L’agriculture de montagne est un segment peu exploité en Algérie. Pourtant, plusieurs plans ont été mis en place par les pouvoirs publics depuis déjà plusieurs années. A ce sujet, Mohamed Hadj Henni, Conseiller expert en systèmes d’économie agricole, a bien voulu répondre à nos questions pour expliquer combien il serait important de valoriser ce circuit, mais surtout lui redonner la place qui est la sienne. Rappelant les différents travaux faits par le Groupe de réflexion Filaha Innov, notre interlocuteur estime que la démarche consiste plutôt «à savoir comment cette richesse peut-elle être exploitée au sein même de la forêt et comment y intégrer d’autres cultures, comme le maraichage ou l’arboriculture fruitière pour accompagner cette activité de foresterie.
Propos recueillis par Mohamed Naïli
Eco Times : Que représente l’agriculture de montagne et quel rôle peut-elle jouer dans le processus de relance du secteur agricole?
Mohamed Hadj Henni : Il faut d’abord préciser que le programme de mise en valeur de l’agriculture de montagne est un enchaînement de réflexions qui a débuté depuis une dizaine d’années au sein du GRFI (Groupe de réflexion Filaha Innov). Dans son concept, l’agriculture de montagne est liée à la foresterie, à ce qui se fait dans la forêt, en passant de l’arbre rustique à tout ce que nous avons comme pin d’Alep, chêne liège, eucalyptus, etc. La démarche consiste donc à savoir comment cette richesse peut-elle être exploitée au sein même de la forêt et comment y intégrer d’autres cultures, comme le maraichage ou l’arboriculture fruitière pour accompagner cette activité de foresterie et permettre en même temps la réimplantation des populations, parce que, durant les années 1990, nous avons connu un exode rural très important.
Justement, comment faire de l’agriculture de montagne une branche d’activité économiquement viable?
Avant tout, je veux préciser qu’on ne peut pas parler d’agriculture de montagne sans évoquer les bassins versants et les barrages qui se sont constitués tout autour et en inclinaisons des flancs de montagnes. A ce propos, je rappelle surtout qu’il y a tout un travail à faire ou à refaire pour que tous les cours d’eau provenant des cimes de montagnes puissent être canalisés pour qu’ils se déversent soit dans les barrages les plus proches ou dans des aménagements bien considérés et destinés bien sûr à l’agriculture. C’est un long travail qui est en train de se faire en parallèle avec d’autres programmes de développement de l’élevage ovin, bovin et caprin en zones de montagnes ou dans les communes aux reliefs plus abruptes ou proches des régions de montagne pour en faire un ensemble agricole et d’élevage qui puisse renforcer le potentiel agricole des plaines, des vallées ou saharien.
Pour ainsi dire, l’agriculture de montage n’est pas une activité assez rude mais elle génère beaucoup de produits à forte valeur ajoutée. Je peux citer par exemple les plantes sauvages, aromatiques, les plantes à caractère médicinal ou qui peuvent servir à la production cosmétique jusqu’à certaines plantes comestibles qui peuvent y être cueillies, comme les champignons. Ces cueillettes ne demandent pas beaucoup de travail, mais elles constituent une richesse complémentaire à ce qui se fait comme cultures maraichères, arboricoles ou autres.
Mais, des programmes ont été mis en œuvre par le passé pour l’agriculture de montagne ou le traitement des bassins versants, comme les PPDRI par exemple. Quel en est le résultat?
Tous les programmes que le ministère de l’agriculture a adoptés au sein du gouvernement viennent comme un enchaînement qui, au départ, ont été mal compris par les agriculteurs ou les porteurs de projets agricoles. Il a fallu du temps pour que l’on commence à voir plus clair, et ce, pour la simple raison que l’Algérie ne suit pas une constance dans la mise en œuvre des programmes. Dans le secteur agricole, il n’y pas de suivi ou une certaine démarche qui veut que tout programme mis en œuvre doit être mené jusqu’au bout, ce qui donne cette impression qu’on commence un chantier et on l’abandonne, puis on passe à autre chose. Si je peux dire, ce n’est que depuis 2010 que l’on commence à voir plus clair. Sinon, durant quatre ou cinq décennies auparavant, l’agriculture dans son ensemble est restée le parent pauvre de l’économie algérienne.
M. N.