De la maroquinerie importée «made in Turkey», à la restauration du palais du Bey et de la mosquée Hassan Pacha à Oran, en passant par le succès d’audiences des séries télévisées, et le boom du tourisme en mer de Marmara (au sud d’Istanbul), l’Algérie, a choisi une autre voie de coopération, et entend développer ses relations avec la Turquie en «partenariat stratégique davantage industriel et productif que commercial». Depuis plusieurs années, la Turquie a entrepris une offensive en direction de l’Algérie. Avec 550 projets représentant un investissement de 5 milliards de dollars dans la sidérurgie, les produits chimiques, le textile, le médicament et la construction, ce pays frère a multiplié et a renforcé sa présence dans notre pays.
Par Réda Hadi
Lors de sa visite à Istanbul, capitale de la Turquie en décembre dernier, le Premier ministre, ministre des Finances, Aïmene Benabderrahmane, a affirmé que l’Algérie accorde une «grande importance» au partenariat afro-turc et poursuivra son soutien à ce partenariat pour le hisser à la «hauteur» des attentes des peuples africains, et particulièrement, algérien et turc.
L’Algérie qui veut diversifier ses partenaires, mise, entre autres, sur la Turquie. A ce titre, et dans une déclaration à la presse, en marge de l’ouverture du salon des échanges commerciaux et d’investissements algéro-turcs au centre des conventions «Mohamed Benahmed» d’Oran, le ministre du Commerce et de la promotion des exportations, Kamel Rezig, a indiqué que l’Algérie veut développer ces relations en «partenariat stratégique, davantage industriel et productif que commercial, mutuellement profitable aux parties algérienne et turque». Il faut préciser dans ce sens, que le montant des échanges bilatéraux est en état d’équilibre pour les deux parties. Mais, si l ‘Algérie mise sur la Turquie pour la diversification de son économie, elle n‘en oublie pas moins d‘autres pays, tels que l‘Italie, la Chine ou la Russie.
Les avantages du « gagnant-gagnant »
En ce qui concerne ce virage dans les relations algéro-turques, le ministre du commerce et de la promotion des exportations, Kamel Rezig, a souligné que le salon d’échanges d’investissements et commerciaux algéro-turcs, qui se tient pour 4 jours à Oran, s’inscrit dans le cadre d’une dynamique de relance des activités économiques et du développement des échanges d’investissements et de commerce entre les deux pays.
Analysant cette nouvelle politique de partenariat, M. Billel Aouali, expert en économie, a estimé qu’«il s’agit de la mise en commun de compétences, moyens et/ou ressources (réseau commercial, produit, technologie), entre entreprises concurrentes (ou potentiellement concurrentes), des deux pays sous la forme d’une coopération gagnant-gagnant». Et de préciser qu’«avec ce type de coopération, l’Algérie agit d’égale à égale avec son partenaire. Les apports de chaque partie sont complémentaires et ne génèrent pas de concurrence supplémentaire parmi les acteurs formant l’alliance. Globalement, les alliances stratégiques offrent des opportunités pour accélérer la croissance des partenaires, augmenter leur compétitivité, maximiser leurs profits, diminuer les risques, améliorer leur productivité… tout en permettant à chacun de conserver son indépendance. Une stratégie gagnant-gagnant très flexible qui présente l’avantage d’être réversible.»
L‘expert précisé aussi, que «la Turquie a demandé un accord de libre-échange avec notre pays, car plus de 1200 entreprises turques y sont en activité, dont 30 sont des investisseurs directs, employant plus de 10 000 personnes. En outre, la commission mixte algéro-turque, est un pivot important dans le renforcement des échanges entre nos deux pays».
Les engagements d’Erdogan
Pour des observateurs de la vie économique algérienne, l’Algérie est la plateforme de perpétration de la Turquie en Afrique, outre que celle-ci entend tirer profit de l’expansion économique turque, par ce type de partenariat. Car de l‘aveu même du Président turc Erdogan, lors de sa visite à Alger, «ta Turquie ne considère pas l’Algérie comme une plateforme pour écouler ses produits, mais aspire à réaliser d‘importants investissements». Le Président turc avait même proposé d‘étendre la coopération industrielle entre les deux pays, à l ‘industrie de la Défense.
Sur les demandes exprimées durant le salon par des investisseurs turcs concernant les opportunités d’investissement en Algérie, M. Rezig a souligné que «toutes les données sont disponibles au niveau des plateformes numériques et peuvent être obtenues auprès de notre représentation diplomatique en Turquie et des autres pays».
La Turquie fait partie des 5 premiers clients de l‘Algérie et des 6 premiers fournisseurs.
R. H.