L’Algérie affiche ses ambitions africaines. Lors de la 4e édition de la Foire commerciale intra-africaine (IATF 2025) qui se poursuit à Alger, les entreprises algériennes (publiques et privées), au nombre de 200, ont multiplié leurs rencontres avec leurs homologues africains dans le but de décrocher des contrats et de renforcer leurs partenariats.
Par Akrem R.
C’est d’ailleurs l’objectif phare des entreprises algériennes à cette foire continentale, ayant drainé une participation record, avec plus de 2000 exposants et 35 000 visiteurs attendus. Ce rendez-vous économique grandiose est donc une opportunité pour nouer des partenariats et aller à la conquête du marché africain, d’autant que le «made in Algeria» est conforme aux normes internationales et surtout compétitif.
Les premiers contrats viennent d’être signés, confirmant ainsi la volonté de l’Algérie de renforcer l’intégration économique africaine et d’augmenter ses exportations vers les pays de ce continent, qui sont actuellement en deçà des attentes.
Grâce à la diplomatie économique et à la présence en force lors de cette foire, des contrats d’une valeur de près de 10 milliards de dollars sont dans le viseur des pouvoirs publics, soit 10 % des contrats à parapher lors de l’IATF 2025. Selon le DG de l’Agence algérienne de la promotion de l’investissement (AAPI), Omar Rekkache, qui avait évoqué au premier début de l’IATF la possibilité de «conclure des contrats commerciaux et d’investissement ainsi que des partenariats entre des acteurs privés algériens et plusieurs pays étrangers, notamment de l’Afrique».
Il a souligné que «175 intentions de partenariat sont en cours de négociation des deux côtés et devraient se concrétiser sous forme de contrats pendant cet événement, lequel verra également l’examen de propositions de financement pour des projets étrangers en Algérie».
400 millions de dollars de contrats dans la pharma
À titre d’exemple, dans le domaine de l’industrie pharmaceutique, des contrats d’une valeur de 400 millions de dollars sont prévus lors de l’IATF 2025. Le chiffre a été révélé hier par le ministre de l’Industrie pharmaceutique, Ouacim Kouidri.
Dans une déclaration à la presse en marge de la visite des stands des entreprises opérant dans l’industrie pharmaceutique, M. Kouidri a affirmé que la participation de son secteur à l’IATF connaît un «franc succès» et devrait déboucher sur «la signature de contrats d’une valeur de 400 millions de dollars».
Pour lui, la tenue de cette foire en Algérie marque une «étape importante» pour la consolidation de la coopération intra-africaine et le renforcement des partenariats économiques dans des secteurs stratégiques comme l’industrie pharmaceutique, au regard des «capacités industrielles et scientifiques considérables dont dispose l’Algérie, lui permettant d’être un levier essentiel au service de la souveraineté sanitaire africaine», a soutenu le ministre.
Il est à rappeler que lors de cette foire, 14 sociétés pharmaceutiques, dont Saidal, y ont pris part et que chacune d’entre elles devrait signer au moins un accord, selon la directrice de la promotion de la production pharmaceutique au ministère, Imène Belabbès.
Les exportations pharmaceutiques de l’Algérie ont atteint 46 millions de dollars en 2024, contre 31 millions en 2023, principalement grâce à l’insuline, a révélé Mme Belabbès. «Ce chiffre devrait encore progresser avec les accords qui seront conclus lors de l’IATF 2025 et les prochaines vagues d’exportation, notamment dans les segments de l’oncologie et des matières premières», a-t-elle assuré.
Par ailleurs, dans le domaine industriel, deux contrats viennent d’être signés. Le premier a été scellé avant-hier samedi entre Elsewedy Electric – Algérie et une société ivoirienne pour l’exportation de câbles électriques. Selon cet accord, Elsewedy Electric – Algérie exportera vers la Côte d’Ivoire des câbles d’une valeur de 100 millions de dollars sur une période de cinq ans, soit l’équivalent de 20 millions de dollars par an.
Dans son allocution à cette occasion, M. Omar Rekkache a précisé que la signature de cet accord constitue un exemple parmi d’autres accords qui seront conclus durant l’événement, lequel devrait donner lieu à la signature de nombreuses autres conventions.
Il a réaffirmé la volonté de l’Agence d’accompagner et d’orienter les entreprises et investisseurs algériens afin de conclure le plus grand nombre possible de contrats commerciaux et d’accords d’investissement lors de cette édition.
Toujours dans le domaine industriel, un deuxième contrat vient d’être également signé entre le Groupe industriel GISB ELECTRIC, implanté à Mostaganem, avec l’entreprise SOGELUX, implantée en Côte d’Ivoire et au Sénégal, représentée par son chef d’entreprise, M. Tami Brahim.
Ce partenariat porte en effet sur la distribution et l’industrie de l’ensemble des équipements électriques sur les marchés de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) par l’Algérie, pour un montant global de 480 millions de dollars, étalé sur une période de trois ans.
