Dans cet entretien réalisé par le Professeur Mohamed Bouhamidi, l’indomptable Professeur Omar Aktouf, véritable pourfendeur de l’économie néo-libérale, revient sur la situation de l’économie mondiale en cette période impactée par la crise sanitaire –non encore finie- d’après lui, et pose les jalons de réponses qui peuvent être apportées, autant que les solutions à même d’éviter de sombrer davantage dans les fausses issues proposées par les tenants de l’ordre économique mondial. Fidèle à sa vision, le Pr Omar Aktouf, regrette la montée de l’inflation de par le monde, mais surtout les «fausses» solutions proposées. «Nous n’en avons pas fini avec ce virus –directement issu de l’hyper extractivisme de l’économie néolibérale qui veut aller gratter jusqu’aux derniers petits recoins de ce monde afin de se procurer, au plus vil prix possible, des matières premières de plus en plus difficiles d’accès, mettant ainsi en contact des espèces animales et végétales que la Nature a soigneusement éloignées et séparées les unes des autres depuis des millénaires immémoriaux!», dira-t-il. Interview.
Entretien réalisé pour Eco Times, par le Pr Mohamed Bouhamidi*
Pr Mohamed Bouhamidi : Le monde assiste à une inflation élevée. Même les grandes puissances, dont les États-Unis, ne sont pas épargnées. Au chapitre des solutions, certains avancent une élévation des taux d’intérêt, d’autres une hausse des salaires. N’y a-t-il pas risque que le »remède » aggrave la maladie?
Omar Aktouf : Oui! Notre monde est en proie à un rythme inflationniste parfois démentiel dans certaines contrées. Hélas, pas les plus riches ou les plus nanties ou résistantes. Par exemple en Tunisie ou j’ai eu à séjourner quelques semaines récemment, il existe une inflation deux à trois fois supérieure, sinon plus, à celle que j’ai observée en Algérie ou au Maroc. Même chose entre Canada et France par exemple comme un peu partout dans le monde. Cependant un fait est sûr: une réelle et importante inflation est déjà galopante à travers la planète. Ce phénomène prévisible à l’échelle de la planète est bien entendu et plus que certainement dû aux conséquences multiples du Covid 19 depuis fin 2018 et leurs effets collatéraux. Mais aussi à une politique économique planétaire quasi totalement et opiniâtrement orientée vers les préceptes du néolibéralisme dont on peut observer à loisir et à l’œil nu les considérables dégâts, qui se déroulent et s’accélérèrent toujours plus et plus gravement un peu partout.
Avant, en toutes choses, d’avancer des «solutions», il convient d’examiner les causes. Or ces causes pour ce qui nous occupe ici, pour la plus grande partie, échappent totalement aux raisonnements économiques néoclassiques/néolibéraux habituels (du moins dans le monde du capitalisme dit financier). Bien que, cependant, je dirais d’emblée que fort malin et hyper perspicace, celui qui arrivera à les cerner réellement, je m’aventure à avancer qu’il y en a plusieurs, de ces causes plausibles, dont je mentionnerais principalement:
1- Le fait que la main d’œuvre est devenue plus coûteuse et plus exigeante après avoir gouté à des indemnités d’urgence étatiques souvent plus généreuses que les salaires d’avant le confinement. Et ce dans bien des secteurs, même à main d’œuvre moyennement ou peu qualifiée comme les services de restauration, d’hôtellerie, de livraisons, d’entretien, de manutention, caisses…etc. Et qui, désormais refusent de revenir aux conditions «d’avant».
2- Le fait que, durant près de trois ans, il n’y a pas eu, ou pratiquement pas, de formations de ce genre de main d’œuvre: ce qui en a aggravé la «pénurie» et haussé les exigences notamment en demandes salariales, en avantages divers…
3- Le fait que, durant ces trois années, il n’y a pas eu, dans les pays concernés et l’occident en général, d’apport traditionnel de main d’œuvre «compensatoire» provenant des flux de l’immigration habituelle.
4- Le fait que le confinement et autres effets du Covid 19 ont considérablement ralenti, sinon stoppé, les productions, acheminements, transformations intermédiaires, transports etc., …de nombre de produits et services, y compris les conteneurs, l’usage des voies maritimes moins chères, des voies ferroviaires, de camionnages… bref l’ensemble des chaines logistiques, du froid, des transports nationaux et internationaux…
5- Le fait que, durant ces trois années, les productions de tout ce qui est intrants dans la production de grands nombres de produits indispensables (l’exemple des métaux rares et des puces pour les automobiles, camions, avions, cellulaires, électroménager… en est un des plus parlant) rendant du même coup tous ces produits aussi «rares» que plus chers.
