Par Lyazid Khaber
«Un état général de pénurie accroît en effet l’importance des petits privilèges et magnifie la distinction entre un groupe et un autre.»
George Orwell
Cela fait quelques jours, sinon quelques semaines, depuis que la vox populi ne parle que de pénuries diverses. Manques de semoule, d’huile, de sucre ou encore de lait en sachet, rythment le quotidien des Algériens. Pourtant, à y voir de plus près, aucune de ces denrées essentielles ne manquent vraiment. Les stocks disponibles, de l’avis de l’ensemble de ceux qui interviennent dans le circuit, sont largement suffisants pour satisfaire la demande du marché local. Ainsi donc se pose la question de savoir quelles sont les raisons de ces «pénuries préfabriquées». Un peu partout dans le pays, et à peine la rumeur sur le manque d’une denrée quelconque, les gens se mettent à faire des queues devant les magasins et font les emplettes comme dans un état de guerre où le consommateur ne se suffit plus de ses besoins, pour s’acheter des quantités énormes qui créent par la suite un manque réel. Toutefois, si le comportement inconscient de certains de nos concitoyens, justifie en partie cette situation problématique, il demeure qu’il ya d’autres raisons à cela. La plus importante demeure celle inhérente aux cercles intéressés qui distillent justement la fausse information, réussissant à chaque fois à mobiliser le consommateur inconscient qui joue le jeu de la pénurie et qui, par son comportement, contribue à exacerber la crise surfaite. L’autre élément est celui en relation avec le marché lui-même. Ce dernier étant loin d’être bien régulé, se trouve entre les mains de spéculateurs sans foi ni loi qui usent et abusent de procédés malhonnêtes pour faire croire à la raréfaction de tel ou tel produit. Ainsi, tant que les prix ne sont pas régulés, et que les commerçants se trouvent eux-mêmes pris dans l’engrenage de cette spéculation permanente au niveau des marchés de gros et orchestrée par les mandataires et autres distributeurs, il ne pourrait y avoir de solution durable. Et ce n’est absolument pas les déclarations d’un ministre plein de suffisance, à chaque fois pris au dépourvu, qui vont régler ce problème de sitôt. Ceci dit, il est temps pour l’Etat de mieux réguler les circuits de distribution ainsi que les grands marchés de gros, tout en veillant à identifier l’ensemble des intervenants, sans oublier de les garder sous la loupe. Autrement, ce sera faire dans la démagogie puérile, et laisser les charlatans du marché agir à leur guise en prenant en otage tant l’Etat que le citoyen.
L. K.