Dans cet entretien qu’il bien voulu nous accorder, le Président-directeur général de l’Entreprise Nationale de Récupération (ENR), M. Anis Belarbi, revient sur la situation actuelle de l’entreprise, mais surtout sur les perspectives de son développement qui sont, selon lui, très prometteuses. Tablant sur un nouveau business plan ambitieux, le premier responsable de l’ENR, estime que la crise induite par la propagation du coronavirus et de ses conséquences sur l’économie du pays et des entreprises économiques, n’a pas pu freiner l’essor de l’entreprise qui, par l’expérience acquise de ses dirigeants et de leur engagement, a pu se maintenir en état de production, tout en veillant à s’inscrire en perspective de nouvelles démarches de développement de son potentiel. Entretien.
Entretien réalisé par
Lyazid Khaber
Eco Times : L’ENR, est une entreprise publique spécialisée dans le traitement et la commercialisation des déchets ferreux et non ferreux. Pouvez-vous nous la présenter davantage ?
Anis BELARBI : Effectivement, l’ENR, est une entreprise nationale faisant partie du portefeuille du groupe Imetal, présente un peu partout sur le territoire national avec onze (11) unités, dont 10 sont spécialisées dans la récupération des métaux ferreux et non ferreux, à l’instar de la ferraille compactée, les déchets de cuivre, aluminium, plomb, bronze, cuivre, inox, crasse de zinc et autres déchets inoxydables ; et une autre basée à Oran, spécialisée dans l’engineering dans le pesage et le contrôle Industriel. Conscients que nous intervenons sur un circuit de production important, nous veillons à développer tous les maillons possibles, afin de pouvoir contribuer d’une manière efficace tant à générer de la plus-value que de développer l’outil de production de nos différentes unités.
L’année 2020 étant une année éprouvante pour l’ensemble du secteur économique, pouvez-vous nous donner un aperçu sur les résultats réalisés, et l’impact qu’a eu cette crise sanitaire sur vos activités ?
Tout en tenant à rappeler que je suis arrivé à l’ENR à la mi-juin 2020, je dois également souligner, qu’à ce moment-là, j’ai dû m’adapter, moi et l’ensemble des cadres dirigeants, à une situation qu’on pourra aisément qualifier de chaotique, aussi bien du point de vue de l’efficacité commerciale avec un chiffre d’affaires dérisoire que sur le plan du management de l’entreprise caractérisé par une absence totale d’une culture managériale tant et si bien patente qu’elle n’a pas tardé à générer des conséquences néfastes sur le plan socio-économique. Toutefois, fort de la restructuration profonde que nous avons opérée et de la culture du management par objectifs que nous avons mis en place dès notre installation, je peux dire que nous avions pu quand-même remettre l’entreprise dans le chemin de la compétitivité, de la performance et de l’excellence managériale. Par conséquent, et suite aux efforts déployés, nous avons pu redresser la barre et rattraper le gap en quintuplant, au bout d’un semestre seulement, le chiffre d’affaires réalisé lors de la première partie de l’exercice, pour clôturer l’année en apothéose avec un bénéfice supérieur à celui enregistré durant l’exercice 2019. En somme, si l’année 2020 était difficile, nous pouvons largement relativiser, puisque en dépit de toutes les contrariétés dues à la crise sanitaire, nous avons pu inscrire l’entreprise sur une pointe positive. Ceci dit, les résultats enregistrés, qui auraient pu être meilleurs si ce n’était la crise sanitaire et ses répercussions, nous engagent sur une démarche ambitieuse pour l’année en cours (2021), avec au préalable la mise en place d’un plan de management qui tient compte tant des expériences passées que des objectifs à atteindre dans un avenir très proche.
Là on va vers la reprise de l’activité économique, au demeurant inéluctable, en dépit de ce qui pourra découler de cette crise sanitaire. De-là peut-on savoir comment comptez-vous, en votre qualité de manager de l’ENR, vous inscrire sur cette démarche de relance ?
