Missions des Collectivités locales et nouveau découpage administratif : Le Message de Khenchela

Abdelmadjid Tebboune a Khenchela

La visite, la semaine passée, du président Abdelmadjid Tebboune dans la wilaya de Khenchela, au-delà de certains grands projets structurants, inaugurés ou annoncés, a constitué une occasion pour l’approche de certains sujets de la gestion de proximité, celle qui, paradoxalement, reste la moins bien traitée par les médias, bien qu’elle constitue la colonne vertébrale de toute politique de développement.

Par Amar Naït Messaoud

En abordant les thématiques des prérogatives des maires et des élus locaux, la nécessité de la révision du code communal et du code de wilaya pour les mettre au diapason des aspirations de populations, l’impératif de procéder à un nouveau découpage administratif qui s’appuierait sur des critères rationnels dictés par la réalité du terrain, le président de la République met le doigt sur les insuffisances et les retards de la gestion de proximité et fait ouvrir des pistes de réflexion abandonnées, en l’état, depuis les années pré-Hirak.

En effet, les anciens gouvernements avaient agi, parfois dans la précipitation, et d’autrefois, dans une espèce de velléité qui n’est soutenue par aucune vision stratégique dans ce domaine.

L’on se souvient, il y a une quinzaine d’années, du projet de la gestion numérisée de la ville (maîtrise de la cartographie, des rues et boulevards, des toponymes et des adresses personnelles des ménages) qui a fini en queue de poisson; du projet des Collectivités locales (jumelage entre les deux codes, communal et de wilaya), prévu pour 2018; des réunions gouvernement wali qui aboutirent, dans une urgence « suspecte » à la nécessité pour les APC à s’ériger en « entreprises » créatrices de richesses, gérant et maîtrisant leurs biens meubles et immeubles, attirant les investissements, etc.

L’absence de vision stratégique et de diagnostic circonstancié de la situation des Collectivités locales, jointe à la pression financière issue de la crise des recettes pétrolières qui s’est installée depuis fin 2014, ont amené les gestionnaires à des demi-solutions, voire des solutions inadaptées.

Sur un autre plan, le renouvellement quinquennal des Assemblées élues (communales et de wilaya) ne semble pas, nécessairement, constituer un gage de promotion de la commune ou de la wilaya au niveau des défis qui se posent à elles et à la conjoncture économique et sociale d’aujourd’hui.

Cette conjoncture est caractérisée par les efforts tendus pour la refondation de l’économie nationale, qui suppose la nécessité de réduire les importations et de booster la production locale, d’ouvrir de nouveaux horizons pour des investissements diversifiés, de travailler à la sécurité alimentaire et hydrique des populations et d’assurer un cadre de vie sain aux populations.

COMMENT APPRÉHENDER LES NOUVELLES MISSIONS ?

Comment se situent et comment peuvent se projeter les Collectivités locales dans une telle perspective ? Lavision étroite et de « facilité », consistant, par exemple, à multiplier, à tout va, le nombre de wilayas, d’aéroports ou d’autres projets non maturés, ne peut plus être de mise.

Seul le pragmatisme et la vision d’un développement équilibré, soutenus par une politique perspicace d’aménagement du territoire, peuvent aller dans le sens des véritables aspirations des populations.

Le choc, à partir de la fin 2014, de la crise des recettes extérieures du pays, avait commencé à ébranler toutes les certitudes sur lesquelles était bâti le système économique national.

Dans une espèce de réaction de « panique », on a tenu à conférer à la commune des missions auxquelles elle n’était pas préparées et qu’elle peinait à appréhender de façon nette et précise.

Il faut reconnaître que les communes sont embourbées dans la gestion d’un cadre de vie qui n’arrive pas encore à acquérir une visibilité et une présence en relation avec les prérequis de la vie moderne, en termes d’épanouissement social et culturel des jeunes et en termes d’hygiène et de sécurité des populations.

Pourtant, s’agissant du développement local, la crise d’aujourd’hui ne laisse aucune autre alternative, que de compter d’abord sur soi. Il s’agit de recenser toutes les activités de production de biens et de services capables de constituer des gisements, et, surtout, d’accompagner le mouvement d’investissements productifs, lui ouvrir les portes, le solliciter, lui faciliter les procédures administratives.

Les APC, qui ont tout le mal du monde à prendre en charge la gestion de leur territoire, le cadre de vie du citoyen, les services publics les plus élémentaires, on leur avait enjoint de créer de la richesse, non seulement en optimisant les recouvrements fiscaux qui relèvent de leur compétence, mais, également, en boostant la machine des investissements. Noble objectif, sans doute, mais qui n’a pas bénéficié d’une stratégie tendant à mettre en place tous les éléments du puzzle.

Les nouvelles missions que l’on compte attribuer aux communes doivent l’être de façon progressive, pédagogique et accompagnées d’outils réglementaires et législatifs adaptés, tel que, par exemple, l’élargissement des prérogatives des présidents d’Apc et des réajustements des procédure fiscales à même de booster les recettes des communes.

C’est, en quelque sorte, le message délivré par le président de la République aux responsables locaux de Kenchela et qui a une résonnance nationale.

A. N. M.

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