Selon une enquête de l’ONS (Office national des statistiques), le salaire net mensuel moyen a été de 58.400 dinars dans le secteur public et de 34.100 dinars dans le privé, soit une différence de 24.400 dinars. Une différence relevée par l’ONS qui souligne que les disparités salariales entre le secteur public et privé sont dues, en partie, à l’existence de certaines entreprises publiques importantes en termes d’effectifs avec un système de rémunération avantageux. Par ailleurs, de l’avis générale des économistes, cette hausse slariale est d’un impact quasi-nul sur des prix en nette augmentation.
Par Reda Hadi
En effet, cette enquête si elle fait état d’une hausse de 2% du salaire moyen, n’en démontre pas moins, que la doctrine: «A travail égal, salaire égal», n’est plus d’actualité et est tombé en désuétude .
Le code du Travail qui avait consacré ce principe dans son article L. 3221-1, protégeait les femmes de tous excès et abus, et reflétait la réalité de l’époque. De nos jours, avec l’économie de marché et des lois qui ne concernent, désormais plus que les établissements publics, le privé à libre cours de rémunérer ses employés (hommes ou femmes), en fonction d’un système qui ne répond, généralement, à aucune logique rémunératrice d’une prestation rendue.
L’enquête démontre également que même dans les secteurs les plus rémunérateurs (extraction et finances), la différence entre public et privé est plus que conséquente, avec comme exemple, des salaires mensuels de respectivement, 107.600 dinars (public) et 61.200 dinars pour les secteurs extractifs ‘(pétrole ou mine), ceci pour la catégorie cadre .
Pour la catégorie maitrise, le salaire net moyen dans les activités extractives est de 102.600 dinars contre 37.300 dinars dans le secteur de la construction. Quant aux agents d’exécution, le salaire net moyen est de 74.500 dinars dans les industries extractives contre 24.700 dinars dans celui de la santé.
Discrimination
La différence est, donc de taille, et s’explique par le fait que «hormis quelques grands entreprises privées, le tissu de l’industrie est issu d’entreprises familiales gérées de manière familiale», selon M. Billel Aouali, économiste et consultant.
«La gestion de ces entreprises ne répond à aucune règle, si ce n’est celle édictée, par l’employeur. L’environnement est trop confus pour appliquer des règles strictes et fondamentales. En Algérie, les entreprises privées qui ont un syndicat, se comptent sur les doigts d’une seule main. Le passage de l’économie dirigiste à une économie de marché, s’est fait dans la confusion et la précipitation. Il n’ y a pas eu de garde-fous, et le privé ne s’en tient qu’à son instinct pour gérer son entreprise ? oubliant de ce fait, que même si il a créé lui-même son entreprise, celle-ci devient alors une personne morale, et il doit rendre des comptes».
Pour M. Haddad Mohamed, économiste «les 2% de hausse, ne compensent en rien ou très peu, la baisse du pouvoir d’achat, tant la hausse de pratiquement tous les produits, est importante»
Selon cet économiste, «la discrimination entre public et privé est trop forte. Si dans le public, il existe une grille de salaires fixe pour chaque emploi, chez le privé, le salaire est négocié dans le meilleurs des cas, sinon c’est à prendre ou à laisser».
Celui -ci poursuit, estimant qu’«avec un salaire moyen national de 41 000 DA, c’est insuffisant pour une famille avec 4 enfants scolarisés», et de préciser «qu’il y a urgence de faire disparaitre cette discrimination et relever les salaires en fonction de la hausse réelle des prix, et surtout combattre l’informel, lequel génère des milliers d’emplois qui échappent à tout contrôle et statistiques».
Selon l’ONS, la qualification du salarié, le secteur juridique, la taille de l’entreprise ainsi que les spécificités de rémunération sectorielles des entreprises de certains secteurs sont les éléments les plus discriminants du niveau des salaires.
R. H.