Depuis quelques semaines les contaminations au Coronavirus ne cessent d’augmenter, autant que le nombre de patients admis en réanimation. Une augmentation des cas qui inquiètent les professionnels de la santé, mais aussi des économistes, qui craignent un remake du scénario de 2020-2021, où les restrictions, dont les périodes de confinement avaient sévèrement impacté l’économie nationale et partant la vie sociale des Algériens.
Par Réda Hadi
Si la mortalité cumulée, déclarée en population, est peu élevée, (égale à 140 décès par million d’habitants), la proportion de personnes de tous âges complètement vaccinées est toujours basse, à 12,3 %, en dépit des efforts constants des pouvoirs publics qui n‘arrivent pas à vaincre le scepticisme de la population à se faire vacciner, faute, entre autres, de communication adéquate.
C’est dans ce contexte, que des observateurs nationaux se posent la question de savoir si l‘Algérie peut faire face à une 4eme vague. L’adhésion à la vaccination reste faible, bien que le comité scientifique de suivi de l’évolution de la pandémie, alerte depuis plusieurs semaines sur l’imminence d’une quatrième vague. Depuis décembre-janvier, les chiffres – officiels – de la contamination au Covid-19, en augmentation, après un léger tassement, dépassant les 500 cas par jour, annoncent le début de la quatrième vague. Une situation qui inquiète, naturellement, les médecins hospitaliers, qui, pour la plupart, disent que leurs services sont déjà au bord de la saturation.
Selon une dépêche APS, les hôpitaux algérois commencent à être impactés par ces hausses de cas, et avance des chiffres inquiétants. Par exemple, le grand hôpital d’Alger, le CHU Mustapha-Pacha, est passé de 8 à 9 hospitalisations par jour, en décembre, à désormais 20 cas. À l’hôpital de Zéralda, le taux d’occupation des lits est de 91 %, avec un service de réanimation saturé à 100 %. A l’hôpital Nafissa-Hammoud, à Alger, on est passé d’une quinzaine d’hospitalisations, en décembre, à 50 ces tous derniers jours, et la tendance, selon les praticiens, est à la hausse. « Nous sommes dans une opacité épidémiologique. Nous ne savons pas exactement ce qui se passe. Cette augmentation est liée, certainement, à Omicron, même si nous ne pouvons pas le confirmer, étant donné qu’il n’y a pas de séquençages tous les jours. Mais c’est la seule explication possible », disent les praticiens de cet hôpital.
Selon des observateurs, à ce rythme, les autorités seraient tentées de limiter, encore une fois, l’accès aux lieux de détente.
Loin des 70 % de vaccinés
Officiellement, et selon les données actualisées de l’Institut Pasteur d’Alger, l’Algérie dénombre 145 cas du variant Omicron au 13 janvier, majoritairement dépistés dans la capitale. Le variant Delta, toujours selon l’Institut Pasteur, représente une proportion de 67 % des cas actuellement, alors qu’il était à 80 % en décembre. «Dans la mesure où le nouveau variant est très contagieux, cela risque d’entraîner une forte pression sur les structures sanitaires », s’inquiète le docteur Yahiaoui Abdelouahab, médecin assermenté à El Harrach.
L’Institut Pasteur insiste sur le fait que les hospitalisations les plus graves et les décès concernent des non-vaccinés. Comment pousser les Algériens à se faire vacciner en masse ? C’est le casse-tête du moment. Le dernier rebond, en termes de vaccination remonte à l’été dernier quand une meurtrière troisième vague a créé la panique, provoquant même des queues interminables devant les centres de vaccination. Faut-il attendre que la situation dégénère, encore une fois, pour que les Algériens se vaccinent ?
Instauration prochaine d’un pass vaccinal
Fin décembre, le gouvernement a annoncé l’instauration prochaine d’un pass vaccinal, document justifiant de la vaccination complète, pour toute personne âgée de plus de dix-huit ans. Selon le décret instaurant ce pass vaccinal, « la condition d’âge peut être révisée sur proposition de l’autorité sanitaire habilitée, après avis du conseil scientifique de suivi de l’évolution de la pandémie du coronavirus».
Une situation qui inquiète les économistes, par ailleurs, dont, M. Haddad Mohamed, qui juge que «la situations est délicate. Le gouvernement a déjà fort à faire pour juguler l‘inflation, combattre l’érosion du pouvoir d‘achat et les pénuries, avec de surcroit, une production nationale en berne et la fonte des réserves de change. Avec tous ces paramètres conjugués, il sera difficile à l ‘Algérie de rééditer les mêmes mesures, que lors du premier confinement. Des chantiers structurants ont été mis en branle, et sont une priorité pour sortir de l’ornière du tout-pétrole. A mon avis, c ‘est un choix cornélien et une décision difficile à prendre. Le gouvernement devra trancher, et vite afin que les choses s‘éclaircissent».
R. H.