Le dédoublement de la RN 1, est un projet d’envergure de 53 kms inscrit au titre du projet de l’autoroute Est-Ouest, est incontestablement un véritable pont pour la relance économique de la région, Construit sur près de la moitié du trajet sur pilotis, cet ouvrage d’art a, tout de même, au début de ces travaux, soulevés l’inquiétude d’associations écologiques qui craignaient l’impact de ses colonnes de béton qui supportent la route, sur l’environnement. Une fois réceptionné, cet ouvrage a aussi marqué les automobilistes, qui se retrouvaient dans le noir total, une fois la nuit tombée
Par Réda Hadi
Il faut tout de même préciser, que ce dédoublement était attendu par tous ceux qui empruntaient cette nouvelle voie. Effectivement, depuis son ouverture, il ne faut pas plus que 25/30 mn, désormais, pour relier Médéa à partir de la Chiffa , alors qu’auparavant, il ne fallait pas moins d’une heure. L‘encombrement était très dense, accentué par la circulation de camions de gros tonnages. Désormais, ces mastodontes ne sont pas autorisés à emprunter ce dédoublement, et l’ancienne route leur est toujours affectée.
Appréhensions
Les associations locales écologistes, n’ont pas manqué de faire valoir leurs craintes face à cette multiplication de ces pylônes de béton. M’Barek, un membre associatif de l’APEB (association pour la protection de l’environnement de Béni-Isguen), souligne que «notre association bien qu’à sa création ne s’intéressait qu’aux questions environnementales de notre région (M Zab), a élargi son champs d’action au niveau national. Pour nous, les vertus de cette nouvelle route sur le plan économique, sont indéniables et contribuent à l’essor de la wilaya, il n’en demeure pas moins que cette avancée du béton inquiète». Celui-ci précise aussi que «le béton est notre façon d’apprivoiser la nature. Il nous protège des éléments extérieurs et des intempéries. Mais il engloutit aussi des étendues de sols fertiles, engorgent les rivières, étouffent les biotopes. Or, cette nouvelle route, traverse la montagne et enjambe une rivière. Nous avons peut-être déjà dépassé le point où le béton l’emporte sur la masse de carbone combinée de chaque arbre, buisson et arbuste de la planète. Contrairement au monde naturel, le béton ne se développe pas vraiment. Au lieu de cela, sa principale qualité est de durcir puis de se dégrader très lentement. Parfois allié inébranlable, parfois faux ami, le béton peut résister pendant des décennies à la nature et, en même temps, en amplifier soudainement l’impact climatique. De plus, il est indétectable par des examens radiologiques du corps humain. Voilà pourquoi le béton nous inquiète».
On a « oublié » l’éclairage!
Les automobilistes, quant à eux, apprécient ce gain de temps, et profitent des paysages durant la journée. C‘est la nuit qui leur pose problème. «La nuit, cette voie est dangereuse et beaucoup font tout pour l’éviter», dit Fayçal, un chauffeur de taxi inter-wilaya. «Le jour c’est un véritable plaisir. Mes passagers profitent de ce que nous offre comme décor la nature, mais je fais tout pour ne pas l’emprunter la nuit tombée. Sur 53 kms, ma voie est plongée dans le noir. Un noir qui vous oppresse car on sent le poids de la montagne». Et de déplorer: «Comment peut-on réceptionner une route de cette importance sans aucun éclairage, même rudimentaire. Il ny a que les deux tunnels qui sont bien éclairés. De plus, avec l’incivisme de certains conducteurs qui roulent à plein phares en sens inverse, et vous aveugle, l’accident n’est pas loin. Certains assurent que des tentatives de traquenards ont été perpètrées, sans grande incidence, mais cela ajoute au sentiment d‘insécurité» conclut-il.
Pour les pouvoirs publics, cet axe autoroutier fera office d’artère d’importance, car considéré comme le point de départ de la RN1 transsaharienne. Il desservira, de ce fait, non seulement les wilayas de Blida et Médéa, qui deviendront de véritables banlieues pour Alger (40 mn pour relier Alger à Médéa), mais également toutes les wilayas des Hauts plateaux, à l’instar de Djelfa, Laghouat, et Ghardaïa jusqu’à Tamanrasset. Mieux, ce dédoublement de route sera d’un apport considérable dans la réduction des accidents de la route, tout en permettant un gain de temps et un désenclavement de cette région en saison hivernale notamment, et partant, aidera à la promotion de la vieille route nationale, connue pour ses paysages féeriques, en une route touristique par excellence.
Au plan économique, la contribution attendue de ce projet, est, dans l’amélioration de l’attractivité de la wilaya de Médéa auprès des investisseurs, connus pour privilégier les zones proches des autoroutes d’Alger et des sources de financement, et favorisera, à moyen terme, une véritable relance économique dans cette région.
R.H.