La reprise économique étant souhaitée dans les meilleurs délais, mais comme nous sommes dans un circuit spécifique, à savoir la récupération, je pourrais dire que nous sommes optimistes, vu que nos fournisseurs traditionnels sont à compter parmi les grandes entreprises, notamment publiques, pourvoyeuses d’énormes quantités de déchets ferreux et non ferreux. Ceci dit, notre vision s’inscrit dans une démarche de développement de nos capacités de production. Si je dois citer certains parmi nos partenaires traditionnels, je citerais pour les produits ferreux et non ferreux, Sonatrach, l’ENTP, la SNVI et SNTF, pour ne citer que ceux-là. Pour ce qui est des équipements de pesage et de contrôle industriel, nous disposons d’un portefeuille étoffé comptant les cimenteries, entreprises portuaires, secteur agro-alimentaire, organismes environnementaux, carrières et stations de bitume, à qui nous assurons un service de qualité depuis déjà des années.
Au moment où je vous parle, nous avons déjà sentis une certaines reprise qui fait que les besoins exprimés sont en train de monter crescendo. Une tendance qui nous encourage à aller de l’avant et d’impulser une nouvelle dynamique qui permettra à l’ENR de jouer pleinement le rôle qui lui est assigné. C’est dans ce cadre d’ailleurs que nous venons de signer plusieurs contrats d’approvisionnement notamment avec nos grands clients «Algerian Qatari Steel» (AQS), TOSYALI Algérie et Sider El Hadjar. La cadence des approvisionnements va évidemment augmenter durant l’exercice 2021, puisque nous sommes actuellement en phase de négociation d’autres contrats. Conséquemment à cela, nous ne voyons pas de raison pour laquelle la reprise ne sera pas au rendez-vous cette année. Et c’est pour cette raison que nous sommes en phase de déploiement de notre business plan qui porte sur une vision innovante, intégrant de nouveaux circuits, à l’image de la transformation notamment du cuivre et des pneumatiques, pour produire du granulé plastique et de la grenaille de cuivre. Par la suite nous ambitionnons encore d’intégrer d’autres activités, telles que la câblerie et l’incinération.
Et comme tout développement passe par l’acquisition de nouvelles technologies et de nouveaux Process, nous avons signé un contrat avec le FABLAB de l’une des filiales du groupe IIMETAL, l’EPE ALRIM SPA en l’occurrence, qui est une pépinière qui fait appel à de jeunes ingénieurs locaux et des start up, qui travaillent actuellement sur la construction de deux prototypes de machines avec un taux d’intégration presque 100% algérien à généraliser sur l’ensemble de nos unités, s’il donne des résultats satisfaisants.
Si l’on comprend bien, la démarche suivie jusque-là consiste à faire de la récupération auprès des grandes entreprises industrielles seulement, alors que le gisement est plus important, si on va encore loin pour la couverture de l’ensemble du territoire national…
Il faut dire que cette situation dépend des moyens que nous avons hérités, et qui ne peuvent assurer un meilleur maillage au niveau national. Toutefois, je tiens à préciser que nous travaillons présentement sur un plan de déploiement, avec en sus l’acquisition de nouveaux moyens, notamment roulants, qui vont nous permettre de développer notre réseau, notamment au sud du pays, où se trouve le plus grands gisement des déchets ferreux et non ferreux. Quant aux petits gisements qu’on peut trouver ici et là et qui sont souvent exploités par de petits récupérateurs, nous avons opté pour l’engagement de fournisseurs ayant les moyens de faire la collecte auprès de ces derniers, sachant bien sûr que notre particularité c’est que nous travaillons sur du massif, ce qui fait que les pourvoyeurs sont généralement bien identifiés. Je tiens également à souligner que cette tâche qui nous échoit, n’est pas une chose aisée comme on pourrait le supposer, car non seulement nous faisons dans la récupération, nous sommes également sur le circuit du traitement des déchets spéciaux qu’on trouve sur certains sites qui nous sont attribués, à l’instar des raffineries de Sonatrach, à Arzew et à Skikda. Là, il n’est pas utile de rappeler que des protocoles spécifiques sont appliqués et une procédure spéciale, tant sur le plan technique que réglementaire est suivie.
C’est justement cette capacité de l’ENR à prendre en charge l’ensemble des volets inhérents à son domaine d’intervention qui fait sa force. Car, nous arrivons à réaliser des résultats parfois surprenants, tout en veillant à assurer une prise en charge du Process selon les exigences du métier et les protocoles édictés et reconnus de par le monde.
Ceci dit, nous avons tant le savoir-faire que l’ambition d’aller très loin dans la démarche tracée, et comme nous intervenons sur un circuit spécifique –même lourdement réglementé-, nous demeureront convaincus que l’avenir ne sera que prometteur.
L. K.