Le secteur de l’assurance en Algérie traverse une phase de transformation, caractérisée par des réformes importantes, une diversification de ses produits et une volonté affirmée de renforcer son impact économique. Youcef Benmicia, président de l’union algérienne des sociétés d’assurance et de réassurance (UAR) et PDG de la société nationale d’assurance (SAA), a fait, hier, un état des lieux du marché tout en partageant sa vision pour l’avenir. Entre croissance mesurée, défis organisationnels et opportunités, les perspectives semblent prometteuses pour le secteur.
Par Houria Mosbah
Le marché de l’assurance en Algérie se e marché de l’assurance en Algérie se veut ouvert et concurrentiel. En
effet depuis 1995, la libéralisation du secteur a permis l’émergence de compagnies privées et étrangères. effet depuis 1995, la libéralisation du secteur a permis l’émergence de compagnies privées et étrangères. Aujourd’hui, on compte 25 compagnies d’assurance et de réassurance, incluant des acteurs publics, privés, étrangers et mixtes.
Ces entreprises opèrent à travers un vaste réseau de 3 200 agences, comprenant 1200 agences directes, 2 000 agents agréés, 700 agences bancaires et 60 courtiers.
Cette structuration a contribué à une croissance du chiffre d’affaires, passant de 137 milliards de dinars en 2020 à 163 milliards de dinars fin 2023, avec une progression annuelle moyenne de 5 %. Pour 2024, une hausse de 4,2 % est attendue.
Cependant, malgré cette dynamique, l’Algérie affiche un taux de pénétration des assurances inférieur à 1 % du PIB, soit environ 0,5 %, un niveau comparable à l’Égypte et au Nigeria, mais inférieur à la Tunisie (plus de 2 %).
De plus, la densité d’assurance, qui mesure la dépense moyenne par habitant, reste limitée à 27 dollars par an, contre 31 dollars en Tunisie et 8 dollars au Nigeria.
«Les chiffres que j’ai mentionnés montrent le potentiel important du marché algérien, notamment en matière d’assurance des risques individuels», souligne M. Benmicia, lors d’une intervention à la radio nationale.
Les défis structurels et la nécessité de réformes
Si la faible pénétration du marché s’explique par des raisons économiques et sociales (pouvoir d’achat, organisation du secteur), le manque de culture de l’assurance joue aussi un rôle majeur. «Il est primordial de diffuser la culture de l’assurance à travers la sensibilisation et l’éducation», insiste M. Benmicia.
L’un des défis majeurs est l’adaptation du cadre législatif et réglementaire pour améliorer l’attractivité et la compétitivité du marché. Un projet de loi est d’ailleurs en cours de préparation et a été présenté lors du dernier conseil des ministres.
Le Président de la République a d’ailleurs souligné l’importance de cet enrichissement législatif, incitant les assureurs à investir davantage et à créer leurs propres banques en Algérie.
En parallèle, la structure du marché évolue. L’assurance automobile, historiquement dominante, partage désormais la première place avec l’assurance multirisque, illustrant un changement notable dans les besoins des assurés. «Il est essentiel d’intensifier la sensibilisation, la formation et de proposer des produits simples mais adaptés aux besoins des citoyens», affirme M. Benmicia.
Innovation et stratégies pour soutenir les grands projets
Pour accompagner la dynamique économique nationale, le secteur des assurances doit se moderniser et s’adapter aux grands projets structurants (infrastructures, énergie, mines). Cela passe notamment par le développement des assurances techniques, qui couvrent les différentes phases des chantiers, du transport des équipements jusqu’à la réception finale.
Un autre enjeu clé est la réduction de la dépendance à la réassurance internationale. Actuellement, les grandes infrastructures, comme celles de Sonatrach, nécessitent des couvertures d’une ampleur que les compagnies locales ne peuvent pas assumer seules. « Aucune compagnie d’assurance, même à l’échelle internationale, ne pourrait à elle seule couvrir ces projets », explique M. Benmicia.
Pour limiter la fuite des devises, l’accent est mis sur la coassurance, un mécanisme permettant de mutualiser les capacités des assureurs nationaux et ainsi renforcer la couverture des risques en Algérie.
Enfin, l’ouverture du marché aux capitaux étrangers pourrait être un levier stratégique. Sur les 25 compagnies, environ 9 sont étrangères ou mixtes, preuve d’un intérêt pour l’investissement en Algérie. L’amélioration du cadre juridique pourrait encore renforcer cette attractivité.
Le secteur des assurances en Algérie est à un tournant. Malgré son potentiel de croissance, il reste freiné par des défis structurels et réglementaires. Avec des réformes appropriées, une meilleure sensibilisation et une modernisation de son offre, le secteur de l’assurance pourrait devenir un acteur clé du développement économique du pays.
H. M.