L’Algérie exprime son opposition à la décision des pays de l’Union européen (UE) concernant le plafonnement des prix du gaz à partir de janvier 2023. Qualifiée d’ « unilatérale », du fait que les pays du Vieux continent n’ont pas abordé la question avec leurs fournisseurs et producteurs de gaz, cette décision risque de perturber, voire, de déséquilibrer le marché mondial de l’énergie, a mis en garde le ministre de l’Energie et des Mines, Mohamed Arkab.
Par Akrem R.
S’exprimant à l’ouverture de la 4ème journée algéro-allemande de l’Energie, tenue hier à Alger, Arkab a réitéré la position de l’Algérie, œuvrant à la stabilité et à plus de transparence des marchés mondiaux de l’énergie. En clair, seule l’offre et la demande devraient fixer les prix du gaz. Une règle à laquelle les vingt-sept pays de l’UE veulent déroger, en décidant de mettre en place un mécanisme permettant de plafonner les prix de gros du gaz dès qu’ils dépasseront 180 euros le mégawattheure (MWh), durant trois jours consécutifs. Le sujet avait donné lieu à d’âpres négociations. Une partie des Etats membres, dont l’Espagne, la Pologne, la Grèce, ou encore l’Italie, réclamaient un net assouplissement des conditions d’activation du mécanisme.
À l’inverse, d’autres, à l’instar de l’Allemagne, des Pays-Bas, ou encore de l’Autriche, se montraient réticents à toute intervention et exigeaient des « garde-fous » drastiques pour éviter qu’un plafonnement menace les approvisionnements européens. Le risque étant que les fournisseurs de gaz naturel liquéfié (GNL) délaissent l’Europe au profit de clients asiatiques payant leur gaz à des prix plus attractifs.
Pour y remédier, les États se sont entendus pour n’activer le plafond que si la différence entre le prix du TTF et le prix mondial du gaz naturel liquéfié (GNL) est égale ou supérieure à 35 euros. Le mécanisme peut également être désactivé à la demande de la Commission européenne en cas d’urgence. D’autres dispositions prévoient, par ailleurs, sa suspension automatique, notamment, si la demande de gaz augmente de 15 % en un mois ou de 10 % en deux mois, si les importations de GNL diminuent de manière significative, ou encore, si le volume négocié sur le TTF diminue de manière significative par rapport à la même période de l’année précédente.
Toutefois, et malgré ces éclaircissements, la Russie qui est l’un des gros exportateurs de gaz vers l’Europe a vivement condamné cette décision, en la qualifiant de violation du processus de marché pour la formation des prix.
Sur un autre registre, le ministre de l’Energie et des Mines, Mohamed Arkab a critiqué les mesures de l’Europe concernant sa neutralité énergétique d’ici 2050 et l’imposition de la taxe carbone à ses frontières. Ce dispositif aura un lourd impact sur l’industrie pétrolière et gazière et risque même son effondrement. En effet, l’absence d’une vision claire sur le marché européen conduira à la baisse des investissements, dira le ministre. D’ailleurs, la situation actuelle, dont les prix du gaz ont atteint des records historiques, est le résultat de la politique de l’UE qui voulait accélérer sa transition énergétique, en réduisant les investissements dans l’industrie gazière coûteuse et complexe à la fois. L’Algérie a depuis longtemps appelé à la poursuite des efforts et des investissements dans cette énergie, qualifiée de propre, et « amie » de l’environnement. « Le gaz est une énergie propre et une ressource pour le développement durable dans le monde», a souligné, à ce propos, Mohamed Arkab.
L’Algérie prévoit, rappelle-t-on, d’investir 40 milliards de dollars entre 2022 et 2026, dans l’exploration, la production et le raffinage de pétrole ainsi que dans la prospection et l’extraction du gaz. L’ambition du gouvernement algérien est de répondre aux besoins du marché local et d’augmenter les quantités en gaz exportées à 100 milliards m3 dès 2023. Tout un programme pour le développement des EnR est en place, visant la production de 15 000 mégawatts d’électricité. Ceci permettrait de réduire la consommation du gaz localement et l’augmentation des exportations.
A. R.
Construction du gazoduc GALSI: Une étude est en cours
Le ministre de l’Énergie et des Mines, Mohamed Arkab, a révélé qu’une étude sur la construction du gazoduc Algérie-Sardaigne GALSI, est en cours, « avec des spécifications et des normes techniques qui s’adaptent à l’exportation d’hydrogène et d’ammoniac à l’avenir, vers l’Europe et l’Allemagne, notamment », a-t-il précisé. Le ministre de l’Énergie a expliqué que l’utilisation de ce gazoduc sera, en principe, d’exporter des quantités supplémentaires de gaz naturel vers l’Europe et l’Allemagne en particulier, en attendant la mise en place d’un marché réel et concurrentiel de l’hydrogène vert.
Le premier responsable du secteur a confirmé que le développement de cette filière est un axe important, car il est possible de développer plusieurs projets de partenariats et de coopération entre l’Algérie et l’Allemagne.
Pour rappel, au début du mois en cours, Mohamed Arkab, s’était exprimé sur la relance de ce gazoduc, lors de sa participation à Rome, à la 8ème édition du Forum de haut niveau pour le dialogue en Méditerranée (ROME-MED). À ce propos, le ministre avait indiqué que l’Algérie envisage de relancer le projet du gazoduc GALSI la reliant à la Sadaigne, dans le but d’augmenter ses exportations de gaz, notamment vers l’Italie.
Outre l’exportation du gaz et d’hydrogène, l’Algérie veut augmenter ses exportations en électricité. « Nous sommes un fournisseur sûr de gaz, ce qui nous permettra d’être un fournisseur fiable d’électricité à haut rendement», souligne-t-il. Le ministre a également indiqué que l’Algérie dispose d’une capacité de production d’électricité de plus de 25 000 mégawatts. Cela lui permet de mettre en place une capacité journalière de 10 000 sur le marché régional à l’export.
Dans le même contexte, le ministre de l’Énergie a déclaré que le secteur entend développer une large infrastructure de transmission électrique. En plus d’un réseau reliant l’Algérie à la rive nord de la Méditerranée.
S’agissant des projets lancés visant la protection de l’environnement et la réduction des émissions carbone, le ministre a fait savoir que Sonatrach a tracé un programme pour 0% de torchage du gaz en 2030. Un travail scientifique est en cours, avec la contribution de la Banque mondiale et des partenaires étrangers et locaux pour en finir avec le torchage du gaz. Même chose pour le gaz du méthane. « Nous œuvrons pour nouer des partenariats afin de trouver des solutions innovantes pour la récupération de ce gaz et sa valorisation sur le marché national et à l’international», conclut-il.
A. R.