La promotion des exportations hors hydrocarbures nécessite au préalable la normalisation de nos entreprises. Le produit «made in Algeria» destiné à l’exportation doit être, en effet, conforme aux normes internationales.
Akrem R
C’est dans ce cadre qu’un séminaire a été organisé, hier à Alger, par le Conseil national, économique, social et environnemental (CNESE). Placée sous le thème : « La normalisation et le commerce international», cette rencontre a été une occasion pour les intervenants et experts de dresser un état des lieux de la normalisation et certification en Algérie. Ainsi, ils ont été unanimes à dire que beaucoup de travail reste encore à faire dans ce cadre.
En effet, toutes les parties concernées (institutions publiques, bureaux d’études et industriels), sont appelées à accorder plus d’importance à la normalisation et à la certification dans la promotion des produits industriels à l’export et à l’utilité de la mise en place d’un système de management de qualité à l’heure de la mondialisation du commerce international. En somme, le label qualité est perçu comme étant un passeport à l’export.
Pour Hassina Maddi, directrice d’études au CNESES, «il est plus qu’urgent aujourd’hui, de mettre en place une politique nationale de la qualité à l’endroit des producteurs locaux et des exportateurs, dont l’objectif est d’améliorer la compétitivité des biens et services produits localement et ceux destinés à l’export, dans le cadre de la relance de l’économie nationale post-covid-19».
Ainsi, elle a mis l’accent sur l’importance de sensibiliser les opérateurs économiques sur la nécessité d’assurer une veille normative et règlementaire pour bien appréhender l’environnement normatif international applicable à leurs activités, en vue de mieux se placer sur le marché international et augmenter les parts de marché, outre de faire souscrire les entreprises à la démarche de labellisation « made in Algérie».
Mme Maddi a souligné que pour conquérir de nouveaux marchés à l’international, notamment, «nous devons prendre en compte la certification des produits industriels et de services, en analysant les évolutions et les enjeux stratégiques du marché international, en particulier, des défis futurs liés à la conformité aux normes internationales».
Un programme d’appui pour le développement du système de normalisation
Aussi, il apparait déterminant, dira-telle, de bien positionner les industriels nationaux au regard des enjeux, en matière de normalisation et d’élaborer, à cette fin, une stratégie nationale de normalisation axée sur la compétitivité des entreprises. «La conformité aux normes internationales représente un gage de confiance pour les consommateurs rassurés que les produits sont de bonne qualité», a-t-elle souligné également. A ce jour 35 entreprises dont 61 produits sont certifiés marque TEDJ par L’IANOR.
Les pouvoirs publics ont mis en place un programme intitulé : «Programme pour le développement d’un système national de normalisation», qui permettra à terme, l’intégration complète du management de la gestion de la qualité et de l’environnement dans les entreprises algériennes.
Un des points du programme consiste en l’encouragement par l’octroi d’une aide financière aux entreprises performantes et ayant des objectifs d’exportations, pour la certification ISO 900 version 20001, ISO 14001, ISO 2200 et le référentiel OHSAS18001. « Ceci devra permettre, à court et moyen terme, d’accroitre les exportations hors hydrocarbures et la productions nationale, en diminuant les coûts de non qualité», a-t-elle estimé.
Pour sa part Djamal Hales, DG de l’IANOR, il a indiqué que «si nos usines par un travail soigné, assurent la qualité de nos produits, il sera de l’intérêt des étrangers de s’approvisionner chez nous et l’argent affluera dans les caisses».
La normalisation et la certification garantissent la sûreté des produits, en limitant les risques d’accidents et l’accès aux marchés mondiaux, facilitent le commerce, l’ouverture de nouveaux marchés et l’élargissement des marchés existant.
Par ailleurs, Boudissa Noureddine, DG d’ALGERAC, dans sa communication, « Etat des lieux de l’infrastructure qualité en Algérie 2020-2024», a révélé que l’Algérie doit mettre en place près de 240 laboratoires de contrôle de la conformité accrédités pour répondre à l’objectif de contrôle économique et de valorisation du produit national. Il a fait savoir, par conséquent, que son institution est en phase d’élaborer un réseau national de normalisation et contrôle. «ALGERAC est en mesure de déterminer les secteurs et filières stratégique concernées par une accréditation à même de servir de régulateur du commerce extérieur et pourra aboutir en toute objectivité à la constitution d’un réseau multidisciplinaire d’EOC de référence national accrédités et reconnu par les pouvoirs publics et nos partenaires étrangers. Ce réseau devra prendre forme dans les cinq années à venir (2020-2024), et sera constitué d’OEC relevant de différents départements ministériels et le secteur privé national», a-t-il affirmé.
Accélérer la promulgation des textes d’applications
Indiquant que tous les pays développés ont mis en place et validé des règlements technique pour valoriser leurs productions nationales (certification produit-label qualité), en vue de protéger leur marché intérieur en mettant en valeur l’aspect sécurité du consommateur et la protection de l’environnement, M. Boudissa, a regretté qu’en Algérie, il existe très peu de réglementation technique qui spécifie le produit national, et impose à nos partenaires commerciaux étrangers de satisfaire aux exigences définies par cette réglementation technique.
Pour cela, recommande-t-il, «nous préconisons la mise en place de comités techniques par branches d’activités pour recenser l’ensemble des produits industriels et agricoles susceptibles de bénéficier de cette protection normative».
En effet, une action d’envergure devra être mises en œuvre avec le concours d’ALGERAC pour aboutir dans les délais les plus courts à l’accréditation de leurs structures, notamment ceux exerçants sous le régime des agréments délivrés par le ministères techniques. «Il est urgent que les textes d’application (décrets et arrêtés) comme stipulé dans la loi 09-03 du 25 février 2009 relative à la protection du consommateur et à la répression des fraude, puissent être promulgués et mis en application à l’exemple du décret exécutif n 13-3-28 du 26 septembre 2013 fixant les conditions et les modalités d’agréments des laboratoires au titre de la protection di consommateur et de la répression des fraudes», conclut-il.
A. R.