6- Le fait, très loin d’être négligeable, de voir les entreprises, banques, multinationales… profiter de la situation pour scandaleusement gonfler leurs marges de profits (ainsi la seule gigantesque canadienne Loblaw a augmenté sa marge de 40% – sic ! – ce dernier trimestre par rapport au même trimestre l’an passé!! Elle est loin d’être la seule. Pratiquement toutes les entreprises de ce secteur –produits grand public, carburants, alimentaire– ont en fait autant). De ceci, dans les milieux d’affaires, politiques, médias… on parle fort peu, évidemment. Mais de la nécessité d’éviter tout mouvement de hausse des salaires, ou de redistribution ni même de taxation de ces surprofits, il en est bruyamment question partout.
7- Et le fait, enfin, si on veut s’en arrêter là, que les productions, acheminement, conditionnement, conservation…etc., des produits alimentaires ont évidemment été également considérablement ralentis durant ces années; ce qui bien sûr a rendu la vie graduellement plus chère un peu partout, bien que de façons inégales selon les régions, pays, mais frappant plus et de plein fouet les moins nantis…
On pourrait cependant et très sérieusement et considérablement ajouter à tout cela le fait que les institutions financières et les entreprises (à preuves les profits mirifiques –en sus des non moins bien généreuses «indemnités» accordées par les États- que ces organisations ont engrangés durant et après ces trois années fatidiques. Bien trop souvent les taux de hausse de ces profits (Big Pharma, banques, pétrolières, entreprises des secteurs de l’alimentation, de l’agro-industrie…) sont bien supérieurs, et même indécemment hors proportions, par rapport aux hausses des prix dus à l’inflation, dont on a examiné les quelques causes plausibles plus haut.
Cela est particulièrement observable –je le réitère- dans les incommensurables différentiels d’augmentation des profits par rapport à celle de l’inflation, dans par exemple le secteur pharmaceutique, celui des hydrocarbures, celui de l’alimentaire, du logement, des transports…
Tout cela m’amène donc à tenter de trouver réponse à la question des «remèdes» préconisés dont vous parlez. Ce sont là de fort habituelles réactions néoclassiques/néolibérales à ce genre de problèmes. Ce qui consiste en: 1- Soit faire du quantitavie easing – ou assouplissement quantitatif (lâcher la bride sur la planche à billets) afin de «booster» artificiellement le pouvoir d’achat, ou soit 2- hausser les taux d’intérêts pour faire subvenir l’inverse: assécher une substantielle partie (en rendant l’obtention de crédits plus difficile) de la monnaie en circulation et ainsi abaisser la demande et du même coup les prix. On peut avoir aussi recours au chômage qui fait diminuer la quantité de monnaie circulante par celle des salaires; mais comme on est en situation de manque de main d’œuvre suffisamment qualifiée, comme montré plus haut, ce serait une non-solution, pour le moment.
Cependant, que ce soit la planche à billet ou la hausse des salaires, il ne s’agira jamais que de mesures artificielles et cosmétiques, en plus d’être éculées et usées jusqu’à la corde, et de toujours frapper les mêmes: les plus vulnérables. Ce genre de «solutions» n’est évidemment surtout pas structurel, car 1- il toucherait aux fondements même du système tel que voulu par ceux qui en profitent et 2- il est éminemment pensé pour répondre à un problème qu’on veut faire passer pour momentané-réversible –alors même que si, certes, les causes immédiates sont conjoncturelles le fond du vrai problème et ses causes profondes sont, elles, structurelles (notamment dues au mode de pensée économique néolibéral).
Ce mode de pensée oublie notamment qu’on ne peut indéfiniment compter sur l’immigration, sur les capacités des États à inlassablement fournir de la main d’œuvre gratuitement qualifiée aux entreprises, ou à voler à leur secours quand elles sont en difficultés (voir l’exemple de ce que fait Macron avec EDF aujourd’hui en France, après Alstom, Air-France…). Ou encore sur la continuité infinie et sans accrocs des bons fonctionnements des chaînes immanquablement interdépendantes et enchevêtrées du commerce mondial: production, conditionnement, transport, distribution… Et ce particulièrement avec une économie «mondialisée» au point de rendre un épicier de Paris complètement vulnérable devant le plus petit «incident» de rouage en Chine, ou devant le surgissement de virus inconnus, se produisant au fin fond du bout du monde. Choses qui deviendront, cela est l’évidence même désormais, de plus en plus la règle que l’exception.
