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Métiers ruraux : Les conditions d’un nouvel entreprenariat - ECOTIMES

Métiers ruraux : Les conditions d’un nouvel entreprenariat

Métiers ruraux : Les conditions d’un nouvel entreprenariat

L’emploi en milieu rural, tout en continuant à faire face à des contraintes liées à l’ancien système d’exploitation agricole, commence à s’ouvrir à des activités non agricoles (artisanat, transformation de produits agricoles, petites ateliers de menuiserie, de forge, de soudure,…) qui intègre de plus en plus l’élément féminin. Le constat est établi sur le fait que le mouvement d’exode vers les villes a fortement diminué au cours de ces dernières années, et ce, pour différentes raisons, dont les deux principales sont la quasi saturation des villes-métropoles qui étaient la destination traditionnelle de la main d’œuvre juvénile, et les opportunités d’emploi, y compris l’auto-entreprenariat, qui commencent à s’offrir aux jeunes dans l’arrière-pays montagneux et des Hauts Plateaux.

Par Amar Naït Messaoud

Les disparités ville/campagne en matière d’accès à l’emploi pour les jeunes s’étaient exacerbées au cours de la décennie noire, lorsque les activités en relation avec la terre, les produits du terroir et de l’artisanat s’étaient drastiquement amenuisées, prolongeant par là une «tradition» des premières années de l’industrialisation du pays (1962- 1977).

Ces disparités avaient persisté malgré tous les efforts que les pouvoirs publics ont entrepris en direction des zones rurales au cours de deux dernières décennies, à travers les projets de proximité de développement rural intégrés et les subventions accordées au secteur de l’agriculture professionnelle.

Le retour de certaines populations vers leurs villages, après un « exil » forcé dû à l’insécurité des années 1990, a été sanctionné par une forme de déception face au rétrécissement des chances d’accéder à un emploi.

Il se trouve que même les petits métiers exercés au sein des entreprises locales, pour des travaux financés sur les plans communaux de développement (PCD) et l’ancien Fonds commun des collectivités locales (FCCL)- comme les travaux d’assainissement, l’aménagement de chemins vicinaux ou communaux, les opérations d’amélioration urbaine pour les chefs-lieux de communes s’étaient réduits en peau de chagrin suite à la politique d’austérité budgétaire adoptée après la chute des cours du pétrole à partir de l’été 2014.

Quant aux autres formes de formation des revenus- par exemple, s’installer à son propre compte à travers la création d’une microentreprise-, n’étaient une entreprise de tout repos.

Depuis la constitution du dossier primaire, jusqu’à la commercialisation du produit, en passant par le crédit bancaire, le chemin de croix était le destin le mieux partagé par les jeunes, aboutissant parfois à des revers traumatisants où les jeunes s’exposaient à des poursuites judiciaires pour n’avoir pas pu rembourser les prêts bancaires.

Lever les contraintes administratives

Dans une étude datant de 2023 publiée sur le site du Centre international des hautes études agronomiques méditerranéennes (CIHEAM) et réalisée par Messaoud Lazere et Kousseila Beilil, experts au Centre de recherche en économie appliquée pour le développement (CREAD), il est relevé que «les pouvoirs publics ont initié plusieurs structures pour accompagner les jeunes à entreprendre et devenir des créateurs d’emploi dans plusieurs secteurs économiques. Dans le milieu rural, plusieurs chantiers ont été lancés: le secteur agricole et les jeunes ruraux, étant associés au travail familial, peinent à s’identifier comme « entrepreneurs » du fait de la propriété foncière qui est détenue par le père (chef de ménage) ou se trouve dans l’indivision».

S’agissant de la population occupée dans les activités agricoles, temporaires ou permanentes, l’étude se réfère à des enquêtes menées en 2018 par le CREAD qui révèlent que «les jeunes occupent une place minoritaire dans les exploitations pratiquant la culture de pomme de terre (26%), la filière dattes (25%), et dans la filière lait (19,4%)». Il y est précisé que «la céréaliculture est réservée aux adultes».

