La libération de l’économie nationale est une condition sine qua non pour la promotion des exportations. Les mesures de sauvegardes prises par le gouvernement pour la protection du produit «made in Algeria» sont, de ce fait, salutaires. Mais, on risque, cependant de voir des pays ciblés par les producteurs algériens, recourir à des mesures de réciprocité. C’est une problématique à prendre au sérieu par les pouvoirs publics avant que les efforts consentis pour la promotion des exportations hors hydrocarbures tombent à l’eau.
Par Akrem R.
En effet, la solution c’est d’ouvrir le marché extérieur à une concurrence loyale, a recommandé, hier, le président de l’Association nationale des opérateurs économiques algériens (ANOEA), Ismaïl Naâmane.
« Les clés de la promotion des exportations, c’est bien l’importation. Nous devons aller vers des accords équilibrés, gagnants-gagnants», a-t-il souligné, en plaidant pour l’organisation du métier de l’export à travers des cahiers des charges. C’est à travers cette démarche que les producteurs locaux vont consentir des efforts pour l’amélioration de leurs produits en qualité et prix. Une fois cette bataille gagnée en local, explique-t-il, le produit «made in bladi» pourrait désormais s’imposer dans des marchés à l’international. « On peut facilement augmenter nos exportations hors hydrocarbures à 20 milliards de dollars», estime-t-il. Pour illustrer ses propos, notre interlocuteur a rappelé les déclarations du Premier ministre, ministre des Finances, Aïmene Benabderahmane, lors de l’inauguration de la 29 éme édition de la Foire de la production algérienne (FPA), qui se poursuit à la Safex, en faisant savoir que « les mesures protectionnistes (sauvegardes) ne sont pas une solution pour la promotion du produit national». À travers cette déclaration Benabderahmane a mis le doigt sur la plaie, affirme-t-il, en relevant que son association n’a pas cessé de plaider pour sa résolution, consistant en la promotion d’un produit local issu d’une matière locale. Pour lui, l’investissement doit être rationalisé et orienté vers des filières dont notre économie à besoin. En effet, il ya nécessité de libérer et de faciliter ce créneau, notamment, pour les gens ayant les moyens financiers nécessaires, tout en orientant les investisseurs demandeurs de facilitations et d’avantages, vers des domaines bien précis. « L’Etat, avant d’accorder des facilitations et des avantages doit étudier la faisabilité du projet, en imposant des conditions sur l’utilisation de la matière première, répondre aux besoins du marché local et capacité de concurrencer des produits issu de l’importation sans protection. Actuellement, la plupart des investisseurs s’engagent à exporter 30% de leur production, mais à ce jour, personne n’a honoré cet engagement ! Il est temps de rationaliser les dépenses de l’Etat», a-t-il souligné. Notre interlocuteur a fait savoir que les mesures de sauvegardes instaurées par le gouvernant, en imposant les droits additionnels provisoires de sauvegarde (DAPS) allant de 30 à 200% sur les produits importés ont impacté négativement le produit algérien, mais aussi, le pouvoir d’achat des ménages.
Hamza Boughadi, expert en économie
« S’ouvrir sur le marché oui mais avec intelligence et rigueur »
L’expert en économie, Hamza Boughadi, a affirmé que tous les pays, y compris, les plus grands capitalistes, exercent le principe de protectionnisme, c’est-à-dire, protéger le produit local et l’encourager à se développer. Donc, face à ces demandes, dira-t-il, on doit clarifier deux points : «L’Algérie doit impérativement s’ouvrir sur les différents marchés internationaux et faciliter les flux et échanges commerciaux afin d’apporter l’expérience et le dynamisme au marché local et aux opérateurs économiques algériens, d’autre part, booster la production nationale et la mettre à niveau, pour assurer une compétitivité et une part dans les marchés mondiaux. Donc, s’ouvrir oui, mais avec intelligence et rigueur, afin d’équilibrer et améliorer le climat des affaires et tonifier la production nationale ainsi qu’ inciter les producteurs locaux à se conformer et à veiller sur une offre équitable, question qualité et prix», a-t-il détaillé. Et en dernier, avant de parler d’exportation, il faut d’abord couvrir le marché local qui est encore loin d’être autonome, et savoir quoi produire, afin d’épargner de grandes sommes déboursés dans des produits qu’on peut rapidement produire, conclut-il.
A. R.