Donc pour conclure au sujet de cette question, disons que oui, certainement, ces remèdes seraient plus nocifs que bénéfiques. Autant l’un que l’autre. Car d’un côté, hausser les salaires sans contreparties en termes de hausse proportionnelle de biens, services, commodités… dans ladite «économie réelle» cela ne sera que facteur d’inflation supplémentaire, voire dans bien des cas (exemple encore une fois de la Tunisie où sévit déjà une hyper inflation) facteur de surchauffe et/ou d’hyper inflation encore plus incontrôlables. Ou alors d’un autre côté, assécher peu ou prou la circulation d’argent par le resserrement des conditions d’emprunts notamment, cela risque d’enclencher, à l’inverse, une baisse drastique du pouvoir d’achat (déjà en bien des pays et particulièrement en Tunisie où je l’ai vu, les populations ont un recours quasi massif et systématique au crédit bancaire pour faire face même aux dépenses les plus courantes !) et un mouvement déflationniste: baisse des prix par défaut de demande solvable et désinvestissements en prime…: excellents facteurs de récession accélérée (en plus de pousser les populations à des formes de protestations sociales qui deviendraient certainement violentes).
Au fond, donc, LA solution et LA seule reste de revoir de fond en combles notre façon de penser l’économie-gestion et… de se mettre au plus vite 1- à faire payer (enfin!) les criminels-coupables-responsables de tout ce carnage auquel nous assistons, les hypers riches de cette planète et leurs immenses paradis fiscaux à commencer par les USA (oui!) et à finir par la City de Londres, ou la Suisse en passant par tous les Luxembourg, Monaco, Panama, Andorre, Bahamas, îles Caïman… de ce monde. Chacun des dollars amassés par ces hypers riches correspond à d’énormes destructions passées et aux super destructions que nous observons; incendies, climat affolé, sécheresses, famines, inondations, pauvretés, injustices… Leurs super-méga colossales fortunes construites sur la dégradation systématique de la planète depuis la Révolution industrielle (un Jeff Bezos «pèse» à lui tout seul plus de mille milliards de dollars!!!) doivent être saisies et mises à disposition des États et des populations pour tenter de «réparer» le peu de ce qui peut encore l’être.
Et 2- en redistribuer une bonne partie sur l’ensemble des régions les plus atteintes afin de juguler inflations (par exemple par des mécanismes de subventions), baisses des pouvoirs d’achats… Et 3- enfin, pour le plus long terme, adopter au plus vite la prescription du Club de Rome datant de 1972(!) soit mettre un point d’arrêt immédiat à la croissance pour la croissance (PIB, PNB…) et à l’enrichissement dépassant toute indécence des riches de ce monde. Je plaide donc pour aller vers une autre forme de croissance: ladite «croissance organique différenciée» déjà préconisés par le Club de Rome, c’est à dire abaisser drastiquement les taux de croissance des pays nantis afin de permettre aux non-nantis d’avoir une croissance minimalement positive sur de longs cycles, sans remettre en question l’intégrité et la survie de notre planète.
Et puis et surtout n’oublions pas ces deux exhortations parmi les plus insistantes de Albert Einstein: «Aucun problème ne peut être résolu à partir du système de pensée qui a créé le problème»; et «À refaire indéfiniment les mêmes choses, il est fou d’espérer un quelconque changement!».
La phase post-Covid s’annonce décisive. La concurrence dans l’économie du savoir et dans la digitalisation va battre son plein. En Algérie, des compétences montent et le Gouvernement affirme sa volonté de les accompagner dans le cadre du nouveau paradigme économique qu’il compte mettre en place. Par quels leviers, l’Algérie pourra-t-elle réussir ce défi?
Ma réponse à cette question sera aussi étonnante que totalement décalée par rapport aux discours les plus courants sur ces sujets.
