Non satisfaits de la dernière nouvelle grille indiciaire, les syndicats du secteur de la fonction publique sont en «colère» et interpellent le gouvernement sur la «nécessité de l’ouverture d’un dialogue franc et sérieux» afin de parvenir à une «solution consensuelle» sur la problématique des salaires, notamment.
Par Akrem R.
D’ailleurs, ces syndicats au nombre de 28, regroupés au sein de la Confédération syndicale nationale (CSA), ont décidé de renouer avec la protestation, en appelant à une grève nationale de deux jours les 26 et 27 de ce mois.
La décision a été prise, avant-hier à Alger, lors d’une réunion au siège de l’Union nationale du personnel de l’éducation et de la formation (Unpef). En effet, le recours à cette action mettra fin à la trêve et l’accalmie dans les différents secteurs de la Fonction publique. Un nouveau bras de fer entre les syndicats et le gouvernent s’annonce, donc.
«Les 50 point ajoutés dans la nouvelle grille indiciaire de chaque catégorie n’est pas suffisante et loin des aspirations et attentes des fonctionnaires des différents secteurs», estimera, Messaoud Amraoui, cadre syndical et ex-parlementaire. Pour lui, cette revalorisation n’est que de la «poudre aux yeux». Il a fait savoir que, selon une étude réalisée par des syndicats, les fonctionnaires des différents grades bénéficieront d’une hausse variant entre 2293,4 DA et 4358,49 DA.
« C’est une hausse dérisoire par rapport au pouvoir d’achat qui ne cesse de reculer et, également, par rapport à la dévaluation de la monnaie nationale. Les prix des différents produits, notamment, de large consommation sur le marché national, ont subi une hausse de plus de 70% et les salaires sont inchangés», a détaillé Amraoui, mettant en garde le gouvernement sur une éventuelle «explosion sociale». « Les syndicats sont en effervescence. Une grève de deux jours a été déjà décrétée, comme un premier d’avertissement. Nous risquons une paralysie dans la Fonction publique», alerte l’ex- chargé de communication de l’UNPEF qui était, hier, l’invité du Forum d’El Wassat.
Plaidoyer pour la création d’un observatoire du pouvoir d’achat
Pour l’intervenant, il est temps pour l’Etat de procéder à la «création d’un observatoire national du pouvoir d’achat». Cet organisme prendra en charge l’évaluation des fluctuations possibles du pouvoir d’achat et de l’inflation. Il aura également les prérogatives d’intervention auprès des autorités pour les révisions salariales adéquates. En clair, la révision des salaires doit prendre en considération l’indice des revenus et celui des prix, a-t-il expliqué. «Dans plusieurs pays, une commission est chargée du suivi de l’indice du pouvoir d’achat. Elle veille à la préservation du pouvoir d’achat des ménages, en intervenant, au le moment opportun, pour faire face à une situation particulière. Notre pays est appelé à s’inspirer de ce modèle. Les salaires des fonctionnaires doivent être en adéquation avec la réalité des prix», détaille-t-il.
Effort colossal des autorités
Messaoud Amraoui a estimé, par ailleurs, en se basant sur une étude, que le salaire minimum pour chaque fonctionnaire ne doit pas être inférieur à 60 000 DA. Un salaire minimum permettant de garantir une vie décente pour le fonctionnaire, indique-t-il, tout en déplorant, au passage, que malgré l’augmentation du SNMG à 20 000 DA, une large catégorie de travailleurs de la Fonction publique percevaient des salaires inférieurs.
Le syndicaliste a appelé à, au moins, doubler les dernières augmentations et encore, dira-t-il, «elles resteront insuffisantes pour faire face à cette inflation galopante». Il est à signaler que la Confédération syndicale nationale revendique la révision de la valeur du point indiciaire de 45 DA actuellement, à 100 DA, et celle du régime indemnitaire. En somme, le gouvernement est en face d’un véritable casse-tête. L’exécutif est, en effet, appelé à trouver le meilleur remède pour satisfaire les revendications des fonctionnaires et la préservation des équilibres budgétaires du Trésor public. L’incidence financière de ces augmentations (nouvelle grille indiciaire) s’élève, pourtant, à près de 220 milliards Da/an, avec effet rétroactif, à compter du 1er mars 2022, et cela sans compter la réduction de l’IRG, qui a coûté à lui seul 180 milliards de DA/an pour le Trésor public, tandis que l’augmentation annuelle des salaires s’élève à 400 milliards de DA. C’est un effort colossal de la part des pouvoirs public.
A.R.
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