Depuis l’annonce faite par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, mardi soir, lors d’une rencontre avec les représentants de presse nationale, les bureaux de l’Anem ne désemplissent pas. De longues files d’attente se constituent des premières heures de la journée devant ces agences d’emploi.
Par Akrem R.
Le ministre du travail, de l’Emploi et de Sécurité Sociale, Youcef Chorfa a fait savoir dans ce cadre que cette allocation chômage sera attribuée à tout Algérien âgé entre 19 à 40 ans avec ou sans diplôme, en situation de demandeur d’emploi pour la première fois (disponible pour le travail), résidant en Algérie, ne possédant aucun revenu, non bénéficiaire d’une aide de l’Etat dans le cadre de son dispositif pour la création d’entreprise et justification de la situation vis-à-vis le Service National.
Cette dernière est une condition sine qua non pour la nomination du demandeur d’emploi dans un poste permanant, a affirmé Chorfa qui s’exprimait hier lors de son passage au Forum de la radio. L’application de ces conditions d’éligibilités va certainement barrer la route à beaucoup de jeunes et autres demandeurs d’emplois. En effet, les femmes mariées en situation de recherche d’un emploi seront exclues de la liste des bénéficiaires. Une décision qualifiée d’ «injuste» par certains. En outre, le département de Chorfa compte sur la numérisation et l’interconnexion entre les différents organismes ayant un lien avec le monde du travail (Cnas, Casnos, CNR et CNRC) et également les chambres d’artisanat et d’agriculture pour débusquer les «fraudeurs». Toutefois, les acteurs de l’économie informelle échapperont à tout contrôle au moins durant ces 6 mois premiers de l’entrée en vigueur de l’allocation chômage.
L’inscription via internet est possible
Pour le ministre, les procédures d’inscriptions au niveau des agences de l’emploi à travers le pays sont simples, ne nécessitant aucun dossier et possibles, même via internet. Le demandeur d’emploi peut souscrire, via la plateforme numérique «Wassit Online», et ce, en évitant les déplacements et les longues files d’attente devant les bureaux de l’ANEM. « Chaque jeune demandeur d’emploi pourra souscrire à distance via la plateforme ‘’Wassit Online’’. Une fois l’inscription faite, un rendez-vous sera fixé à partir du vendredi 25 février, via la plateforme « Minha», pour la validation de l’inscription», explique-t-il, tout en rassurant que même ceux qui s’inscriront le 31 mars prochain vont bénéficier de cette allocation. C’est un message rassurant pour les jeunes sans emploi.
Il est à noter que depuis l’annonce faite par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, mardi soir, lors d’une rencontre avec les représentants de presse nationale, les bureaux de l’Anem ne désemplissent pas. De longues files d’attente se constituent dès premières heures de la journée devant ces agences d’emploi.
Afin de faire face à cette situation, le ministre du Travail, Youcef Chorfa a annoncé que des mesures ont été prises dans ce sens, en procédant à l’aménagement des horaires d’ouverture des bureaux de l’ANEM jusqu’à 18h, y compris les samedi. « Nous sommes également prêts à la réouverture des bureaux même les vendredi pour répondre à cette forte demande et être fin prêt au versement de l’allocation chômage comme prévu dès le 28 mars prochain», a-t-il rassuré.
Le ministre Chorfa a, en outre, indiqué que le bénéficiaire de cette allocation chômage sera soumis à un engagement, à savoir qu’il ne pourra refuser deux offres d’emplois, outre, d’effectuer une courte formation dans un domaine précis. «Le demandeur d’emploi doit répondre présent à toute convocation de l’ANEM pour l’actualisation de sa situation. S’il refuse deux offres d’emploi où d’effectuer une formation, l’allocation chômage lui sera retirée», précise le ministre, en rassurant que les attributions financières pour cette allocation sont d’ores et déjà mobilisées et qu’il n’y a pas d’inquiétude sur cet aspect. Une évaluation annuelle sera effectuée, dira le ministre, pour cette allocation. « Nous allons consentir tous nos efforts pour la création de nouveaux postes d’emploi.
C’est notre principale préoccupation. Un programme de relance économique est déjà en cours d’exécution et avec l’unification des mécanismes de création d’entreprises, notamment, les domaines de l’agriculture, l’industrie et services, il y aura absorbation du chômage», souligne- t-il.
A. R.
Ishak Kherchi, expert en économie : «Le gouvernement veut stimuler la croissance par la consommation»
Des décisions importantes ont été prises par le gouvernement, en faveur des chômeurs, notamment. L’attribution d’une allocation chômage mensuelle d’une valeur de 13 000 DA contribuera, certainement, à une prise en charge de cette catégorie de la société, tout en allégeant la pression sur le budget familial. C’est du moins ce que l’expert en économie, Ishak Kherchi affirme. À travers cette nouvelle démarche, dira-t-il, le gouvernement veut stimuler la croissance par la consommation qui se trouve à son plus bas niveau durant ces trois dernières années. La crise financière et également la pandémie du Coronavirus ayant frappé de plein fouet l’Algérie, ont eu un impact néfaste sur l’économie nationale, d’une manière générale et sur le consommateur en particulier. La flambée générale des prix des produits de large consommation qui a généré une inflation galopante et la perte de milliers d’emplois, ont fait entrer le pays dans une situation difficile, et dont l’intervention de l’Etat était plus que nécessaire, détaille-t-il. Notre intervenant a estimé que l’allocation chômage ne sera que bénéfique pour les Algériens, tant sur le plan social qu’économique. « Cette allocation va stimuler la consommation, qui est un des leviers de la croissance. Ces 13 000 DA ne seront pas thésaurisés, mais seront déboursés. Ceci dynamisera le circuit économique (consommation, production et création de nouveaux postes d’emploi)», affirme-t-il. Sur un autre registre, l’enseignant universitaire a estimé que même l’attribution de cette allocation aux acteurs de l’informel n’est pas «catastrophique», du fait que ces derniers participent d’une manière ou d’une autre à l’activité commerciale, en couvrant une partie de cette nouvelle masse monétaire en circulation. «Tant que le marché de production informel est toujours là, il n’y aura aucune crainte. La masse monétaire en plus, sera absorbée par la production des activités de l’économie informelle. Cette allocation chômage n’aura pas d’impact sur les prix, contrairement à ce que certains économistes prédisent», conclut-il.
Propos recueillis par A. R.