Je commencerais par dire que nous sommes déjà dans la phase pots-Covid, et sans doute de plain-pied. Cette phase se caractérise expressément par les dégâts considérables et les reliquats collatéraux de ces dégâts. Déjà on annonce une huitième vague sans doute aussi dévastatrice que les précédentes (nul ne peut rien en dire en fait, sauf que nous sommes loin d’en être sortis) pour l’automne 2022! À mon avis il est très prématuré de parler de réelle ère post-Covid. Nous n’en avons pas fini avec ce virus –directement issu de l’hyper extractivisme de l’économie néolibérale qui veut aller gratter jusqu’aux derniers petits recoins de ce monde afin de se procurer, au plus vil prix possible, des matières premières de plus en plus difficiles d’accès, mettant ainsi en contact des espèces animales et végétales que la Nature a soigneusement éloignées et séparées les unes des autres depuis des millénaires immémoriaux! Et «créant» ainsi des combinaisons et mutations de centaines de milliers de virus jamais destinés à se croiser. Cela cessera-t-il en donnant prédominance et libre chemin à toutes ces chimères dénommées nouvelles économies, économie du savoir, de l’intelligence artificielle, des start-up… pour se réaliser sans nouveaux dégâts qui annihileront d’avance tous «gains» espérés de ces dites nouvelles économies? Qui peut le garantir alors que tous les signes (climatiques, écologiques… épidémiologiques…) indiquent opiniâtrement le contraire?
Il convient, avant d’aller plus loin, de bien comprendre que ces dites économies du savoir…etc., relèvent de ce que l’on appelle le secteur «tertiaire non-marchand» de l’économie. C’est-à-dire d’un des trois principaux «secteurs» économiques classiques: le primaire, c’est à dire extraction; le secondaire, la transformation; et le tertiaire, les services… Or ce dernier a une caractéristique que les deux premiers n’ont pas: c’est celle d’être composé d’une partie dite «marchande» et d’une seconde dite «non-marchande». Cette partie est dite non-marchande du fait qu’elle ne peut se suffire à elle-même ni survivre et prospérer par elle-même. Elle a donc absolument besoin de l’apport économique de sa composante dite marchande, mais aussi -et principalement- des deux autres secteurs (primaire et secondaire) afin d’exister, se maintenir et évoluer.
Autrement dit, il faut comprendre que c’est là une partie de l’économie quasi parasite des autres ! Et donc dépendante de l’accroissement de ces «autres» pour se maintenir et croître elle-même. Je me suis souvent prononcé sur ce sujet, et il y a même des années! Notamment dans un de mes principaux livres «La Stratégie de l’Autruche». C’est une vraie chimère que de croire pouvoir compter sur cette économie dite de la connaissance, du savoir, virtuelle, de l’intelligence artificielle… pour prendre, même en parie, les rôles et places qu’occupent les secteurs de l’économie plus traditionnelle, plus réelle et plus concrète comme celle qui caractérise les secteurs primaire et secondaire et tertiaire marchand (transports, hôtelleries, tourismes, restaurations, communications…).
Le secteur non-marchand est tout simplement incapable de générer les revenus et moyens économiques pour survivre ou se suffire car il a un besoin vital des revenus et numéraires produits par les autres secteurs pour pouvoir trouver débouchés à ses propres «productions» (ceci sans mentionner le fait que le nerf de sa guerre qui est l’information, la connaissance, ne sont nullement des ressources en soi! au contraire, plus on en dispose plus on dispose de «capacités» et «nécessités» d’aller vers les autres secteurs pour faire de ces informations… des utilités et commodités permettant ce que permet l’économie dite réelle (pour plus de détails voir à ce sujet mon livre «La Stratégie de l’Autruche»).
