Le marché national des assurances a poursuivi sa trajectoire de croissance au premier semestre 2025, enregistrant une hausse globale de 8,1%, selon le rapport semestriel publié par la Commission de supervision des assurances (CSA). Toutes activités confondues, le secteur a généré un chiffre d’affaires de 99,3 milliards de dinars à fin juin 2025, contre 91,9 milliards à la même période de 2024. Cette progression confirme la reprise de la dynamique économique nationale et la montée en puissance de l’assurance comme levier de couverture et de financement des risques.
Synthèse Nadia B.
Les assurances de dommages conservent leur prédominance, représentant 81,1 % du chiffre d’affaires total, soit plus de 80 milliards de dinars.
Les assurances de personnes, en revanche, poursuivent leur croissance soutenue et atteignent 12,2 % de part de marché, confirmant leur rôle émergent dans la protection sociale et la prévoyance.
Le rapport souligne également la progression des acceptations internationales, qui contribuent à hauteur de 6,2 % à la production globale, soit un volume de 6,2 milliards de dinars, en hausse de 5,2 % par rapport à 2024.
Takaful : une activité en expansion
L’assurance islamique Takaful continue de se développer et gagne en visibilité. Au 30 juin 2025, les contributions collectées ont atteint 500,8 millions de dinars, réparties entre 264,6 millions de dinars pour le Takaful Général et 236,2 millions de dinars pour le Takaful Familial, pour un total de 42 300 contrats souscrits.
Cette dynamique témoigne de l’intérêt croissant du public pour les produits conformes à la finance participative, ainsi que des efforts d’innovation des compagnies agréées dans ce domaine.
Selon le même rapport, la branche automobile demeure la plus importante du marché, représentant près de la moitié de la production totale. Les primes émises au titre de cette activité ont enregistré une progression modérée, due à la stabilité du parc roulant et à la maîtrise des tarifs appliqués.
La CSA note toutefois une amélioration de la gestion des sinistres et un effort accru des compagnies en matière de prévention routière.
Des branches en nette reprise : incendie, construction et risques industriels
Les branches incendie et risques divers, construction et multirisque industrielle enregistrent des évolutions remarquables, portées par la reprise des investissements et des chantiers.
La multirisque industrielle et la construction progressent respectivement de 6 à 9 %, reflétant la relance des programmes publics et la demande accrue de garanties pour les projets structurants. Le segment des assurances de personnes confirme son potentiel de croissance durable.
Son chiffre d’affaires a progressé de manière significative grâce à la montée de l’assurance santé, des produits de groupe et des formules de prévoyance collective. Les compagnies privées s’imposent comme un moteur d’innovation, représentant près de 45 % du portefeuille de ce segment.
Plusieurs acteurs publics, notamment CAAR Vie, SAA Vie et Trust Algérie Vie, investissent également dans la digitalisation des souscriptions et la création de produits adaptés aux besoins des entreprises et des familles.
Une sinistralité globalement maîtrisée
Le montant des sinistres réglés s’élève à environ 41,8 milliards de dinars, en hausse de 2,3 % par rapport à 2024.
La branche automobile demeure la principale source de sinistralité, représentant près de 70 % des indemnisations, mais la tendance reste stable grâce à une meilleure gestion du risque et à la rigueur du contrôle interne.
Le secteur public conserve une position dominante avec environ 67 % de parts de marché, principalement à travers les compagnies CAAR, SAA et CASH.
Les opérateurs privés, quant à eux, poursuivent leur progression, notamment dans les produits de santé, de vie et de retraite. Leur approche plus flexible et leur orientation vers le numérique leur permettent de gagner du terrain.
Le maillage territorial du marché s’élargit avec la création de nouvelles agences, l’augmentation du nombre de courtiers agréés et l’essor des canaux numériques.
Les plateformes en ligne de gestion des contrats et de déclaration de sinistres facilitent désormais l’accès à l’assurance, y compris dans les wilayas du Sud et des Hauts Plateaux.
Vers un cadre plus moderne et transparent
La révision du Code des assurances se poursuit, visant à moderniser le cadre juridique et à introduire de nouveaux produits, notamment dans les domaines de la micro-assurance, du numérique et de la couverture des catastrophes naturelles.
La CSA travaille également à la création d’un Fonds national de garantie des catastrophes naturelles, à la mise en place d’un registre électronique des contrats et à la généralisation de la signature électronique. Ces réformes visent à renforcer la transparence, la traçabilité et la confiance dans le marché.
Selon la CSA, les résultats du premier semestre 2025 traduisent un redressement durable du secteur et la consolidation de sa contribution à l’économie nationale.
Le développement du numérique, la montée en compétence des acteurs et l’élargissement de la culture assurantielle constituent les principaux leviers de croissance à moyen terme.
«Le marché algérien reste encore sous-assuré par rapport à son potentiel réel. Il dispose de marges de progression importantes, à condition d’accélérer la réforme et de favoriser l’innovation», conclut la CSA dans son rapport.
N. B.







