Le commerce des pétards est strictement interdit, et pourtant, comme à chaque Mawloud Ennaboui, fleurissent partout sur le territoire national, des étals de fortune proposant des produits pyrotechniques qui vont du simple feu d’artifice, à la bombe la plus dangereuse. Ni la crise économique et encore moins la crise sanitaire, n’ont eu raison de ce business illégal mais très rentable. Rien qu’à Alger, de «Djemaa Lihoud», à El Harrach en passant par Bach-Djarah, et jusqu’aux confins de la wilaya, ces produits, pourtant illicites, sont proposés librement à la vente, au su et au vu de tout le monde.
Par Réda Hadi
Comme tous les ans, à la veille de la fête du Mawloud Ennaboui, des quantités importantes de produits pyrotechniques envahissent les rues dans toutes les contrées du pays. À cette traditionnelle fête, s’accommode fidèlement la vente des pièces d’artifice de détonation, pourtant interdite par les pouvoirs publics. En dépit des promesses de l’administration des douanes de durcir le contrôle afin d’interdire l’introduction des pétards et autres charges explosives sur le marché national, les citoyens continuent de s’en approvisionner copieusement pour la circonstance. Certains en sont même arrivés à constituer des stocks pour les utiliser lors des matchs de football ou des mariages.
Réglementer au lieu d’interdire?
Le citoyen lambda accuse, pour sa part, les services des douanes de manquer à leur mission. Pourtant, ces mêmes services interceptent des quantités énormes de ce trafic. Si les quantités ont baissé, les pétards restent tout de même disponibles et suivent une courbe amendée dans leurs prix, du fait de ces saisies.
El Hadj Tahar Boulenouar, président de l’Anca (Association des commerçants et artisans algériens), émet une suggestion intéressante et affirme que «depuis 1963, tout produit pyrotechnique est interdit en Algérie. Que ce soit pour la vente, l’importation ou la fabrication. Or, ces produits existent sur le marché. Depuis des années l’Anca propose sa règlementation sur le marché »
Pour le président de l’Anca, il ne faut pas interdire cette activité, mais la règlementer» et de préciser sa pensée en disant que «si c’est interdit, la douane tolère certaines livraisons qui sont censées représenter le moins de danger. Elles tiennent compte de la circonstance du Mawloud, des fêtes et des matchs. Pourquoi interdire alors ? Il faut procéder à un contrôle rigoureux et légal, et connaitre, ainsi, les quantités importées. La marchandise serait alors vendue dans des lieux distincts et connus par avance»
Pour le président de l’Anca cela permettra aussi de soustraire cette branche à l’informel.
Il faut préciser aussi, que cette activité illégale attire beaucoup de jeunes, particulièrement les adolescents en mal d’être et qui se justifient par le besoin d’aider la famille, prétendant n’avoir pas d’autres ressources.
Reste que ce créneau demeure, aux yeux des importateurs, très juteux. Selon des sources, pour un conteneur de pétards d’une valeur de 2 millions de DA, les profits réalisés peuvent atteindre les 28 millions de DA…
R. H.