Ainsi, pour prendre un exemple trivial, une personne perdue en pleine nature, ayant froid, affamée… ne va certainement pas se mettre à chercher un terrain de golf, un casino, une console de jeu ou un algorithme boursier pour s’en sortir! Elle va d’abord se chercher une route, un autobus, un restaurant, un hôtel, un abri, un hôpital… Ou encore, un Africain du fin fond de la brousse du Togo qui a faim, n’a que faire «d’informations» sur le poulet… ce dont il a besoin c’est d’un poulet provenant d’une vraie et concrète installation de production de poulets! En un mot comme en mille, sans les installations concrètes, l’argent, les revenus et les moyens provenant d’abord des activités de l’économie réelle traditionnelle –concrète; cette économie dite du savoir, de la connaissance, virtuelle… n’a aucune façon ni moyen de faire acheter, de trouver, par elle-même, des débouchés à ce qu’elle peut produire! Qui aurait l’idée de chercher à s’offrir un laptop, une tablette, un téléphone portable, un Kindle, une console de jeu… s’il n’a déjà des revenus provenant d’abord d’un travail dans l’un ou l’autre des secteurs concrets -«marchands»? relevant, eux, de l’économie «réelle»!? Autrement dit, il est impossible de penser une économie où tous travailleraient dans les nouvelles technologies et le virtuel, et où ils seraient tous capables de se procurer, à travers ce genre d’emplois, tous les gadgets et technologies qu’ils produisent, en plus de tout ce dont ils ont besoin pour vivre!!
Les revenus de gens travaillant dans les autres secteurs –d’abord!- leurs sont absolument indispensables pour écouler ces gadgets et technologies. Donc si cela signifie quelque chose, et quelque chose de très grande importance, c’est que pour développer une économie virtuelle, du savoir, des technologies… il faut d’abord sur-développer une économie basée sur les secteurs «marchands», depuis l’alimentaire jusqu’aux transports, infrastructures, écoles, universités… industries d’extractions, de transformations, de services marchands…
À moins d’imaginer des sortes de pays entièrement «silicones vallées» qui ne vendraient à une kyrielle d’autres pays «absolument pas silicones vallées» que produits et gadgets électroniques, informatiques, jeux… en étant obligés d’importer tout le reste, depuis la nourriture, jusqu’aux bicyclettes! Ce qui évidemment n’a aucun sens. Cela n’a non seulement ni sens ni possibilité de viabilité à long terme avec de telles dépendances «de vies concrètes-réelles» elles, absolument indispensables, incontournables, inexorables!
Par ailleurs il est bien connu et bien documenté, que, et ô combien, ces «économies du savoir» et leurs «technologies» sont hyper coûteuses en tout… jusqu’en sur-dévastation de notre planète. Et tout cela depuis les très hautes formations des servants humains -incluant tout ce que cela implique-, jusqu’aux immondes conditions (écologiques, humaines…) de recherche et extraction de terres rares, en passant par des semi-finis, intrants, liants chimiques, solvants, adjuvants… des plus onéreux-polluants et vecteurs de maladies des plus ignobles qui soient, jusqu’aux installations de production nullement moins nocives…
Mais aussi et plus grave, en des temps où les terres pour s’alimenter et l’eau pour survivre se tarissent partout, leurs affolantes nécessités de dévaster des surfaces inouïes de terres pour se procurer ne serait-ce que les fameuses composantes venant de «terres rares» (ainsi la production d’un simple laptop nécessite de retourner-dévaster jusqu’à huit tonnes de terre. Out en y ajoutant 70% d’eau !). D’où l’Algérie, pour prendre cet exemple que vous évoquez, pourrait-elle tirer les ressources (de toutes sortes, depuis les «humaines», jusqu’aux finances et les intrants, les terres, l’eau…) qui permettraient de se lancer tête baissée dans une telle «économie du savoir»? Quand aura-t-elle d’abord développé des niveaux suffisants des autres secteurs (déjà en état sinistrés!) depuis l’instruction, jusqu’aux infrastructures, en passant par l’autosuffisance alimentaire, industrielle, des services…? Quand?
Je me vois bien désolé de conclure ma réponse à cette question en vous affirmant que ce n’est là pratiquement que rêves, pensée magique, wishfull thinking, et chimères sorties de cerveaux qui ne pensent pas bien au-delà du bout de leur nez! Il suffit pour s’en convaincre de songer au nombre incalculable de «projets de modèles économiques pour l’Algérie» qui, depuis plus de soixante ans, ne se sont avérés que terribles éléphants blancs et chimères, accouchant pour finir d’une nouvelle race d’Algériens: les innombrables malheureux «Harragas».
Suite de l’interview dans notre édition de demain
J’ai un grand respect pour les intellectuels et économistes de gauche et je partage complètement la peur voir la nausée du système capitaliste et plus encore ses intellectuels.
Toutefois sur le plan pratique ( partis et pouvoirs de gauche) ne proposent des alternatives efficaces. l’homme étant motive par le profit, de ce point de vue l’entreprise capitalise est plus efficace et plus rentable.