Attendu depuis de longues années par les entreprises privées et publiques parvenant à réaliser des opérations d’exportation et recommandé par des organismes, tel Algex ou le Cnese, le projet d’installation des banques nationales à l’étranger semble enfin sur le point de connaitre un début de concrétisation.
Par Mohamed Naïli
Le dossier vient, en effet, de faire l’objet d’examen lors de la dernière réunion du gouvernement au moment où des représentants de banques publiques viennent d’exprimer leur engagement à s’inscrire dans cette démarche pour accompagner les entreprises locales dans leur quête de parts de marché à l’export.
Le Premier ministre, Aïmene Benabderrahmane, vient, ainsi, d’affirmer, lors de la réunion de son Exécutif mercredi dernier, que la première phase de la préparation de l’ouverture d’agences bancaires algériennes à l’étranger sera finalisée avant la fin de l’année en cours. « L’ensemble des démarches relatives à la mise en œuvre de la première phase de ce projet devront être finalisées avant la fin de l’année en cours » a-t-il déclaré en évoquant ce dossier de banques nationales à l’étranger qu’il qualifie d’ « une réelle opportunité pour le rayonnement économique de l’Algérie, particulièrement sur le continent africain ».
S’inscrivant dans la même ambition que nourrit l’ensemble de la sphère économique nationale pour le marché africain, trois banques publiques, à savoir la BEA, la BNA et le CPA, sont annoncées pour inaugurer ce projet d’implantation du système bancaire algérien en Afrique, en prévoyant d’ouvrir des filiales dans certains pays du continent, selon le Premier ministre. Cependant, la BEA vient d’entamer aussi son projet d’ouverture d’une filiale en France, baptisée « BEA Internationale ».
De leur côté, les banques publiques semblent prêtes à aborder ce nouveau challenge d’aller opérer au-delà des frontières et ce sont leurs représentants qui l’expriment à partir de Dakar ce week-end, où ils ont pris part au salon de l’industrie pharmaceutique « El Djazaïr Healthcare ».
La BNA, selon son secrétaire général, Din Benabdi, est déjà désignée par les pouvoirs publics pour ouvrir une agence dans la capitale sénégalaise. Le SG de la BNA a précisé ainsi que « le dossier a été étudié par les cadres de la Direction générale de la banque, qui se sont déplacés au Sénégal afin d’accomplir la procédure, en attendant la décision des pouvoirs publics sénégalais d’autoriser cette activité sur son territoire ».
Au niveau du CPA, ce sont les ambitions de l’industrie pharmaceutique algérienne d’aller à la conquête du marché africain qui semblent susciter un réel intérêt. Selon le directeur de marketing et communication de ladite banque, Mehdi Aliane, le CPA, qui a pris part au salon « El Djazaïr Healthcare », accorde une grande importance au domaine pharmaceutique « pour accompagner les investisseurs algériens à l’étranger, notamment dans les pays africains ».
En finir avec la rigidité
L’initiative d’ouvrir le système bancaire national sur le marché international a suscité la satisfaction des milieux d’affaires et les spécialistes de la finance. L’économiste Brahim Guedouzi, par exemple, inscrit cette décision au chapitre des mesures que prennent graduellement les pouvoirs publics pour libérer le potentiel de l’économie nationale à l’export. « Notre potentiel à l’export rencontre deux points faibles : l’absence d’agences bancaires à l’étranger et la question de la logistique pour les entreprises exportatrices (…) L’Algérie est l’un des rares pays qui n’a pas de structures bancaires à l’étranger. Et nous avons besoin d’agences bancaires qui accompagnent les opérateurs économiques en termes de sécurisation des paiements et d’accompagnement par des conseils ».
Toutefois, le système bancaire algérien qui, dans son état actuel, donne l’apparence d’évoluer en vase clos, nécessite des réformes profondes pour en finir avec la rigidité qui le caractérise et élargir sa connexion au marché bancaire international. C’est, à coup sur, dans cet objectif que la modernisation du système bancaire et financier occupe une large place dans le Plan d’action du gouvernement qui sera débattu au Parlement dans les semaines à venir. « Disposer d’un secteur bancaire et financier performant, moderne et accessible, de sorte à améliorer son attractivité et accroitre sa contribution au développement de l’économie nationale », est ainsi l’objectif des réformes prévues dans le Plan d’action du gouvernement.
M. N.