Mesures prises au profit des médias nationaux : La grande réforme !

Abdelmadjid Tebboune

Photo : D. R.

Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a annoncé ce dimanche, une série de mesures visant à soutenir les médias nationaux, à l’occasion de la Journée nationale de la presse. Les professionnels de la presse qui apprécient ce «geste» prometteurs, espèrent toutefois que les «choses» vont aller en s’améliorant dans un avenir qu’ils souhaitent très proche, pour doter notre pays d’une «vraie» presse capable de relever les défis de l’heure. Les avis sont unanimes pour dire combien ces mesures sonnent comme les prémices d’un avenir meilleur, estimant qu’elles appellent d’autres mesures pour une meilleure régulation du secteur, laquelle permettra l’avènement d’une presse professionnelle et responsable qui sera au service exclusif des intérêts suprêmes de la République.

Par Lyazid Khaber

Les mesures annoncées par le Président, concernent, notamment, la réduction des tarifs d’abonnement à l’APS, la baisse de la TVA, la diminution des coûts d’hébergement des sites électroniques et des loyers à la Maison de la presse, ainsi que la révision des prix des billets d’avion pour les journalistes sportifs.

Ce sont là des gestes encourageants, certes, mais il reste encore à faire, notamment, sur le volet du développement de la presse, tant sur le plan de la ressource humaine qu’au niveau de la transparence au niveau de la gestion des différents organes de presse que des organismes publics en relation avec ce secteur stratégique. 

D’ailleurs, le Président Tebboune, dans son discours lu en son nom par le ministre de la Communication, à l’occasion de cette cérémonie, a pris le soin d’envoyer un message clair sur ses intentions qui vont dans le sens d’une révision des méthodes jusque-là utilisées, notamment dans le domaine de la publicité.

En effet, le Président qui a rappelé ses engagements inhérents au secteur de la presse, a annoncé avoir décidé de charger le ministre de la Communication et la Direction de la Communication à la Présidence de la République, d’élaborer «une étude pour la relance du Fonds d’aide à la presse» et «une approche pour réguler le marché publicitaire». 

La messe est dite !

Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, qui a pris cette décision envoie un message qui ne souffre d’aucune ambiguïté, sur sa volonté de donner un nouveau souffle au secteur en le libérant des pratique héritées de l’ancien régime, où, faut-il le rappeler, non sans regret, le népotisme et les passe-droits étaient les maitres-mots de la gestion du secteur, et particulièrement de la manne publicitaire publique détenue par l’ANEP. 

Le Président Tebboune, est ainsi le premier responsable à «oser» toucher du doigt ce problème épineux 

Il est ainsi à rappeler que cette décision intervient dans un contexte de crise financière qui affecte les médias algériens, notamment la presse écrite, confrontés à la baisse des recettes publicitaires et à la concurrence du numérique.

En effet, avec le rétrécissement drastique des budgets publicitaires des entreprises économiques et le choix porté sur les médias numériques, l’aide de l’Etat à travers les annonces institutionnelles régies exclusivement par l’ANEP (Agence nationale d’édition et de publicité), devient le seule moyen de maintenir en vie les différents titres de la presse nationale. 

En effet, le marché publicitaire a longtemps souffert du manque de transparence et de régulation, ce qui a entraîné une répartition «inéquitable» des ressources entre les différents acteurs médiatiques.

Selon une étude réalisée en 2019, le marché publicitaire algérien représentait environ 30 milliards de dinars (environ 225 millions de dollars), dont 60% sont captés par la télévision, 20% par la presse écrite, 10% par la radio et 10% par le numérique. 

Le Fonds d’aide à la presse, créé en 1990, n’a quant à lui, pas pu fonctionner en l’absence d’un cadre juridique clair qui puisse déterminer tant les objectifs que les allocations.

Ce fond avait pour objectif de soutenir les entreprises de presse et de favoriser le pluralisme médiatique, mais il a été gelé en 2014 en raison de la chute des prix du pétrole, et depuis c’est l’attente sans fin de la presse nationale, avec les conséquences que l’on connait sur son évolution.

Par conséquent, la relance du Fonds d’aide à la presse et la régulation du marché publicitaire, annoncés par le Président Tebboune, sont des mesures attendues par les professionnels du secteur, qui espèrent ainsi bénéficier d’un soutien financier et d’une meilleure visibilité.

Il est aussi important de noter que ces annonces du Président interviennent dans un contexte de renforcement de l’encadrement des médias en Algérie, avec l’adoption récente de la nouvelle loi sur l’information qui introduit de nouvelles restrictions et sanctions en cas d’infractions.

Cette loi prévoit notamment l’interdiction du financement étranger des médias, l’obligation d’accréditation pour les journalistes travaillant pour des médias étrangers, la création d’une autorité de régulation de la presse écrite et électronique, ainsi que d’un conseil d’éthique et de déontologie, ce qui renforce le cadre légal et anticipe sur les éventuels dérapages susceptible de nuire tant à la crédibilité de la presse nationale que les intérêts suprêmes de l’Etat et de la nation.

L. K.

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