Il y a lieu de préciser que la part revenant à l’agriculture dans l’emploi est estimée à 9,6 % selon les statistiques de l’Office national des statistiques, ONS, (données de l’année 2019).

Les autres activités du monde rural, hors agriculture, ne sont pas identifiées en tant que telles.

Les experts du CREAD) ont fait état, il y a une dizaine d’année, de «l’insuffisance de la prise en charge de la problématique de l’emploi de jeunes en milieu rural».

Ils ont recommandé de «lancer une réflexion nationale pour faciliter l’accès de cette frange de la population à un emploi décent».

Pour le sociologue Saïb Musette, travaillant pour le compte du CREAD, la frange juvénile de la population rurale «est une catégorie ignorée par les dispositifs de soutien à l’emploi».

Il estime que cette jeune population «pourrait constituer une maind’œuvre pour réussir le développement de l’agriculture et la diversification de l’économie nationale».

Il relève cependant que les agences d’intermédiation- entités pouvant créer des emplois dans ce milieu spécifique- sont faiblement installées dans l’arrière-pays rural.

Cap sur l’entrepreneuriat rural

L’étude-diagnostic du CREAD souligne que «l’instabilité de l’emploi, l’absence de la couverture sociale sont parmi les facteurs qui poussent les jeunes à quitter leur travail, alors que 70% de ces jeunes ruraux travaillent dans l’informel», en indiquant que 27,1% des jeunes sont inactifs, c’est-à-dire, ne sont ni à l’école, ni en formation ni sur le marché du travail.

L’un des constats les plus parlants dans certaines zones rurales, est cette profusion de nouveaux logements ruraux, construits avec le soutien de l’État et disséminés sur plusieurs kilomètres carrés, dont un grand nombre sont inhabités. Certaines demeures sont louées pour servir de hangars ou de bergeries.

Leurs propriétaires avaient, un certain moment, cru à la possibilité de se réinstaller définitivement dans leurs anciennes bourgades, mais, faute de travail stable, ils se sont résolus à continuer à habiter dans la ville- parfois, dans des conditions de grande précarité-, et faire des allers retours vers leur village d’origine pour des activités rudimentaires, qui ne sont pas à même de générer des revenus.

Une légère amélioration de la situation a commencé avec la prise en charge des zones d’ombre, programme spécifique à ces territoires lancé au début de l’année 2020.

Ce programme se déclinant en près de 30 000 projets financés, et qui se poursuit actuellement, gagnerait à être étendu à un spectre d’actions ou de projets créateurs de richesses à destination des jeunes des zones rurales.

Ces projets devront alors dépasser la vision d’une activité ou d’un secteur pour s’inscrire dans les données territoriales de chaque site.

L’étude de M. Lazere et K. Beilil précise que le concept d’entrepreneuriat rural «est peu connu en Algérie et n’est pas pris en considération dans la nomenclature des politiques publiques».

Ils proposent alors ce qu’ils appellent «une nouvelle vision entrepreneuriale et une amélioration de l’attractivité des espaces ruraux», en notant bien que «la différenciation des politiques publiques en fonction des espaces réceptacles des investissements est indispensable, ce qui ne peut s’accomplir qu’avec des politiques territoriales au lieu des politiques sectorielles actuellement en vigueur».

Ce réajustement de paradigme sous-entend la «mise en œuvre d’une véritable décentralisation pour une meilleure implication des acteurs locaux dans la gouvernance locale».

Les dispositifs de soutien à la création de micro-entreprises, à l’image de l’Agence nationale d’appui et de développement de l’entreprenariat (ANADE), ancienne ANSEJ, sont alors appelés à être mieux étoffés dans leur nomenclature pour y intégrer tous les métiers qui vont former, demain, le corps de l’entrepreneuriat rural : l’agriculture dans toutes ses segments et variantes (arboriculture, petit élevage, agroforesterie, transformation agroalimentaire,…), écotourisme, tourisme thermal, artisanat (vannerie, dinanderie, sparterie, tannerie, produit lainiers,..).

A. N. M.

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