La décision de l’Opep + de desserrer un peu les vannes n’a pas désarçonné les investisseurs, et le prix du pétrole, s’est, contre toute attente, légèrement amélioré. Les prix ont donc grimpé ce weekend après la décision par les membres de l’OPEP+ de réduire leurs coupes de production de brut, mais seulement à compter du mois de mai et progressivement, et ceci en augmentant le niveau actuel de production de 350 000 barils par jour au mois de mai et de 450.000 en juillet. Pour les producteurs (petits ou grands), «c’est une bouffée d’oxygène, pour peu que cette décision soit respectée», affirment des experts algériens.
Par Reda Hadi
Cette décision qui a surpris le marché dans un premier temps, vu que les attentes initiales des investisseurs étaient que l’Opep+ n’allait pas oser accroître sa production en mai, n’a pas eu, pour autant, d’impact négatif sur les cours. Les prix n’ont pas fléchi du fait que cette organisation, a montré aussi, sa confiance en la reprise mondiale.
Pour M. Ait Cherif Kamel, expert international en économie d’Energie «l’impact positif, n’est pas aussi grand qu’on voudrait nous le faire croire, quoique cela reste, évidemment un plus pour nos rentrées en devises », nous a-t-il dit. Pour cet expert, cette décision correspond plus aux vœux des pays producteurs de renflouer un peu leurs caisses, quel que soit leur niveau de production. Le problème reste, évidemment, le maintien ou non de cette décision. Les cours ne pourront rester stables à ce niveau, que si les pays producteurs maintiennent leurs quotas».
En effet, « fixer les seuils de production en ces temps de pandémie est un vrai casse-tête, et augmenter la production avant une reprise de la demande risque d’entraîner une baisse des prix. Mais conserver des niveaux de production bas prive les États de revenus à un moment où ils en ont cruellement besoin.» souligne l’expert.
En fait, la décision prise semble ménager les différents courants au sein de l’Opep + des plus prudents – l’Arabie Saoudite – aux tenants d’une reprise plus agressive de la production – la Russie, notamment, soulignent des analystes.
Il faut savoir aussi, qu’en préambule à la réunion, le ministre de l’Énergie saoudien, Abdelaziz ben Salmane, a salué les progrès des campagnes de vaccination aux États-Unis et au Royaume-Uni, mais a également souligné que, dans la zone euro, les taux de contamination continuaient à augmenter
«Naviguer dans ces conditions, alors que différents scénarios sont à l’œuvre dans différentes régions du monde, requiert une main ferme sur la barre du navire», a ajouté le ministre saoudien, cité par Associated Press (AP).
L’Opep+ est- elle en mesure de résister aux pressions des Etats Unis qui ne cachent pas son hostilité aux prix actuels qui risquent de ralentir sa croissance. En effet et selon la chaine américaine NBC Jennifer Granholm, s’est entretenue avec son homologue saoudien par téléphone avant la réunion, pour réaffirmer «l’importance de la coopération internationale pour assurer des ressources énergétiques fiables et bon marché pour les consommateurs ». Or la seule façon de maintenir des prix bas, à l’heure actuelle, est d’augmenter la production.
Mais le numéro d’équilibriste de l’Arabie Saoudite pourrait coûter cher au cartel, avertit le Wall Street Journal. Plusieurs clients de l’Opep, notamment l’Inde, souhaiteraient eux aussi que les vannes soient rouvertes plus largement et pourraient se tourner vers d’autres producteurs de pétrole, hors Opep.
Et c’est là toute l’inquiétude de Kamel Ait Cherif, quant au respect des quotas.
R. H.