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Modernisation agricole : L’innovation freinée par les incitations économiques ? - ECOTIMES

Modernisation agricole : L’innovation freinée par les incitations économiques ?

Projet de création d’un centre d’excellence et lancement de 8 nouvelles spécialités agricoles : L’Agriculture renforce son potentiel

Une récente étude du CREAD, intitulée « Facteurs influençant l’adoption de l’innovation en agriculture en Algérie. Cas de deux cultures stratégiques : le blé dur et la pomme de terre », analyse les dynamiques d’innovation dans deux filières agricoles majeures. En croisant données économiques, profils d’exploitants et politiques publiques, elle met en lumière les conditions qui favorisent – ou freinent – l’adoption de nouvelles pratiques par les agriculteurs algériens.

Synthèse Akrem R.

Cette recherche, fondée sur une enquête auprès de 120 agriculteurs dans les wilayas de Tiaret et Aïn Defla, met en évidence un paradoxe économique : les dispositifs de soutien public censés encourager la production pourraient, en réalité, désinciter à l’innovation.

À titre d’exemple, dans la filière blé dur, l’État garantit le prix d’achat, subventionne les intrants et assure l’écoulement des récoltes via des coopératives publiques. «Ces différentes mesures permettent d’assurer un revenu stable aux agriculteurs», note l’étude réalisée par cinq chercheurs, à savoir : Amel Bouzid, Karima Boudedja, Foued Cheriet , Mehdi Bouchetara et Ahmed Mellal. 

Mais cette sécurité économique agit comme un double tranchant : «Cela ne les pousse pas à innover pour la commercialisation de leur production», soulignent les auteurs. Résultat : les céréaliers adoptent peu d’innovations en dehors des pratiques techniques de base, avec une quasi-absence d’innovation marketing ou organisationnelle.

Une dynamique de marché plus favorable à la pomme de terre

À l’opposé, les producteurs de pomme de terre, moins soutenus par les pouvoirs publics, évoluent dans un environnement plus concurrentiel. Ce contexte stimule leur propension à innover : «Plus de 40 % des agriculteurs ont introduit de nouvelles variétés, fertilisants, machines ou techniques de plantation entre 2012 et 2017», selon les résultats de cette même étude. 

Ces producteurs, souvent jeunes et locataires, autofinancent leurs activités et s’adaptent rapidement aux signaux du marché. «L’adoption d’un nouveau mode de coopération, de conditionnement ou de circuit de commercialisation atteint parfois 30 %», indique l’étude.

Mais l’innovation reste globalement freinée par des contraintes économiques partagées. Le régime foncier, en particulier, constitue un obstacle majeur pour les deux filières : «Le statut non sécurisé du foncier agit comme un frein à l’innovation et aux investissements de long terme», soulignent les chercheurs. 

L’accès au crédit, l’absence de dispositifs d’assurance climatique, et un conseil agricole peu adapté viennent renforcer ces blocages.

Un système à repenser pour une agriculture compétitive

Les auteurs de l’étude appellent à une révision des politiques économiques agricoles. «Un soutien financier fort, couplé à un contrôle des débouchés, n’encourage pas les innovations organisationnelles et en marketing», avertissent-ils. 

Pour stimuler la compétitivité des filières, ils recommandent la diversification des systèmes de conseil, la mise en place de crédits conditionnés à des objectifs de durabilité, et une meilleure intégration des producteurs dans les réseaux professionnels. 

Alors que l’Algérie ambitionne de renforcer sa souveraineté alimentaire et de booster ses exportations agricoles, cette étude invite à faire évoluer les logiques économiques qui encadrent la production. Car sans prise de risque, pas d’innovation. Et sans innovation, pas de croissance durable.

A. R.

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