«Conformément aux orientations éclairées de Son Excellence M. le Président de la République, visant à diversifier notre économie, à accélérer l’industrialisation et à renforcer notre souveraineté énergétique, nous assistons aujourd’hui à la concrétisation d’un partenariat commercial et industriel ambitieux entre GISB Electric, SOGELUX Côte d’Ivoire et SOGELUX Sénégal», a souligné KOBIBI DJILANI Bachir, directeur du Groupe industriel GISB ELECTRIC.
Ce partenariat, d’un montant global de 480 millions de dollars américains sur trois ans, porte sur la distribution des équipements électriques et industriels de GISB Electric dans l’ensemble des 14 pays membres de la CEDEAO, explique-t-il.
Il s’agit là, dira-t-il, d’une avancée stratégique de tout premier plan, qui incarne «notre volonté partagée de bâtir une Afrique énergétiquement intégrée, technologiquement performante, et résolument tournée vers un développement industriel durable».
D’autres contrats à venir…
Le groupe Condor, pour sa part, mise sur l’IATF pour élargir son réseau de partenaires et promouvoir ses nouveautés, notamment en matière de climatisation centrale, destinée aux grandes entreprises et administrations.
«Plusieurs opérateurs africains se sont rapprochés de nous pour la distribution de nos produits», a indiqué son directeur général adjoint, Mohamed Salah Daas, annonçant la signature demain lundi de six nouveaux contrats d’exportation vers l’Égypte, la Tunisie, la Libye et la Mauritanie, pour un montant global de plus de 50 millions de dollars.
Il a également fait savoir que la Côte d’Ivoire et le Sénégal se sont montrés intéressés. Condor a déjà réalisé plus de 100 millions de dollars de chiffre d’affaires à l’export sur les trois dernières années.
Dans le même esprit, Walid Begache, directeur marketing et export de l’Entreprise nationale de production de boulonnerie, coutellerie et robinetterie (BCR), a affirmé que «l’Afrique représente un marché naturel pour le made in Algeria».
La société exporte déjà vers la Mauritanie et la Tunisie et prévoit d’élargir ses débouchés à d’autres pays limitrophes. «Ces marchés restent accessibles, notre stratégie est de cibler l’Afrique et de participer à davantage de rendez-vous commerciaux internationaux», a-t-il précisé.
Pour sa part, Mohamed Boukhit, directeur commercial du holding Textile et Cuir (GETEX), a jugé que l’exportation vers les marchés africains est prometteuse, à condition de s’adapter aux besoins en qualité et standards internationaux.
GETEX, engagé dans un vaste programme de modernisation et de réouverture d’unités publiques fermées, s’oriente vers l’exportation de chaussures, maroquinerie, vêtements et tissus. «Nous répondons déjà à d’importants plans de charges au niveau national, notamment pour Sonatrach et Sonelgaz, mais nous voulons aussi nous développer à l’international», a-t-il dit.
La société Mediterranean Float Glass (MFG), filiale du groupe Cevital, partage la même ambition. Spécialisée dans le verre plat, elle se présente comme «l’unique enseigne du Maghreb et l’une des plus présentes en Afrique», selon son chargé de communication, Farid Yahi.
Son complexe industriel de Larbaa (Blida) produit différents types de verres destinés à l’automobile, à la menuiserie et à l’électroménager. Près de 70 % de sa production est exportée.
Enfin, de jeunes entreprises cherchent elles aussi à s’implanter en Afrique. C’est le cas de «Perfect Max Industry», basée à El Harrach (Alger), spécialisée dans les produits hygiéniques. D’après sa directrice marketing, Asma Razibaouene, plusieurs clients africains ont déjà exprimé leur intérêt lors de l’IATF.
Sur le plan logistique, les opérateurs ont noté une amélioration sensible des conditions d’acheminement des marchandises vers l’étranger, grâce aux efforts déployés par les autorités pour faciliter les exportations.
En effet, c’est à travers ce genre de contrats que l’Algérie renforcera son ancrage sur le marché africain, tout en contribuant à la diversification de l’économie nationale, considérée comme une nécessité absolue.
Cette même ambition est également affichée par le groupe Sonatrach lors de l’IATF. Le président-directeur général du groupe Sonatrach, Rachid Hachichi, a tenu, au siège de la direction générale du groupe, des rencontres bilatérales avec des responsables d’entreprises internationales participant à la Foire commerciale intra-africaine (IATF 2025), qui se déroule du 4 au 10 septembre à Alger, indique dimanche un communiqué du groupe.
Ces rencontres s’inscrivent dans le cadre des efforts de Sonatrach visant à renforcer la coopération africaine et à nouer des partenariats basés sur l’innovation et l’échange d’expertises, pour développer l’industrie énergétique et garantir la sécurité énergétique durable, conclut le communiqué.
A.R.







