La monnaie européenne est tombée depuis deux jours à son niveau le plus bas depuis son émission, il y a un peu plus de 20 ans. Sur les places de change à l’échelle mondiale, un euro s’échange ainsi à un dollar américain, depuis mardi dernier.
Par Mohamed Naïli
Bien que la fébrilité de la devise européenne remonte à la crise économique de 2008, dite des subprimes, mais c’est l’impact de la guerre en Ukraine sur les économies des 27 qui a précipité la chute de l’euro ces cinq derniers mois, estiment de nombreux spécialistes de la finance internationale.
En réalité en effet, la deuxième monnaie la plus utilisée au monde derrière le dollar américain ne retrouve plus sa vigueur des premières années de son lancement sur le marché, puisque, en termes de stocks d’actifs dans le monde, la monnaie européenne ne représente que 19% actuellement, soit un poids bien inférieur aux 25% qu’elle a atteint en 2004, soit moins de 3 années de sa mise en circulation, selon un récapitulatif dressé par la Banque centrale européenne.
Pour de nombreux observateurs et analystes, cette baisse historique de la valeur de la monnaie unique des 27 est favorisée d’une manière accélérée par les risques de coupure des approvisionnements en gaz russe pour les pays de l’Union européenne, ce qui signifierait une mise à l’arrêt de la machine économique européenne. De nombreux pays de l’UE tirent d’ores et déjà la sonnette d’alarme quant au risque de pénuries de gaz à l’arrivée de la prochaine saison hivernale.
Toutefois, cet affaiblissement face au billet vert n’est pas sans conséquences sur la parité du billet européen face aux autres monnaies dans le monde. C’est le cas pour le dinar algérien où le taux de change de l’euro est passé sous la barre des 150 DA, un niveau jamais atteint depuis la période d’avant la crise Covid-19, voire plus.
Durant la journée d’hier, sur la plateforme officielle de la Banque d’Algérie, un euro vaut 147,49 DA à l’achat et 147,54 DA à la vente, tandis que le dollar américain est coté à 146,96 DA à l’achat et 146,98 à la vente. Au-delà de cette baisse relative du taux de change face au dinar, d’aucuns se demandent si le repli de la devise européenne sur le marché mondial puisse avoir des retombées sur l’économie nationale dans son ensemble.
Près de la moitié des importations proviennent de l’UE
Sur ce registre, lorsque l’on sait que les causes de cet essoufflement de la monnaie européenne sont directement liées aux conséquences de la riposte de Moscou aux sanctions économiques imposées par l’Occident à la Russie, dont l’interruption de l’approvisionnement de l’Union européenne en gaz russe, un marché dans lequel le pays de Poutine est leader en y couvrant plus de 45% des besoins, il est évident que l’Algérie est en mesure de tirer profit de cette nouvelle donne en renforçant sa position sur le marché européen.
Si, actuellement l’Algérie ne détient que 12% de parts de marché de gaz en Europe, cette position est appelée à se renforcer à moyen terme, voir à court terme, avec les accords qui viennent d’être conclus avec des pays clé de l’UE, à l’instar de l’Italie dont les approvisionnements en gaz algérien passeront dès le début de l’année prochaine de 21 à 30 milliards m3.
La France, elle aussi emboite le pas à la péninsule voisine, ce qui se traduit par l’accord signé récemment par Sonatrach et son homologue français Engie, alors que l’Espagne, elle, demeure liée à l’Algérie par l’accord conclu pour l’approvisionnement via le Medgaz, un engagement que l’Algérie a affirmé de continuer d’honorer. Cependant, il est utile de noter que la valeur des exportations de gaz n’est pas censée être impactée par la chute de l’euro dès lors que le prix de ce produit est indexé sur le cours du baril du pétrole qui, lui, est défini en dollar américain sur le marché mondial.
Outre le marché énergétique, la fébrilité de la monnaie européenne aura des retombées aussi sur la balance commerciale, dans la mesure où une large partie des importations de l’Algérie proviennent de l’Union européenne, donc libellées en euro, tandis que les exportations, constituées à plus de 90% de produits énergétiques (pétrole et gaz), sont beaucoup plus libellées en dollar.
Selon les statistiques des services de douanes pour l’année 2020, les principaux fournisseurs de l’Algérie sont des pays de l’Union européenne, à savoir l’Espagne, l’Italie et la France, alors que les achats en produits alimentaires, équipements, médicaments et outils industriels de l’Algérie en provenance du marché unique représentent plus de 48% du volume global des importations. C’est donc dans ce chapitre que la baisse de l’euro pourrait représenter un avantage supplémentaire pour l’Algérie.
M. N
不知道说啥,开心快乐每一天吧!
Long living the peace