Le secteur de l’artisanat est un véritable créneau pourvoyeur de postes d’emploi. Toutefois, actuellement, il est le parent pauvre de l’économie nationale. Les artisans de la poterie, de la confection, de la dinanderie et autres, font face à d’énormes difficultés et peinent à se faire une place sur le marché local, et ce, en dépit du soutien de l’Etat.
Par Akrem R.
L’artisanat en Algérie est toujours à la traine et le produit «made in bladi» ne trouve pas preneur, à cause de l’absence d’une véritable politique pour sa promotion, de créativité et compétitivité. Les produits de l’importation, notamment de Chine, ont imposé une concurrence rude à ceux nationaux. D’ailleurs, beaucoup de ces métiers sont en voie de disparition, nécessitant l’intervention de l’Etat pour les sauvegarder. Conscient de cette réalité, le gouvernement, y a consacré tout un chapitre dans son Plan d’action, visant la diversification de l’économie nationale, activant, pour ce faire, tous les leviers de croissance, dont celui de l’Artisanat.
A cet effet, les pouvoirs publics visent à promouvoir l’industrie artisanale, à travers l’amélioration de la qualité du produit, la promotion de la créativité et de l’innovation et la lutte contre la contrefaçon, outre, le soutien à la formation au profit des artisans, des jeunes entrepreneurs et des groupes professionnels. A cet effet, des objectifs sont déjà fixés : faire de l’artisanat une activité génératrice de richesses et de développement durable, avec à la clé, la création de près de 40 000 nouveaux postes d’emploi permanents par an, a déclaré à l’APS, le directeur général de l’artisanat au ministère du Tourisme, Kamel Eddine Bouaam. A noter qu’entre 2020 et 2021, le secteur a contribué à la création de plus de 110.000 postes d’emploi, portant le nombre total à 1.110.172 postes, actuellement. Le nombre d’artisans enregistrés s’élève à 417.000 au niveau national, dont plus de 31.000 inscrits, enregistrés en 2021. C’est dire, que la volonté politique est bel et bien affichée par le gouvernement. Mais quelle stratégie à mettre en place pour garantir la pérennité de ces métiers et emplois, notamment, durant cette conjoncture difficile marquée par le manque des financements, le déclin de l’activité commerciale et la concurrence des produits de l’importation ? L’expert en économie, Ishak Kherchi, à ce propos, plaide, d’abord, pour la sauvegarde des entreprises et des postes existants, déjà, dans ce domaine de l’artisanat avant de penser à la création de nouveaux emplois. En effet, le gouvernement est appelé, en premier lieu, dira-t-il, d’apporter l’aide nécessaire aux artisans et micro-entreprises en difficulté; d’effectuer un rééchelonnement de la dette de ces entreprises, le report du paiement des charges fiscales et parafiscales et enfin, leur octroyer des crédits bonifiés pour la relance des activités à l’arrêt. « Ces mesures sont susceptibles de préserver le tissu existant, tout en permettant au secteur de devenir un véritable pourvoyeur de richesses, de valeur ajoutée et d’emplois », a souligné, M. Kherchi.
En second lieu, l’intervenant a qualifié le Plan d’action du gouvernement concernant ce secteur, de « bonne chose », mais le mettre en application sera meilleur. Le véritable défi pour l’Exécutif, c’est dans la mise en œuvre de son programme, nécessitant une évaluation permanente.
En effet, afin de hisser l’artisanat aux objectifs tracés, il est nécessaire de lancer un vaste plan de communication pour la promotion des produits de l’artisanat national. Actuellement, cet aspect est pratiquement absent, déplore notre interlocuteur, appelant, également, à l’intensification et à la multiplication des foires et lieux de vente, pour que les produits «made in algeria», soient plus visibles sur le marché local.
Ainsi, il a recommandé la promotion de nos produits d’artisanat à l’international, au profit desquels, chacun de nos ambassadeurs à travers le mode, devra organiser au moins une exposition/an, afin de les faire connaitre dans ces pays. « La diplomatie économique a un rôle important dans la promotion de nos produits à l’international. On doit, impérativement, saisir des événements d’envergure, à l’instar d’Expo Dubaï, et les prochains Jeux méditerranéens d’Oran 2022, pour faire la promotion et la commercialisation des produits artisanaux, à l’intérieur du pays ou à l’étranger», conclut-il.
A. R.