Le Groupement d’intérêt économique de la monétique dans son dernier bilan annuel, a indiqué que le nombre de cartes interbancaires en circulation a augmenté de 20% au terme de l’année 2021 par rapport à 2020, pour atteindre 11,6 millions de cartes. Soit, une hausse de 20,67%, selon la même source. Le nombre global des cartes interbancaires devrait dépasser les 16 millions à l’horizon 2024, dont 13 millions de cartes Edahabia, d’après les prévisions du GIE Monétique. Pour autant, l’e-paiement n ‘arrive, toujours pas à décoller
Par Réda Hadi
Selon le Groupement d’intérêt économique de la monétique (GIE), il est constaté une croissance annuelle remarquable pour le paiement par internet qui a atteint 70,25 % par rapport à 2020 en matière de nombre de transactions et 106,07% en matière de valeur des transactions. Cependant, le GIE Monétique précise que ces chiffres restent «en deçà des moyens et des capacités engagés dans le domaine du paiement par internet par les acteurs de la place monétique interbancaire».
Des observateurs au fait de ce dossier, soulignent que les «Algériens sont à la traîne dans l’utilisation des fintech (la technologie financière), alors que, de plus en plus d’opérateurs économiques sont séduits par l’utilisation des services proposés par ce mode de paiement «sans couture». Intégrer l’utilisation du paiement électronique dans les habitudes des consommateurs et fournisseurs algériens devient inévitable et indispensable pour accélérer la transition vers les nouveaux moyens de paiement.
Billel Aouali, économiste et consultant, assure, en effet, que «la force du « e-paiement, c’est la stabilité de la connexion internet, la confiance des gens et surtout un système bancaire qui répond aux exigences. Or, chez nous, rien de ces 3 conditions ne sont constantes. Je vous cite l ‘exemple d’un Algérien qui travaille dans un pays arabe et qui trouve des difficultés de liquidités dans ses déplacements. Sachant que nos banques ne fonctionnent pas comme les banques du monde, il a dû recourir à des astuces, comme celle de remettre son argent à un commerçant pour le récupérer à Alger ou par le biais de quelqu’un de confiance»
L ‘expert souligne aussi, que «les gens ne font pas trop confiance à ce genre de paiement, étant sûr qu‘il n’est pas sécurisé. Pour peu qu’ils veuillent retirer un peu d’‘argent, ils devront consulter, au moins, 3 GAB (Guichet automatique de billet), à cause des coupures internet ou du manque de liquidité. Comment voulez-vous que les gens aient confiance, alors que pour la plus simple des opérations, ils rencontrent des problèmes ?».
De plus, l‘expert s’interroge : «Qu’en est-il des détenteurs de comptes devises et qui recourent au e-paiement? Certains confient que les agios bancaires sont très élevés et poussent plutôt les opérateurs à ouvrir des comptes à l’étranger où ils peuvent aisément faire des opérations à moindre frais».
Pour M. Haddad Mohamed, la hausse des transactions financières ne reflète pas la réalité, car les chiffres de comparaison sont en deçà de la réalité du terrain. Avec le confinement, les commandes ont explosé et continuent de l‘être, mais le paiement se fait en cash à la livraison».
Billel Aouali, justifie, pour sa part : «En Algérie, ce mode de paiement moderne butte, toujours, sur la faible adhésion des clients et des commerçants, méfiants quant à l’efficacité et la sécurisation des TPE. Cette crainte ou rejet de cette application est, également, nourrie par l’illettrisme numérique et financier dans le pays et le manque d’implication des autorités, auparavant. Mêmes intéressés par l’utilisation de cette application, les usagers restent sceptiques quant à la performance des réseaux de connexion et du débit qui demeurent problématiques. Ils craignent les blocages et les bugs qui peuvent survenir inopinément et impacter leurs transactions en ligne. En l’absence de garantie, il serait difficile de convaincre les détenteurs de carte ou de Smartphones d’adopter cette pratique».
R. H.