquiétante : plus d’un million d’emplois perdus, et un nombre effarant d’entreprises en difficulté. Pour le président de la CAPCI, «l’économie nationale nécessite une relance urgente». S’agissant des entreprises en difficulté, Sami Agli, dans une déclaration à la radio nationale « chaine III» a plaidé en faveur du déblocage des projets d’investissements, d’une lutte conséquente contre la bureaucratie, d’un système bancaire plus souple et d’une bonification des taux d’intérêt, notamment, dans cette période de crise sanitaire et économique.
A. R.