Le marché boursier poursuit sa dynamique et verra l’introduction d’une nouvelle banque publique durant ce premier trimestre de 2025. En effet, après l’introduction du Crédit Populaire Algérien (CPA) début 2024 et celle d’une startup en décembre dernier, c’est au tour de la Banque de Développement Local (BDL) de procéder, dès le 20 janvier courant, à l’ouverture de son capital via la Bourse, à hauteur de 30 %.
Par Akrem R.
«La Commission d’Organisation et de Surveillance des Opérations de Bourse (COSOB), réunie le 31 décembre 2024, a apposé son visa sur la notice d’information relative à l’augmentation de capital par appel public à l’épargne de l’EPE/Banque de Développement Local-Spa, à hauteur de 30 % du capital social, par l’émission de 44,2 millions d’actions au prix unitaire de 1 400 DA», a annoncé Youcef Bouzenada, président de la COSOB, lors d’une conférence de presse organisée mardi à Alger.
Il a précisé que cette opération, qui s’étalera du 20 janvier au 20 février 2025, vise à lever un montant total de 61,88 milliards de DA, dont 17,68 milliards de DA de prime d’émission.
À l’issue de cette opération, le capital de la BDL sera porté à 147,4 milliards de DA, a ajouté Bouzenada.
Selon Bouzenada, cette OPV se divise en trois segments : le premier, représentant 40 % du total, sera destiné aux personnes physiques ; 30 % seront alloués aux personnes morales ; et 30 % aux investisseurs professionnels, conformément à l’article 61 du règlement général de la Bourse.
La souscription minimale est fixée à dix actions, avec une variation entre 10 et 1 000 actions selon le profil de l’investisseur.
Le 4 décembre dernier, le Conseil des Participations de l’État (CPE) a donné son accord pour l’ouverture partielle du capital de la BDL, à hauteur de 30 %, en vue de son introduction à la Bourse d’Alger.
De son côté, la COSOB a validé la notice d’information concernant l’offre publique de vente lors d’une réunion préalable à la conférence de presse.
Les intermédiaires en opérations de Bourse (IOB) chargés de la vente des actions seront les six banques publiques (BNA, BEA, CNEP Banque, BDL, CPA, BADR), ainsi que la Société Générale Algérie, Tell Market et Invest Market.
Sur ce point, Bouzenada a insisté sur l’importance d’une coordination efficace pour garantir le succès de cette opération.
«Nous voulons offrir aux investisseurs toutes les garanties de transparence et d’accès à l’information, grâce à la disponibilité des documents liés à l’opération, que ce soit au siège de la BDL ou via nos plateformes en ligne», a-t-il souligné.
Selon le président de la COSOB, cette initiative s’inscrit dans une stratégie nationale visant à moderniser et diversifier les sources de financement tout en dynamisant un marché boursier encore en quête de vitalité.
Il a rappelé que la COSOB avait engagé un long processus avec la BDL pendant six mois pour préparer cette introduction, notamment à travers l’élaboration minutieuse de la notice d’information.
Renforcer la bourse d’Alger
Ce document est essentiel à la transparence et à la rigueur de l’opération, reflétant ainsi l’engagement à accompagner les entreprises désireuses de s’introduire en Bourse. «Nous avons conçu cette notice d’information pour garantir que toutes les parties prenantes aient accès à des informations claires et détaillées», a-t-il indiqué.
Le président de la COSOB a par ailleurs souligné l’importance de renforcer l’attractivité de la Bourse d’Alger. «Nous manquons encore de titres échangés sur le marché, ce qui limite son dynamisme. Avec des institutions comme la BDL, capables de générer des bénéfices et de distribuer des dividendes, nous espérons dynamiser le marché et attirer de nouveaux investisseurs», a-t-il déclaré, rappelant au passage les efforts consentis par la COSOB pour la mise en place d’un nouveau règlement souple, en remplacement de celui de 1997.
«La COSOB a actualisé le cadre réglementaire, tout en levant plusieurs obstacles bloquant auparavant l’entrée d’entreprises en Bourse», souligne-t-il, mettant en avant les incitations fiscales attractives, notamment l’exonération d’impôt sur les dividendes et les plus-values pendant une durée de cinq ans, conformément à la législation en vigueur.
Outre ces avantages et incitations, les pouvoirs publics, affirme-t-il, ont décidé de booster le marché boursier par l’introduction de sociétés publiques afin d’alimenter le marché par des titres de qualité et surtout capter des entreprises privées en Bourse.
« Nous visons à donner plus de confiance aux investisseurs, notamment aux sociétés du secteur privé, pour qu’elles s’introduisent en Bourse », indique-t-il.
Avec un nouveau cadre réglementaire conçu en vue de donner une plus grande attractivité au marché boursier pour les entreprises à la recherche de financements, la Bourse d’Alger a commencé en 2024 à récolter les fruits de cette réforme: sa capitalisation a été multipliée par 7, passant de 71 milliards de DA (Mds DA) à fin 2023 à plus de 500 Mds DA (environ 4 Mds USD) après l’introduction du Cré- dit populaire d’Algérie (CPA), début 2024.
Une accélération de l’activité qui devrait être encore plus soutenue notamment avec l’introduction prochaine de la Banque de développement local (BDL) et de l’opérateur de téléphonie mobile Djezzy.
Modernisation du secteur financier et monétaire
De son côté, Lalmas a souligné que cette opération s’inscrit dans le cadre de la modernisation du secteur financier et monétaire, «offrant ainsi aux investisseurs nationaux une opportunité unique de participer à cette évolution».
Il a également précisé qu’une vaste campagne de communication sera mise en place pour informer le public des détails de l’opération et des avantages liés à l’acquisition d’actions de la BDL.
Une autre conférence de presse est prévue le 7 janvier à Alger afin de présenter plus en détail l’opération d’introduction de la BDL à la Bourse d’Alger, selon le directeur général.
En somme, cette introduction en Bourse ne se limite pas à une simple ouverture de capital, mais amorce une transformation ambitieuse qui pourrait redéfinir le paysage économique algérien.
La modernisation du système financier devient plus que nécessaire pour la poursuite de la dynamique économique du pays, enclenchée depuis 2020.
La diversification de l’économie nationale nécessite également un système financier solide et diversifié, d’autant que le budget de l’État n’est plus en mesure, à lui seul, d’assurer les financements nécessaires pour soutenir un marché en pleine expansion.
L’ouverture de nouvelles pistes de financement s’impose donc avec acuité, et le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, n’a cessé d’appeler les opérateurs privés à participer au financement de l’économie nationale.
A. R.