Le problème de la disponibilité de liquidités se fait de plus en plus sentir en Algérie et particulièrement dans les petites villes. Si au niveau des grandes villes, un effort est déployé pour satisfaire les besoins, il n’en demeure pas moins que la crise se fait de plus en plus sentir. Il n’est pas rare de voir des personnes aller de Gab en Gab pour retirer leur argent. Un vrai parcours du combattant. Cette insuffisance notifiée par la Banque Centrale d’Algérie, fait craindre aux économistes algériens le recours à la planche à billets.
Par Réda Hadi
Ce manque de liquidités, en effet, sefait tellement sentir, que certains observateurs craignent le retour à la planche à billets, entamée par Ahmed Ouyahia et interrompue en mai 2019. Selon la Banque centrale, le niveau des liquidités bancaires n’était en avril 2021 que de 521 milliards de dinars, ce qui pose un sérieux problème d’insuffisance de disponibilités. Il faudrait en effet, selon des sources, au minimum le double de ce montant pour satisfaire les besoins en constante augmentation, des usagers, des banques et des chèques postaux (fonctionnaires, retraités, travailleurs des secteurs économiques et autres). Le niveau des liquidités a, de surcroît, fortement baissé, si on le compare à celui de janvier dernier. Il était, en effet, de 680 milliards de dinars en janvier 2021, ce qui était malgré tout, insuffisant.
Avec ce qui semble être le retour à la normal et de surcroît une reprise économique, le manque de liquidités pour financer la reprise inquiète les spécialistes
«Le retour inquiétant de la planche à billets est une arme à double tranchants», nous affirme Billel Aouali, économiste. «L’État algérien a fait tourner la planche à billets trois fois, depuis l’amendement de la Loi sur la monnaie et le crédit, qui a introduit le financement non conventionnel au profit du Trésor public, en novembre 2017». Pour l’économiste, «il faut le maintien de la trajectoire budgétaire, création monétaire par la Banque d’Algérie et réformes structurelles, à commencer par l’augmentation des prix de l’énergie, c’est une des solutions pour ne pas avoir recours à la planche à billets, car pour ce spécialiste «Faire tourner la planche à billets ne sert à rien».
Pour Billel Aouali, «l’utilisation de la planche à billets, ou du moins, sa forme plus moderne, se pratique encore dans de nombreux États. Entre la théorie et la pratique, peut-on utiliser la planche à billets dans la situation actuelle ? j’en doute fort, explique-t-il et de continuer de préciser sa pensée en affirmant que «concrètement, utiliser la planche à billets, c’est, comme son nom l’indique, créer de la monnaie-papier.. Son objectif premier est de soutenir l’économie. En effet, plus la production de biens et de services augmente, plus il y a besoin d’argent. À l’inverse, si la production de biens ou services diminue, l’argent a moins besoin de circuler. Pour le cas algérien, la planche à billets, dans le cadre du Covid-19, n’est pas obligatoirement une nécessite en dépit des difficultés de trésorerie. Il faut, avant tout, un plan de soutien à l’économie, et la mobilisation doit être totale pour sauver notre appareil de production, et garantir qu’il y ait le moins de faillites possible dans notre pays.» soutient-il
D’autres spécialistes soutiennent que la planche à billet, peut être une solution, car si l’État veut faire tourner l’économie de son pays, il va favoriser une plus grande impression de billets, afin d’inciter les individus à consommer. Plus d’argent disponible équivaut souvent, naturellement, à plus de dépenses. Ainsi, on tente de stimuler la croissance et l’augmentation de l’investissement.
Mais, si le planche à billet, peut effectivement solutionner cet épineux problème de disponibilité, elle a toutefois, la fâcheuse réputation de dérégler, à terme, toute la machine économique et financière, du fait qu’elle inonde le pays d’une masse monétaire qui n’a pas de contrepartie productive. Dans le cas présent, la situation sera encore plus dramatique car l’argent de la planche â billet ne servira dans sa presque totalité qu’à payer les retraites et les salaires des fonctionnaires et certaines dépenses à caractère social.
R. H.