Depuis plusieurs années, les pays du Sahel sont confrontés à une double menace sécuritaire et sociale. Malgré la mutualisation de leurs efforts, les Etats de cette région n’ont toujours pas réussi à relever les défis qui se posent à eux dans l’un ou l’autre des domaines. Mais si sur le plan de la sécurité, la situation est toujours critique avec une recrudescence des attaques djihadistes, on note dans la lutte contre la pauvreté, des progrès incontestables.
Par Nadia B.
Au Sahel, les victimes du terrorisme se comptent depuis 2013 par milliers. Ces dernières années, leur nombre a augmenté, avec la multiplication des attaques des groupes djihadistes.
Mais l’autre conséquence (plus silencieuse) de la crise au Sahel, c’est la détérioration de la situation humanitaire. Selon le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), plus de 2 millions de personnes ont été déplacées à l’intérieur de leurs propres pays en 2020 dans le Sahel. Les déplacements internes de population dans la région « ont quadruplé en deux ans seulement, puisqu’il y avait 490 000 personnes “déplacées internes” au début de l’année 2019. Plus de la moitié des déplacés internes dans la région sont des Burkinabè », alors que la région accueille également « plus de 850 000 réfugiés, principalement originaires du Mali ».
Malgré la crise sécuritaire et les difficultés sociales au Sahel, la lutte contre la pauvreté est loin de stagner. Au contraire, elle évolue avec les nouveaux engagements pris par les pays et les organisations internationales pour augmenter leurs contributions afin de faciliter la mise en œuvre des projets de développement dans la région.
Rien que dans le secteur agricole, la Banque mondiale a déjà annoncé par exemple qu’elle décaissera 5 milliards $, dans les cinq prochaines années pour améliorer la productivité agricole et renforcer les moyens de subsistance dans 11 pays d’Afrique situés sur une bande de terre s’étendant du Sénégal à Djibouti. Au total, 14,2 milliards $ ont été promis en janvier 2021 lors du One Summit Planet, pour financer l’Initiative de la Grande muraille verte pour le Sahel et le Sahara. D’ici 2022, l’Alliance Sahel espère passer la barre des 800 projets. Mais sans rien enlever au chemin parcouru jusque-là, on peut sans aucun doute affirmer que de nombreux efforts seront encore nécessaires pour atteindre le but que se sont fixé les pays du Sahel en matière de développement social. Hormis l’insécurité, la pandémie de coronavirus qui a frappé tous les pays de la région pose un défi nouveau : d’après les projections, elle devrait plonger 1,3 million de Sahéliens supplémentaires dans l’extrême pauvreté.
Vaincre la pauvreté dans le Sahel impose donc d’accélérer les efforts de développement dans chaque pays de la région, mais également de façon mutuelle, en collaboration avec les partenaires étrangers et surtout en intégrant le secteur privé qui reste le principal pourvoyeur d’emplois et donc d’opportunités d’amélioration des conditions de vie. Lancé fin 2018 pour un montant de 1,9 milliard d’euros, le programme d’investissement prioritaire (PIP) du G5 Sahel basé sur 40 projets de développement a également besoin d’être financé.
N. B./agences