L’Algérie veut renforcer sa coopération avec son voisinage, à l’instar de la Mauritanie. C’est dans ce cadre que s’inscrit la visite de deux jours du Premier ministre Aïmene Benabderhamane, entamée depuis hier mardi à Nouakchott.
Par Akrem R.
Accompagné d’une importante délégation ministérielle, le Premier ministre présidera, avec son homologue mauritanien, les travaux de la 19e session de la Grande commission mixte de coopération algéro-mauritanienne qui se tiendra aujourd’hui à Nouakchott, a indiqué un communiqué des services du Premier ministre.
Il a sera accompagné par les ministres de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement du territoire, Brahim Merad, de la Justice, Garde des Sceaux, Abderrachid Tabbi, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Kamel Bidari, de la Formation et de l’Enseignement professionnels, Yacine Merabi, des Travaux publics, de l’Hydraulique et des Infrastructures de base, Lakhdar Rakhroukh, de la Pêche et des Productions halieutiques, Hichem Sofiane Salaouatchi. Des secteurs auxquels les deux pays aspirent à donner une nouvelle dynamique de coopération entre les deux pays. Ces deux dernières années, rappelle-t-on, l’Algérie, et dans le cadre de sa nouvelle stratégie, accorde une importance particulière à la coopération Sud-Sud.
Pour l’expert en économie, Abderrahmane Hadef, cette visite intervient dans le cadre du renforcement du niveau de partenariat entre les deux pays qui connait une vraie redynamisation ces deux dernières années. «Cette réunion serait déjà l’occasion pour faire un point de situation et d’évaluation sur ce qui a été convenu lors de la précédente réunion. Aussi permettra-t-elle de discuter et de traiter des contraintes rencontrées durant cette période», souligne-t-il.
Dernières retouches au projet routier Tindouf-Zouerate
Sur le plan opérationnel, ajoute-il, il serait question de discuter de l’état d’avancement du projet de réalisation du tronçon routier reliant Tindouf à Zouerate (Mauritanie), sur une distance de près de 800 km et qui sera réalisé par Algérie. Il s’agit d’un projet structurant, dira notre intervenant, qui va permettre de booster le développement socioéconomique dans cette région mais surtout, créer un couloir économique entre les deux pays ce qui engendrera de vraies retombées économiques sur toute la région et au-delà.
Un mémorandum sur le projet a été signé entre les deux parties, et dont la réalisation sera confiée à des entreprises algériennes. C’est une première, d’ailleurs, pour nos entreprises activant dans ce domaine, à l’instar de Consider. Cette réalisation dont le montant financier n’est pas encore fixé sera un pas vers l’internationalisation et l’exportation des services par l’Algérie.
Le projet dont le financement et le suivi sont assurés par l’Etat algérien représenté par l’Agence algérienne de Coopération internationale, devrait permettre d’augmenter, graduellement, le volume de coopération économique algéro-mauritanienne, ce qui permettra de réaliser une dynamique économique en sus du développement des zones frontalières entre les deux pays.
Le droit de gestion de la route, après sa réalisation, sera confié à la partie algérienne pour une durée de dix (10) ans après son entrée en service, renouvelable implicitement. Outre la réalisation de cette route, les deux pays se préparent pour l’entrée en service d’une Zone de libre échange.
Aller à la conquête de l’Afrique de l’Ouest
En effet, à travers cette nouvelle vision l’Algérie affiche clairement ses ambitions d’aller à la conquête de parts de marché en Afrique de l’Ouest, estimés à des centaines de milliards de dollars. Le renforcement de la coopération avec le voisin mauritanien ne peut être que bénéfique pour les deux pays, notamment pour l’Algérie, en phase de diversification de son économie.
Outre la création de la zone de libre-échange, Alger et Nouakchott avaient convenu de l’organisation permanente de foires économiques et commerciales à Nouakchott et de l’encouragement des opérateurs économiques des deux pays à vendre leurs produits dans les marchés algérien et mauritanien.
La réalisation de cette route revêt pour la partie mauritanienne, une importance stratégique et géopolitique, car elle place ce pays au cœur des deux corridors (Le Caire-Dakar) et (Alger-Dakar) et lui permet d’avoir une liaison routière avec trois Etats maghrébins (Algérie, Tunisie et Libye), ce qui s’inscrit, ainsi, dans le cadre des démarches intenses que déploie l’Algérie en vue d’aller vers un Maghreb relié à tous les niveaux.
Des orientations, rappelle-t-on, ont été données dans ce sens par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune pour son Exécutif afin d’activer les relais de notre diplomatie économique, notamment dans les pays de la région.
D’ailleurs, après la création dela zone de libre-échange avec la Mauritanie, l’Algérie est en pourparlers avec le Niger, un autre pays stratégique, pour renforcer nos relations économiques et la création d’une autre zone de libre-échange. Idem avec la Libye et le Mali.
Pour cela, l’Algérie a besoin de mettre en place toutes les conditions juridiques, techniques et surtout logistiques, pour donner une nouvelle dynamique et un nouvel élan pour les échanges avec les pays voisins, et pour un prolongement dans la région de l’Afrique de l’Ouest.
A. R.